The
Carl Palmer Band
Live in Europe 2006 DVD
Coucou,
le revoilou ! Qui ça? Carl qui ? Connais pas !
Retour au départ, les gars ( et les filles aussi, tant qu'on y est
! ). Bon, je conçois que les Thunderbirds ne vous disent pas grand-chose
(ça date quand même d'il y a 40 ans, mais l'oiseau était
précoce et doué, très doué même), pas plus
que le Crazy World d'Arthur Brown ou même Atomic Rooster, mais ce Carl
Palmer est bien celui qui ensuite a participé pendant plus d'une décennie
à un des premiers super groupes archétypiques des années
70: Emerson, Lake and Palmer.
Habitué des réunions prestigieuses, notre batteur ( comment,
vous ne saviez pas ? Ben si, Carl Palmer est batteur, et pas des moindres
! Le guitariste, c'est Vincent
) jouera ensuite avec Asia, mais cela
revêt une moindre importance ici, car le répertoire joué
pour ce DVD est pour beaucoup issu des réussites les plus connues d'ELP.
Nous retrouverons ainsi quelques morceaux emblématiques comme "
Tarkus " ou " Fanfare of the Common Man ", mais aussi des adaptations
d'uvres classiques, dans le même esprit qu'il y a environ trente
ans. Pour cela, Carl Palmer tient à la formule du trio, mais si le
bassiste reste immuable ( Dave Marks ici présent), le troisième
larron n'est plus un pianiste comme Keith Emerson, mais un jeune guitariste
virtuose, grimaçant à souhait : Paul Bielatowicz, élevé
à l'école des shredders. Tous sont dotés d'une impressionnante
maîtrise de leur instrument respectif. Le problème est qu'aucun
d'eux ne chante (n'est pas Greg Lake qui veut), ce qui limite le répertoire
à des instrumentaux. Les seuls recours à la voix humaine sont
les présentations de morceaux que Carl Palmer vient effectuer, se déplaçant
sur le devant de la scène pour causer dans le micro.
Le DVD nous retranscrit assez fidèlement l'ambiance d'un (court !)
concert donné fin 2004 sur une scène au décor assez sinistre
de la Sport Arena de Bucarest (Roumanie), devant un public de fans enthousiastes.
Heureusement, le jeu des lumières permet de varier et d'améliorer
les ambiances.
Les musiciens sont décontractés et donnent à ce public
une bonne dose de musique complexe emplie de plans d'une haute technicité.
Assurer techniquement, c'est bien, mais l'expérience tourne toutefois
de temps en temps à la démonstration, malgré quelques
petits accrocs de Paul Bielatowicz et Carl Palmer himself. Nul n'est parfait.
Néanmoins, les musiciens se donnent avec énergie et accouchent
parfois de petits miracles, comme le morceau appelé " Guitar Medley
", en fait constitué surtout, après une introduction en
arpèges délicats, d'une adaptation très libre du Vol
du Bourdon, de Rimsky-Korsakow, et comme surtout ce formidable moment où,
en guise de solo, Dave Marks s'amuse à se balader à travers
les styles et le temps, passant du zouc aux suites pour violoncelle de Bach,
et termine avec des boucles et sa monstrueuse basse six cordes en réussissant
à faire renaître " Message in a Bottle " de Police
dans un arrangement des plus complets! Rien que pour cette curiosité
époustouflante, le DVD mérite d'être acheté. Malencontreusement,
Carl Palmer ne figure sur aucun de ces deux moments. Il a par contre droit
bien naturellement, passage obligé dans ce genre de répertoire,
à un long solo de batterie, instructif et varié, mais peu favorable
à la tenue de ses baguettes
Sinon, chacun s'emploie à faire oublier l'absence de vocaux ou le manque
de variété du format en trio, sur des morceaux qui supporteraient
sans mal un arrangement plus touffu. Malgré une certaine réussite,
cela ne plaira pas à tout le monde, et ceux que la surenchère
technique, uniquement instrumentale de surcroît, indispose pourront
utilement passer leur chemin. Pour les autres, certains moments passionnants
et le repiquage de quelques plans épineux les combleront. Ce dernier
point sera facilité par des cadrages en général opportuns
et méritant plutôt des félicitations, ce qui ne sera pas
le cas pour la qualité de l'image,
correcte mais perfectible. On a certes vu bien pire, mais c'était plus
ancien
Ce DVD s'adresse donc avant tout aux fidèles d'ELP et aux inconditionnels
du rock progressif influencé par le classique, aux amateurs de prouesses
techniques, et aux musiciens curieux de voir l'usage que peut faire un virtuose
de son instrument favori, mais il n'est pas interdit aux autres d'aller y
jeter une oreille pour se faire leur propre opinion.
Yves Philippot