PENDRAGON Past and Presence (Live, 2007)

Musiciens : Nick Barrett: vocals, guitar /
Julian Baker: saxophone, guitar, tambourine, backing vocals / John Barnfield: keyboards
Rik Carter: keyboards, backing vocals / Clive Nolan: keyboards, backing vocals
Peter Gee: bass guitar, backing vocals / Joe Crabtree: drums

Titres :
Higher Circles
The Pleasure of Hope
Leviathan
Victims of Life
Armageddon
Fly High Fall Far
Excalibur
Please
Oh Divineo
Alaska
Dark Summer's Day
Circus
The Black Knight
2AM
Stan and Ollie

Et hop, cinq mois après le tournage de leur DVD « And now everybody to the stage », retour au théâtre Stanislawa Wyspianskiego de Katowice en Pologne, qui devient l’antre du groupe, pour enregistrer à nouveau un DVD. Cette fois, pas de promotion du dernier album. On fête le 21ème anniversaire du premier album du groupe (« The Jewel ») ! Et on en profite pour rejouer live l’intégralité des morceaux de l’époque, soit le EP quatre titres « Fly High Fall Far », l’album
« The Jewel » et même un titre (« Armageddon ») datant de l’époque mais ne figurant pas dans la sélection initiale de l’album, et qui avait été réintégré dans la version CD de 2005. Seuls les morceaux joués en rappel (« 2AM », tiré de l’abum « Kowtow » de 1988 et «  Stan and Ollie »)
sont un peu plus tardifs. Le concert polonais dure environ une heure trois quarts.
Outre l’aspect historique du projet, l’intérêt de cet enregistrement en public est rehaussé par la présence sur scène, à côté des membres actuels de Pendragon que sont Nick Barrett (chant et guitare), Clive Nolan (claviers et choeurs), Peter Gee (basse, chœurs, pédales basses) et Joe Crabtree (batterie, remplaçant de Fudge Smith), des anciens musiciens à l’origine des premières compositions du groupe. Ainsi, on retrouve non seulement la formation qui a joué sur « The Jewel » (Nick Barrett, Peter Gee et Rik Carter, seul Nigel Harris, le batteur de l’époque n’a pu faire le déplacement, ce qui lui vaut une place de choix dans les bonus), mais aussi des musiciens qui étaient là lors de la formation du groupe à la fin des années soixante-dix et qui l’ont quitté avant même que celui-ci acquiert une véritable renommée (John Barnfield aux claviers et le multi instrumentiste Julian Baker). Tous sont réunis, dans la joie et une bonne humeur visible, derrière Nick Barrett, l’âme du groupe. Ce dernier pète la forme, son jeu de guitare étincelle et même sa voix s’est s’améliorée : cela faisait déjà trois ans à l’époque (le 31/10/2006) qu’il avait arrêté de fumer, et devant les multiples bénéfices recueillis depuis, il s’en affiche très heureux. Et du coup, tout le monde se met à l’unisson pour filer une sacrée patate aux titres joués.
Le DVD commence avec la formation actuelle du groupe, qui n’interprète qu’un titre (« Higher Circles »), avant que Clive Nolan ne laisse la place, de l’autre côté de la scène, à John Barnfield, qui ne participe pas aux chœurs comme ses successeurs, mais à qui il suffit de quatre morceaux pour laisser son empreinte créative à coup de mini-Moog inventif. Impressionnant. Pour « Victims of Life », il est rejoint par un autre vétéran : armé d’un tambourin, Julian Baker vient partager le chant avec Nick Barrett.
Après « Armaggedon », c’est au tour de Rik Carter de faire son entrée. Il s’installe derrière le set de claviers et les micros de Clive Nolan tandis que Nick Barrett laisse sa Strat’ (il la récupèrera pour « Oh Divineo » et la suite) pour s’emparer de sa Les Paul. On retrouve là les musiciens ayant enregistré « The Jewel », et tout continue à tourner bien rond. Cette formation est rejointe pour une très bonne version d’ « Alaska » par un Julian Baker à la guitare rythmique, armé d’une superbe quart de caisse Guild, à laquelle succèderont pour le morceau suivant (« Dark Summer’s Day ») un œuf (percussion !) et un sax ténor, dont les volutes donnent une couleur appréciable au morceau. Pour le dernier morceau du set « officiel » (« The Black Knight »), Clive Nolan reprend sa place, la boucle est bouclée, et tous les morceaux les plus anciens du groupe ont subi live un bienfaisant lifting.
Pour le premier titre du rappel, Nick Barrett laisse carrément tomber la guitare pour se produire juste avec un soutien basse/batterie/claviers (piano, même) que vient rejoindre une nouvelle fois le sax ténor de Julian Baker, et termine « 2AM » parmi les spectateurs. Pour le dernier morceau de la soirée, les trois claviers sont sur scène, Rik Carter et Clive Nolan se partageant le set en « L » de ce dernier, tandis que Julian Baker alterne entre sax et tambourin. Nick Barrett en profite pour présenter les musiciens avant d’être à son tour présenté par Peter Gee. La prestation se termine dans la fraternité et le bonheur. Smile !
Du côté des bonus, on a une interview conjointe de Nick Barrett et de John Barnfield sur les débuts du groupe, leurs influences, le choix du nom, les changements de line-up, l’enregistrement de « The Jewel », les conditions de leur réunion des années après, leur opinion sur la scène progressive contemporaine…Comme Nigel Harris n’a pas pu se libérer pour le voyage en Pologne, le DVD fait aussi la place pour trois morceaux enregistrés au Royaume-Uni trois jours avant dans un club plutôt exigu, le Riffs Bar, avec la formation qui a enregistré « The Jewel », rejointe pour le premier morceau par Julian Baker au sax. Nigel Harris doit s’extraire de la foule pour grimper sur scène et aller s’enfermer dans le coin sombre où on a réussi à caser la batterie. Les images permettent de vérifier que l’homme n’a rien perdu de ses qualités d’instrumentiste, mais pour le reste, il est clair que les images de Pologne sont bien meilleures… Egalement parmi les bonus,
une dispensable séquence du groupe en répétition, en discussion… Filmée de manière très approximative, elle permet de vérifier que l’unité et la joie affichées sur scène ne sont pas factices. Et puis des photos, l’histoire du groupe, sa discographie… le tout est livré pour… 185’ !
Deux DVD si rapprochés dans le temps, enregistrés de plus au même endroit, on aurait pu craindre le doublon, mais pas du tout. Le répertoire très différent, les interprétations efficaces des morceaux, les invités aimables, compétents et coopératifs donnent au dernier filmé sa personnalité et de très valables raisons d’intéresser les fans de rock progressif. Le son, de qualité et bien mixé, comme pour le premier DVD, offre la possibilité de Dolby Digital 5. 1 Surround Sound, les cadrages sont souvent bien vus, et on voit que quelques moyens ont été mis au service du groupe, qui en contrepartie, et toutes générations confondues, a mis du sien pour transformer le tournage en véritable réussite. Bien vu les gars !

Yves Philippot