ELIAS T. HÖTH: Confession With The Devil (2015)

Ce vieux brigand d’Elias sort son troisième album studio, un disque qui semble construit avec une certaine logique même si ce n’est pas un concept album. Au risque de me répéter, je pense que ce groupe ne joue pas du rock sudiste à proprement parler mais plutôt du rock/hard/blues avec des influences sudistes (surtout les solos de guitare). Bien sûr, Elias a collé la bannière aux treize étoiles sur le logo du groupe mais, à mon avis, il l’a fait pour d’autres raisons. Peut-être pour symboliser sa rébellion contre l’ordre établi ou l’imbécillité ambiante (comme le disait Ed King dans une interview en parlant du drapeau sudiste, « je n’aime pas le terme « Southern flag », je préfère celui de « rebel flag » »). Quoiqu’il en soit, sa dernière production mérite qu’on s’y attarde.

Ça commence avec « Guns n’ ammo » et son intro à la AC/DC. Le tempo s’accélère ensuite et Elias cite Alamo. Le morceau tape bien et le guitariste envoie un bon solo, mélange de hard et de « Southern » rock. « Back on the road », avec son solo bien balancé, nous conte les joies de la vie en tournée (« we drink all day and we rock n’ roll all night »). Les couplets de « Retribution », un titre mid tempo aux influences AC/DC, balancent honorablement. Par contre, les refrains laissent un peu à désirer ; le père Elias aurait pu se casser un peu plus. Cependant, l’intéressante montée d’accords du break et le solo de gratte rachètent le morceau. « Word on the street », un bon « classic rock », cartonne honnêtement et fait taper du pied. Le gratteux envoie la sauce en solo.

J’aime bien « Hi jacked » et son intro en slide. Par-dessus, on entend un déverrouillage automatique de bagnole, une portière que se ferme, l’armement d’un flingue et une grosse voix qui souffle « just drive, lady ! ». Après, on s’engage sur un bon rock-blues rapide à la manière de Dr Feelgood. Le solo d’harmonica fait mouche et le guitariste s’éclate pour notre plus grand plaisir. Si Elias choisit ce titre dans sa set list, ça fera un malheur en concert. « Never say die » témoigne d’un bel effort de composition. Les couplets sont orientés dans le style d’une « Southern ballad », puis le tempo monte et les refrains virent au hard. Le son de gratte est OK et le solo déchire. L’intro de « Sold my soul to the devil » (guitare acoustique et harmonica lointain) me fait dresser l’oreille. Ce rock-blues au tempo médium ne renie pas ses influences texanes et le guitariste balance un super solo de six cordes. Joli travail ! Après, on retourne au pays du hard rock avec les deux titres suivants. D’abord, « Dead man walking » (avec son intro en arpèges son clair dans le style de Judas Priest) qui tape dans le registre du hard mid tempo avec une guitare qui assure toujours autant. Ensuite, « Catcher in the rye » (avec une montée d’accords bien trouvée et un solo killer comme on s’en serait douté) qui nous raconte l’histoire d’un livre maudit. On ne doit absolument pas lire cet ouvrage sous peine de réveiller une entité maléfique qui a élu domicile dans des champs de seigle et qui attrapera le lecteur imprudent. Le refrain scande une mise en garde : « Don’t read « The Catcher in the rye » ».

On termine avec « Satan’s train ». Le morceau commence en blues (intro avec dobro et harmonica baveux) évoquant une fin d’après-midi torride au Texas puis s’accélère vers un rock endiablé (c’est le cas de le dire). Dois-je préciser que le gratteux fait encore des siennes ?

Elias T. Höth nous gratifie donc d’un album honnête d’où ressortent surtout quatre bons morceaux (« Hi jacked », « Never say die », « Sold my soul to the devil » et « Satan’s train »). Même la voix d’Elias, que je trouvais trop rauque sur le dernier live, passe relativement bien sur la plupart des titres.

Quant au guitariste soliste, il joue comme un dingue et envoie des solos brûlants.

D’accord, ce n’est pas le disque de l’année mais, étrangement, on se surprend à l’écouter en boucle si on a eu le malheur de le laisser dans la platine.

Cette galette serait-elle ensorcelée ?

Olivier Aubry