RON HACKER AND THE HACKSAWS: Filthy Animal (2013)

 

Originaire de San Francisco, RON HACKER, très jeune, fait la connaissance de YANK RACHELL (pionnier du Delta Blues et partenaire de SLEEPY JOHN ESTES) qui lui inculque l’art du Blues. Dès lors, il écumera les clubs de la
Bay Area puis participera au San Francisco Blues Festival ainsi qu’à d’autres manifestations reconnues. Il tournera également pas mal en Europe. Sa voix râpeuse, bluesy à souhait, et son style féroce de guitare slide font de
RON HACKER un incontournable du Blues contemporain.

A bientôt 70 ans, ce mec a toujours la pêche, comme en témoigne son dernier album en date. Il a opté pour une formule classique (guitare, basse, batterie) avec quelques invitées (eh oui, trois nanas… rien que ça).
A l’écoute de cette galette, on est tenté de faire le rapprochement avec GEORGE THOROGOOD, bien que le style en slide de RON HACKER soit plus fin et en même temps plus hargneux.

Ce disque fait la part belle aux Blues mid tempo chers à ELMORE JAMES : « You Gotta Move Part 1 » (sur lequel LEAH TYSEE donne de la voix), « Bad Boy » (avec une intervention de DEBBIE DAVIES à la guitare, ce qui donne lieu à un beau duel de grattes), « Evil » ou « Death Letter Blues » (qui fait un peu redite). « I’m Going Away Baby », qui rappelle le standard « You Don’t Love Me » de W. COBBS, voit RON HACKER jouer de façon classique, sans slide.
« Shotgun », un Country Jump Blues, est également exécuté sans slide, chose plutôt rare de la part de notre bonhomme. « Meet Me In The Bottom » fait penser à un morceau interprété par GEORGE THOROGOOD au début des années 90, mais ce vieux GEORGIE y mettait plus de pêche.
RON HACKER propose un Delta Blues seul en slide acoustique, « Goin’ Down To The River », tout droit échappé de la grande époque du Blues rural.

L’ombre d’ELMORE JAMES plane sur « Gonna Miss You », un Blues instrumental en slide électrique, et « Why » fait de l’œil au Chicago Blues (NANCY WRIGHT soufflant avec conviction dans son saxo). Par contre, « Someday Baby », « Champagne And Reefer » et surtout « Filthy Animal » (un slide instrumental avec solo de basse et de batterie) font relativement « remplissage ». Il faut également signaler la quasi absence de variation de tempo (à l’exception de deux ou trois titres), ce qui pourrait lasser à la longue. Mais malgré ces quelques réserves, RON HACKER fait mouche. A un âge où certains sucrent copieusement les fraises, il nous livre un album attachant et authentique.
Le Blues, ça conserve.

Olivier Aubry