Musiciens:
Joe Pitts - guitar & vocals / Darrell Davis - guitar & vocals
Al Hagood - bass / Bryan Blankenship - drums & percussion
Titres:
1 - Franklin's Tower
2 - Sunshine
3 - Little Wing
4 - Mojo Workin'
5 - Hello Goodbye
6 - Walking The Dog
7 - High Price
8 - Thrill Is Gone
9 - Cradle To The Grave
10 - Into The Mystic
11 - Long Walk
12 - Same Thing
Dès
les notes de pochette, les quatre de lArkansas annoncent la couleur:
le CD est pour leurs fans, qui leur demandaient un enregistrement en acoustique,
et le mixage inclura tous les bruits indésirables et tous les pains
de leur prestation, afin de préserver lauthenticité de
lévénement. Bon esprit les gars ! Nallez pas
pour autant croire que ce disque nest quun ramassis dincidents
acoustiques, de désinvolture sonore et de plantades diverses, au contraire
même. Le mixage nous installe même gentiment face à la
scène : oreille gauche, la guitare de Joe Pitts, oreille droite,
celle de Darell Davis, comme ça on peut tout suivre en direct. Pas
de planqué chez Liquid Groove Mojo ! Et les musiciens peuvent
démarrer le set, qui se partage entre morceaux originaux et reprises
de standarts, nous régalant au passage de quelques prouesses.
On ouvre le feu avec « Franklins tower », qui
balance agréablement, et on enchaîne sur une ambiance plus typiquement
sudiste (« Sunshine ») avant que les lascars ne nous
estourbissent avec leur très belle version de « Little Wing »,
titre qui se prête facilement à une version acoustique
quand le talent nous porte, et cest le cas ici. « Mojo Working »
débute de façon guillerette sur une intro à la « Lay
down Sally » avant de trouver sa vitesse de croisière, puis
Joe Pitts sort son bottleneck pour « Hello Goodbye »,
longue et douloureuse ballade bluesy comme les groupes sudistes aiment à
semer le long de leurs disques comme autant de joyaux.
Réveil pour tout le monde avec le classique « Walkin
the dog », propulsé par des rythmiques gentiment funky,
avant un sympathique épisode country blues (« High Price »)
et une autre petite merveille : leur version très « cool »
mais très swinguante de léternel « Thrill is
gone », à écouter le soir au coin du feu qui crépite
dans lâtre, un bon whisky à la main, rien que pour se laisser
bercer par son doux balancement. Les deux guitaristes font assaut de notes
fluides pour nous emporter dans leur univers. Voilà une bonne piste
pour se ménager un bon moment de détente après une rude
journée. Les atmosphères se succèdent au fil des morceaux,
et leur version acoustique de « Cradle to the grave »
se distingue par sa puissance et sonne très « cossue ».
Les musiciens ont la patate, ça sentend et le traditionnel petit
passage hors-tempo sert de tremplin à la guitare acérée
de Joe Pitts. Retour au calme avec « Into the mystic »,
ballade tranquille tout en retenue et en délicatesse, avant que le
bottleneck ne vienne zébrer un « Long Walk »
à larraché et que « Same Thing »
ne clôture lalbum sur un groove souple qui a piqué quelques
déhanchements du côté de la Louisiane. Au final, sans
atteindre lahurissante maîtrise dun « Endangered
Species » (mais on nen est pas si loin), le groupe montre
là toutes ses qualités musicales sans se départir dun
louable souci dauthenticité, et se tire de lexercice avec
tous les honneurs. Liquid Groove Mojo nous offre un très bon album,
à écouter en toute décontraction en savourant quelques
pépites. Ce disque devrait trouver sa place dans toute discothèque
sudiste qui se respecte.
A conseiller vivement à tous ceux qui nont pas besoin de se faire
arracher les tympans pour apprécier les groupes du Sud.
Yves Philippot