ERIC
QUINCY TATE GROUP
Thirty seven (37th Anniversary Reunion Live)
Recorded 09/09/2006 at Northside Tavern, Atlanta, Georgia ( 2007 )
Musiciens:
Donnie
McCormick - drums & lead vocals /Tommy Carlisle - guitar & vocals
Wayne "Bear" Sauls - guitar / David Cantonwine - bass
Matt Walker - piano, organ & background vocals / Scott Callison- drums
Chris Uhler - percussion / Stevie Hawkins - background vocals
Titres:
1 - Brown Sugar
2 - Hit The Road Jack
3 - We're Gonna Move
4 - Chattahoochee Coochee Man
5 - Things (I Think, I Think I'll Find)
6 - Hush Hush
7 - Cherry Pie
8 - Thrill Is Gone
9 - Honky Tonk Man
10 - No Rolling Boogie
11 - Born Under A Bad Sign
12 - The Bream Are Still Billing In Ferriday
13 - Try A Little Harder
Au départ, lidée pouvait être bonne : réunir
quelques potes autour des restes de
lEric Quincy Band Group au passé glorieux et promouvoir un bon
spectacle danniversaire, puis sortir les enregistrements en CD pour
les vieux fans et les petits jeunes découvrant le groupe,
avec un répertoire comprenant des morceaux originaux et quelques reprises.
Raté !
Le disque nest pas franchement mauvais, même si Steve Hawkins
a dû sarracher les cheveux pour en faire un produit acceptable
(et au vu des images qui traînent sur Internet, il a fait un sacré
boulot !). On y trouve même au moins une révélation :
Matt Wauchope, jeune clavier venu renforcer le groupe, et dont le jeu tant
à lorgue quau piano illumine toutes les plages de ce disque.
A lui seul, il pourrait justifier lachat du CD ! Au registre des
satisfactions, on peut aussi citer David Cantonwine, le bassiste, solidement
accroché au manche de sa Gibson, qui fait des miracles pour dynamiser
la rythmique et lempêcher de séparpiller dans tous
les sens. Il profite même de l « absence »
des guitares (le comble avec trois guitaristes sur scène !) pour
nous gratifier de deux soli de basse sympathiques : un au tout début
du CD, en intro de « Brown Sugar » (non, pas celui des
Pierres !) et lautre au milieu de « Things ».
Dans ses efforts, il est parfois soutenu par Scott Callison, batteur engagé
pour maintenir le cap quand Donnie Mc Cormick fait le guignol, et à
qui lénergie apparente de « Brown Sugar »
doit beaucoup, et surtout par Tommy Carlisle, coincé malencontreusement
avec sa Strat dans un réduit derrière tout le monde, entre
batterie, percus et claviers. Notre binoclard aux moustaches de phoque se
débrouille comme il peut pour appuyer la rythmique. Il essaie même
de temps en temps dimpulser un peu de flamme à ses interventions
en solo (« Chattahoochie Coochie Man », « Hush
Hush », « No Rolling Boogie »
), et
dutiliser à bon escient le bottleneck (avec en particulier une
belle et trop brève intervention sur « Try a Little Harder »),
mais sans que ça ne puisse aller bien loin. Il se met même au
chant sur « Hush Hush », avec une voix plus grave que
son leader, et malgré tous ses efforts, il narrive pas à
en remonter le niveau.
Car une des grandes faiblesses de ce disque réside dans le chant, en
particulier celui de
Donnie Mc Cormick, le chanteur principal. Les années ont passé,
et pas en bien : la voix de fausset maintenant terriblement éraillée
et chevrotante a perdu son timbre et sa souplesse, et comme les aigus sont
devenus inaccessibles, ça fausse lamentablement, en particulier dans
« Hit the road Jack» (no more, no more !). En plus,
Donnie songe plus à faire le clown quà soccuper
de fournir une prestation propre. Face à ce désastre à
la Keith Richard en goguette, les prestations vocales aujourdhui juste
honorables dun Dickey Betts pourraient le faire passer pour Caruso,
cest dire ! Le pire, cest que le groupe ne peut pas compter
sur Tommy Carlisle pour prendre le relais : sa voix est loin dêtre
exceptionnelle et ça fausse aussi, mais dans les graves cette fois,
car si Donnie (et Aglaé !) ne peut plus monter, Tommy lui ne peut
plus descendre ! Et ce nest pas la tentative de rap/ragga dun
membre du public (!) sur « Born Under A Bad Sign » (?)
qui va pouvoir rattraper laffaire. Bref, les vocaux plombent singulièrement
la prestation.
Au titre des grosses déceptions, citons aussi un Wayne Sauls très
diminué, les yeux dans le vague : certes son jeu délicatement
jazzy a gagné en finesse, et il utilise un joli son soyeux et peu agressif,
mais il na plus du tout la flamme dantan qui la rendu célèbre,
on ne sent aucun dynamisme, aucune conviction, aucune envie de « rentrer
dans le lard ». Ses chorus inhibés coincent par manque dinspiration
(sauf peut-être sur « Chattahoochie Coochie Man »,
où il essaie de se réveiller), et il ne répond même
plus aux sollicitations de son compère Tommy pour les jeux à
deux guitares.
A côté de cela, avachi dans un coin avec une acoustique munie
dun micro de rosace (!), un guitariste inconnu gratouille vaguement
en attendant son heure, chorussant ici et là à contre temps,
pendant que le percussionniste tapote vaguement en se demandant pourquoi il
est là, et que Donnie Mc Cormick cabotine à qui mieux mieux,
jouant les entertainers (avec quelquefois une certaine réussite, car
le diable a du bagout) à la place de se consacrer à ses vocaux
et à son curieux instrument de percussion ou sa batterie, souvent « oubliée »
dans laffaire ! Lambiance dans la taverne est au beau fixe,
tout le monde fait la fête et veut participer (percussions, guitare,
vocaux
) au détriment de la cohésion et de la concentration
du groupe.
Devant ce joyeux bazar (breaks catastrophiques sans aucune concertation entre
les trois percussionnistes, et dérapages fréquents de lun
ou lautre on est très très loin de lABB !-,
chorus au petit bonheur la chance cest à toi ou à
moi, tant pis jy vais, ah non, zut, cétait à toi ?-
fins et intros non travaillées, etc
), on se demande si tout ce
petit monde a bien répété avant,
et si il ny a pas eu des arrêts trop prolongés du côté
du bar entre la balance et le concert
Ce CD est donc réservé aux inconditionnels du groupe, que la
nostalgie rendra indulgents,
car grâce à un gros travail au mixage du disque et aux efforts
de quelques uns, le résultat final, quand même fort décevant,
échappe à la catastrophe totale. Les amateurs de bons joueurs
de claviers à laffût dune découverte inattendue
y trouveront aussi leur compte. Pour le reste
Dites, M. Hawkins, vous ne pourriez pas faire un petit tour par ici ?
Si vous voulez du monde
pour votre label, je vous assure quil y a des groupes en France qui
valent le détour.
Yves Philippot