ELLIOTT MURPHY : Aquashow Deconstructed (2015)
Le plus parisien des chanteurs américains fait un remake de son premier album (« Aquashow ») quarante deux ans plus tard. Certains se poseront une question légitime : à quoi cela peut-il bien servir ? Elliott Murphy n’ayant plus rien à prouver, il a bien le droit de faire ce qu’il veut. Apparemment, il a souhaité réorchestrer le disque de son début de carrière avec une optique légèrement différente et le concours de son propre fils (aux commandes de la console d’enregistrement) et de son guitariste Olivier Durand (qui a aussi officié au sein de Little Bob Story à une époque). Et le résultat semble relativement intéressant. Ainsi, « Last of the rockstars » apparaît plus lent et plus dépouillé que l’original avec la guitare et l’harmonica d’Elliott et des claviers en retrait.
« How’s the family » se voit augmenté d’un violoncelle et sonne moins David Bowie que la version d’origine. Quant à « White middle class blues », ce rock/blues tape plus que l’original et est doté d’un bon solo d’harmonica et d’un dobro. Il faut noter que ces trois morceaux font toujours partie de la set liste d’Elliott Murphy quand il se produit en concert.
« Hangin’ out » sonne toujours rock californien avec son refrain mélodique et un excellent solo d’Olivier Durand flirtant avec l’esprit country.
Par rapport au disque initial, Elliott commence « Hometown » seul avec sa guitare et son harmonica et est rejoint ensuite par le groupe.
Une touche californienne décore « Graveyard scrapbook » et un effet « reverb » enrobe l’harmonica.
« Poise n’ pen » commence avec seulement un piano électrique alors que le groupe attaquait directement sur la version originale et sur « The great Gatsby », Olivier Durand reprend le thème vocal à la guitare.
Tout ça sent le bon travail et une certaine volonté artistique de la part du chanteur. Personnellement, je pense que ce disque s’adresse d’abord aux inconditionnels et aux fans d’Elliott Murphy. Cependant, il pourra aussi charmer les autres et peut-être même les faire plonger dans l’album d’origine qui a marqué les débuts de cet artiste de grand talent.
En tous cas, je suis persuadé que ceux qui connaissent bien le parcours d’Elliott seront d’accord avec moi : je ne vois là aucune démarche commerciale ni aucune motivation bassement mercantile. Il s’agit simplement d’une volonté personnelle d’Elliott qui a souhaité aborder différemment sa première création musicale avec son regard, son expérience et son âge actuels. Car si les chansons d’Elliott n’ont pas pris une ride, notre artiste a malheureusement vieilli et, par conséquent, changé.
Avec cet « Aquashow deconstructed », Elliott Murphy a donc bouclé la boucle et fait le tour de sa carrière. Ce qui ne l’empêchera pas, soyons-en sûrs, de continuer à composer de nouvelles chansons pour notre plus grand plaisir.
Olivier Aubry