VISA BLUE AND THE SPAM ALLSTARS Live at the Fillmore (05/06/2004)

Musiciens :
Vida Blue: / Page McConnell: keyboards, vocals / Oteil Burbridge: bass
Russel Batiste: drums

The Spam Allstars :
Andrew Yeomanson /DJ Le Spam : turntables, samplers
Mercedes Abal : flute
AJ Hill : sax
John Speck : trombone
Adam Zimmon : guitar
Tomas Diaz : timbales, vocals
Lazaro Alfonso : congas

special guest:
Sammy Figueroa : congas

Titres:
Most Evens Aren’t Planed
Ochimini
Where’s Popeyes?
Just Kissed My Baby
Russell’s Tune
Elektra Glide
Sheep
Little Miami
CJ3
Cars Trucks Buses
Pick Up the Pieces
Who’s Laughing Now? (bonus, LA 04/06/04)

Vida Blue, ce n’est pas que le groupe de Page McConnell, ni même son écurie de stock car, qui a aussi hérité de ce nom, mais à l’origine, c’est avant toute chose le nom d’un lanceur de base-ball de premier plan du début des 70’s ! Et pendant tout ce DVD nous sont diffusées des images en compétition de ce sportif de qualité, qui semble avoir marqué Page McConnell, et de temps en temps aussi, quelques images des courses de stock car. De même, le groupe qui joua ce soir au Fillmore de San Francisco est-il à l’origine deux groupes séparés : un trio mené par Page McConnell, où on retrouve l’infatigable Oteil Burbridge, qui a pourtant de quoi s’occuper entre l’ABB et sa carrière solo, et les Spam Allstars, groupe à géométrie variable, ici sous forme de sextet latino-funky, mené par le DJ Le Spam. La réunion de ces multiples talents était censée produire des étincelles. Si les afficionados de « world-jazz-rock » expérimental à tendance électrodub ( !) seront comblés par la première partie du concert, en raison des prouesses réalisées, les autres risquent de trouver bien aride l’abord de cette musique un tantinet compliquée, il faut l’avouer, malgré la compétence et quelques coups d’éclat des musiciens. De plus, le chant de Page McConnell ne vaut pas ses qualités d’instrumentiste, et il lui arrive même de fausser légèrement…
Les choses s’arrangent pour le commun des mortels quand « Vida Blue » (le groupe) se retrouve seul sur scène pour « Elektra Glide », ballade délicate en l’hommage de Vida Blue (le sportif). Ensuite, le groupe, complété par le retour d’Adam Zimmon et, hélas, DJ Le Spam, nous réserve la bonne surprise de s’attaquer à « Sheep », titre plutôt « rentre dedans » du Pink Floyd, paru pour la première fois sur l’album « Animals », en 1977, et ne s’en tire globalement pas si mal. Cela a pour conséquence de dynamiser la prestation, malgré les insupportables interventions de scratch de DJ Le Spam, qui gâchent un peu la fête à peu près à la manière dont Yoko Ono le fit pour la prestation live du Plastic Ono Band à Toronto ! Rien à faire, bien qu’on essaie par un singulier effet de mode-gadget de nous imposer dans la musique ces bruiteurs-manipulateurs souvent habiles, mais dont l’expression repose sur le travail musical des autres, ils lui font à mon avis plus de bien que de mal ! Il y a une quarantaine d’années, et sous prétexte d’expérimenter, on truffait aussi certains albums de bruits « psychédéliques » qui nous paraissent bien ridicules aujourd’hui. Comme je l’ai maintes fois entendu « Expérimenter c’est bien, mais il ne faut garder que ce qui est réussi et ne pas ennuyer le monde avec ce qui est raté! ». Et les scratches sur « Sheep », ça a beau être inédit, ça ne le fait pas. Toujours est-il que sur cette lancée, et avec le retour des autres membres des « Spam Allstars », la musique retrouve son entrain et il lui arrive même de balancer gentiment. Ouf ! Cette suite plus convaincante devrait permettre à ce DVD d’emporter le morceau auprès des jazz-rockers et des expérimentateurs fous de tout poil. Pour des oreilles nourries au classic rock, au rock sudiste, au country ou au blues, cela sera moins évident, mais si certains veulent se laisser tenter par l’aventure… Il y a toujours quelque chose de bien à découvrir avec des instrumentistes de haute volée.
Un dernier point : la luminosité peu élevée ne favorise pas la définition de l’image, qui en souffre malgré des cadrages tout à fait satisfaisants, alors que le son paraît globalement bien traité, et ce ne devait pas être chose facile en raison de la diversité instrumentale et du nombre élevé de percussions et de percussionnistes.

Yves Philippot