JIMMY HALL
Built Your Own Fire 2007

Titles:
1 - Still Want To Be Your Man
2 - Salty
3 - Here I Am
4 - Poor Old Me
5 - Coming After You
6 - Cover Me
7 - Build Your Own Fire
8 - It's All Wrong
9 - Watchdog
10 - What Will I Do Without You
11 - I Found a True Love
12 - Coming After You [Greg Martin Mix]
13 - Salty [Greg Martin Mix]
14 - David Hood Interview On Eddie Hinton

Personnel:
Jimmy Hall - harmonicas & vocals
Greg Martin - guitar (except tracks 2, 3 & 5)
Larry Byrom - guitar
Clayton Ivey - keyboards
David Hood - bass
Jonathan Dees – drums
Bruce Dees - vocals (track 3)
Delbert McClinton - vocals (track 1)
Kira Small - vocals (tracks 2 & 12)

Amateurs exclusifs de rock sudistes et de cavalcades de guitares, passez votre chemin. Jimmy Hall fut certes le frontman d’un groupe sudiste éminent, mais il se trouve que c’était le plus marqué de tous par l’héritage rhythm’n blues.
Et aujourd’hui, Jimmy Hall continue en solo à creuser le sillon du blues, faisant naviguer cet album entre blues ethnique marqué par J.L. Hooker et Muddy Waters (« Coming after you », beau clin d’œil au Healer), ballades et slows bluesy,
plus ou moins métissés de jazz, country ou rhythm’n blues, avec toute la panoplie des interprétations : pathétique, nostalgique, déchirée, plaintive, ou allègre (« Salty », au soyeux solo de guitare, « Cover me » plus r’n b, « It’s all wrong » dévasté, « What would I do without you » poignant, « I Found a True Love » guilleret, presqu’enjoué), blues soutenus de factures plus classiques (« Poor old me », shuffle avec slide, orgue et harmo lorgnant du côté du terrain de jeu habituel de l’ABB, « Watchdog » au balancement chaloupé simulant le désir qui monte), et bien sûr rhythm’n blues typique
(« Still Want To Be Your Man »), ou à la coloration californienne, avec une guitare un peu acide (« Build Your Own Fire »), voire même allant jusqu’au funky stratoïde (« Here I Am »).
Sur toutes les pistes, Jimmy pose un chant maîtrisé et sensible à la fois, une grosse performance de bluesman, appuyée
par les volutes de son harmonica. Derrière lui, piano électrique, orgue, et guitares souvent marquées par l’acidité d’une Telecaster à peine crunchy dansent une envoûtante sarabande sur le tapis swinguant d’un couple basse/batterie jamais lourdingue. Tenez bon votre mojo, les mecs, cet album est habité, hanté par les esprits.
Une chose étonne, cependant : sur cet album, Jimmy ne se sert que de son harmonica, alors que certains titres auraient
à mon avis tiré aussi un grand bénéfice s’il avait daigné sortir un peu son sax de son étui. Le caractère marqué de cette musique aurait facilité l’entreprise, le répertoire s’y prêtant plutôt bien à mon avis. Je suppose que cela relève d’un parti pris, afin de colorer l’album de teintes plus « roots », moins cossues. Un sax aurait-il brisé le charme ? A ce titre, d’ailleurs, les deux titres dont on nous donne aussi des versions dont le mixage est signé Greg Martin, apparaissent justement alors sous un visage un poil moins lisse, avec un son plus rauque, plus rude, plus « sale » qui leur sied ma foi assez bien.
Le charme de cet album n’est pas forcément immédiat, mais la qualité bien présente finit par avoir raison de votre faim de sucreries à consommation immédiate, et elle vous emmène doucement dans un univers contrasté, mais modelé avec un grand savoir-faire par des musiciens qui ont le blues jusqu’au fond des os, et qui vous communiquent doucement leur folie. Le poison instillé doucement finit par faire son effet. Je vous avais bien dit de ne pas lâcher votre mojo…
Yves Philippot