GOV’T MULE : Shout! (2013)

Musicians:
Warren Haynes (guitar)
Matt Abts,(drums)
Danny Louis (keyboards)
Jorgen Carlsson (basse)

Titles :

CD1
World Boss
No Reward
Whisper In Your Soul
Captured
Scared To Live
How Could Stoop So Low
Forsaken Savior
Done Got Wise
When The World Gets Small
Funny Little Tragedy
Bring On The Music

CD2
World Boss
Funny Little Tragedy
Stoop So Low
Captured
Whisper In Your Soul
Scared To Live
No Reward
Bring On The Music
Forsaken Savior
Done Got Wise
When The World Gets Small

L’activité de Gov’t Mule est surtout concentrée sur les prestations scéniques, même si en 2012, le groupe avait pris quasiment une année sabbatique pour laisser éclore les projets solos de Warren Haynes et Matt Abts.
Aussi, le nouveau CD Shout arrive dans les bacs près de quatre ans après By A Thread
Il comporte une particularité en se composant de deux CD, l’un où le quatuor joue seul, l’autre où tous les nouveaux titres sont joués avec un invité différent.

Warren Haynes aime les rencontres musicales, et très souvent, aux USA, le groupe est rejoint sur scène au hasard des tournées par des gens comme Dr John, Grace Potter ou Dave Matthews, tous invités du second CD et aussi des tas d’autres.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il semble important de préciser quelques points:
La formule power trio a disparu avec le décès du regretté Allen Woody. Depuis la musique a considérablement évolué.En effet, le groupe avec l’ajout d’un organiste, et d’un bassiste moins « présent » qu’Allen a exploré des univers musicaux plus larges comme le reggae, le rhythm'n blues, souvent avec l’apport de cuivres et surtout d’un saxo (qui lui est un... bois ! NdR.). Aussi, il est vain de chercher dans ce disque un successeur aux premiers enregistrements comme Dose ou Life Before Insanity.

En comparant les deux nouveaux CD, on remarque que si ce sont les mêmes titres, ils ne sont pas dans le même ordre et leur durée n’est jamais identique.
Pour la clarté de l’exposé, nous allons partir du CD 1, qui débute avec deux morceaux de facture classique de la Mule, avec le son caractéristique de Warren, de bons solos, mais la présence de Ben Harper sur « World Boss » n’apporte pas grand-chose, contrairement à celle de Glenn Hugues sur « No Reward ».
Par contre la voix de Grace Potter métamorphose « Whisper In Your Soul » en lui donnant un souffle puissant, un grand frisson. En passant, cette très belle fille, inconnue chez nous, est certainement la plus jolie voix du moment dans ce genre musical.

« Captured » aborde un autre aspect des influences du groupe avec des climats floydiens, pas vraiment surprenant quand on se souvient de l’implication de Warren et Matt dans le projet Blue Floyd, groupe à géométrie variable qui jouait les morceaux du Flamand Rose en 1999/2000.
« Scared To Live » est un morceau qui débute comme une ballade pop puis se transforme en reggae et à l’écoute des deux versions on s’aperçoit que la basse de Jorg Carlsson, jouée en médium, est moins présente, voire peu audible. C’est surtout Matt Abts par son jeu de batterie qui donne l’impulsion et marque le tempo reggae. On mesure les limites de l’exercice, avec la version guest, très nettement supérieure et qui bénéficie du chant et de la forte présence de Toots Hibert, le leader de Toots and the Maytals.
Ce qui relance le débat d’un Gov’t Mule jouant du reggae.
Pour ma part, je trouve que ce morceau avec Toots est une belle réussite mais beaucoup y sont réfractaires.
On retrouve une ambiance plus classique sur « How Could Stop So Low » qui bénéficie du support de Dr John sur le second CD, ambiance bayou certifiée et qui se rapproche du travail solo de Warren sur Man In Motion.
« Forsaken Savior » et « Done Got Wise » sont de la Mule habituelle avec les excellents chorus de Warren c’est bien mais peutêtre un peu « déjà entendu ».« When The World Gets Small » dans sa version guest bénéficie de l’apport de l’immense Stevie Winwood qui donne une profondeur à l’interprétation, alors que l’apport d’Elvis Costello sur « Funny Little Tragedy » n’est pas déterminant, ce morceau un peu simpliste est le point faible de l’album. (En plus je ne suis pas un grand fan de Costello !) «Bring On The Music » est un morceau taillé pour la scène avec des espaces permettant de longues improvisations des musiciens, la guitare de Warren a dans le solo le son du Santana de la grande époque.

Au final une excellente cuvée, avec des styles différents qui reflètent complètement l’évolution du groupe, mais bien sûr c’est en live que les nouveaux titres prendront leur place, avec les improvisations des musiciens et des invités, et ce qui rend la formation tellement attachante, tellement excitante.

Michel Bertelle