BIG HEAD TODD & the Monsters
All The Love You Need (2007)

Titres:
01. Her Own Kinda Woman
02. Cruel Fate
03. All The Love You Need
04. Cash Box
05. Fortune Teller
06. Ever Since Ya Pulled Me Under
07. How Easy
08. Spanish Highway
09. Blue Sky
10. Silvery Moon
11. Beautiful Rain

Musiciens:
Robb Squires : Bass, Backing Vocals
Brian Nevin : Drums, Backing Vocals
Jeremy Lawton : Keyboards, Lap Steel, Backing Vocals
Todd Park Mohr : Guitar, Vocals

Presque quatre ans après le dernier album studio ("Crimes of Passion") et leur album live
("At the Fillmore"), Big Head Todd décide de révolutionner l'industrie du disque en offrant (oui, gratuitement!) aux fans inscrits sur une liste leur tout nouvel album studio au titre très "beatlesque". Cet album contient le "Blue Sky", sorti en 2005 en single, écrit à la demande des astronautes de la navette spatiale Discovery, la première mission de la navette après la catastrophe de Columbia, et plus récemment choisi comme hymne de campagne par Hillary Clinton.
D'emblée, on est assommé par le tubesque "Her Own Kinda Woman", qui dynamite vos oreilles avec son rock puissant, servi par un gros son et appuyé vigoureusement par une section de vents. L'orgue pousse, la guitare au son bien crade déchiquette, et Todd nous miaule son texte dans le tuyau de l'oreille. Rhâââ lovely! Quel morceau! Si ce titre-là ne fait pas un succès mondial,
c'est à ne plus rien comprendre!
On se prend à se demander si le reste de l'album atteint ce niveau, car là, c'est l'album de l'année. Ben pas tout à fait, un tel bonheur arrive plutôt rarement, mais il contient quand même de bien bons moments. Le groupe nous dispense ainsi de bons gros rocks qui tournent comme des horloges ("Cash Box", qui nous entraîne sur les traces bluesies de Bo Diddley, avec ce rythme si caractéristique, abandonné pour du binaire plus classique pendant les passages chantés, avec la slide de circonstance et un chouette passage avec claquements de mains, "Fortune Teller",
bien enlevé, soutenu par une guitare acoustique et qui aurait pu figurer sur un album de
Tom Petty, "Spanish Highway", nerveux, doté d'un refrain sympa et d'un bon accompagnement de guitare, "Blue Sky", sorti en single, accrocheur, puissant, au refrain mélodique, pas étonnant de le voir en meeting politique, et "Beautiful Rain", qui s'énerve après une intro puissante pour se mettre à pogoter frénétiquement, alors que la voix par contraste se pose sur des notes longues,
le tout laissant l'impression d'une chevauchée épique), des morceaux sous influence country, avec Lawton à la lap-steel ("Cruel Fate", bien rythmé, bon refrain soutenu par des choeurs bien posés, solo nerveux avec une guitare au réjouissant son toujours un peu crade, "Silvery Moon", dont le ton un peu monocorde des couplets est justifié par les paroles, mais qui séduit par un refrain mélodique et un curieux son de guitare avec tremolo sur le solo), ou sous influence plus folk-rock ("How Easy" ballade sur les éternels problèmes de couple à l'ambiance assez dylanesque, avec nappes de violons et solo final d'harmonica). Les morceaux les moins enthousiasmants seraient
à mes yeux les longues litanies, visiblement sous influence rap (calcul commercial ou penchant naturel?) : "All The Love You Need", au chant monocorde et au piano minimaliste, malgré des arpèges acoustiques agréables et un refrain sympathique, et "Ever Since Ya Pulled Me Under"
qui comporte pourtant quelques originalités comme un curieux premier solo de guitare assez alambiqué, et un solo final très "shredder", inattendu dans un tel contexte.
Pour résumer, des hauts et des bas, mais une impression globale très favorable, avec
une nette majorité de titres de qualité, et un formidable morceau ("Her Own Kinda Woman")
qui justifie à lui seul l'achat de l'album. Bon cru.

Yves Philippot-Degand