ALBERT
COLLINS
Live at Montreux 1992 (DVD)
Titles
1992 :
1- Iceman
2- Honey Hush
3- Lights Are On (But Nobody's Home)
4- If You Love Me Like You Say
5- Too Many Dirty Dishes
6- Put The Shoe On The Other Foot
7- Frosty
Titles
1979 :
1 - Listen Here
2 - Snatchin' It Back
3 - Cold Cold Feeling
4 - Frosty
Musiciens
1992:
Albert Collins : chant, guitare électrique
Peter Thoennes : guitare électrique
Bobby Alexis : claviers
Jon Smith : saxophone
Steve Howard : trompette
Johnny B. Gayden : basse électrique
Marty Binden : batterie
Musiciens
1979 :
Albert Collins : chant, guitare électrique
Casey Jones : batterie
Larry Burton: seconde guitare
Aron Burton : basse
A.C. Reed : sax
Ah! Albert
Collins! Incroyable, quand même ce bonhomme, non? Inimitable, avec sa
Telecaster Custom aux possibilités sonores étendues sur l'épaule
droite, son accordage "impossible" et son capodastre, son fingerpicking
exclusif et original, sa voix expressive, son amour de la scène et
son blues si particulier. Des comme ça, croyez-moi, on n'en fait plus!
La possibilité nous est offerte de le retrouver aujourd'hui en DVD
dans le cadre du célèbre Festival de Montreux (smoke on the
water
), et c'est un vrai bonheur de pouvoir regarder encore les prestations
scéniques du bonhomme.
D'emblée, il sait nous mettre à l'aise : souriant, énergique,
Albert aime la scène, et il aime le blues. Il entend bien faire partager
à l'assistance les bonnes vibrations émises par sa musique.
Dans notre fauteuil ou notre canapé, on peut participer aussi sans
réserve, car comme d'habitude les cadrages et le son restent à
Montreux des sujets soignés. Les blues de facture classique, mais bien
soutenus par un accompagnement étoffé, avec une deuxième
guitare, un orgue et deux vents, alternent les ambiances entre morceaux plutôt
entraînants et soutenus ou lents et poignants. "The Iceman"
est en réalité un performer très chaleureux, qui fait
l'effort (rare) de remercier son public en français ("Merci beaucoup"),
et qui laisse de temps en temps les coudées franches à ses partenaires
de jeu, en particulier Jon Smith, impérial au sax ténor, qui
a le privilège de pouvoir s'exprimer sur plusieurs titres, mais aussi
Peter Thoennes qui fait admirer son toucher sur Strat' ("Too Many Dirty
Dishes"), Bobby Alexis ("If You Love Me Like You Say") et même
Johnny B. Gayden pour un formidable moment en solo. A la fin du set, malgré
quelques "pêches" de vents un peu criardes qui hurlent de
façon désagréable dans les oreilles, la partie est gagnée
et Albert Collins peut profiter de ses plus de cinquante mètres de
câble (pas encore d'émetteur pour les bluesmen!) pour s'offrir
un bain de foule dans un public enthousiaste. Entre deux notes, il serre quelques
pognes, on se croirait en campagne électorale!
En plus du concert de 1992, on a le droit sur le DVD à quatre titres
du concert de 1979, ce qui permet de comparer les deux versions de "Frosty"
et de déplorer une fois de plus la disparition prématurée
de ce brillant représentant du blues, qui savait mettre le feu sur
scène et soigner avec générosité sa réelle
popularité. Vous l'aurez compris, ce DVD doit figurer en bonne place
dans la vidéothèque de tout véritable amateur de blues
qui a encore quelques moyens financiers. Le document vaut bien quelques sacrifices!
Hélas, un peu plus d'un an seulement après le concert de 1992,
toute cette vibrante énergie allait nous quitter de façon tristement
expéditive : Albert Collins, à peine sexagénaire, allait,
à l'instar d'autres musiciens très regrettés (Lee Brilleaux,
George Harrison, Duane Roland
la liste s'allonge dangereusement depuis
quelques années), payer très cher l'atmosphère enfumée
de ses soirées, qu'elles fussent d'ailleurs musicales ou non, et le
crabe maudit allait pouvoir s'emparer de manière foudroyante de ses
poumons. Heureusement, les groupes de jeunes qui veulent débuter aujourd'hui
en France dans la musique auront désormais le bonheur de pouvoir se
produire dans des atmosphères plus saines
Enfin s'ils peuvent
se produire, car de nos jours dans notre beau pays amateur d'accordéon
musette, il devient de plus en plus difficile de débuter en public,
puis de percer et de faire de la musique son métier quand on évolue
dans le domaine des musiques amplifiées. Mais c'est un autre débat,
et pour nous remonter le moral et continuer à brandir haut l'étendard
d'une musique authentique, vigoureuse et électrique, quoi de mieux
qu'une petite rasade supplémentaire du blues de Monsieur Albert Collins?
Allez, on s'en remet un petit coup!
A noter que le concert de 1992, et seulement lui, est aussi sorti en CD.
Y. Philippot-Degand