(Photos de IsaB, Laurence Degand-Philippot et Yves Philippot-Degand)
Comme chaque printemps, le temps de la transhumance arrive. Pour nous il consiste à accomplir un long périple rock'n rollien de l'ouest vers l'est de la France pour assister au Festival 70's de La Chapelle Saint Luc. Cette année, nous avons bien failli ne pas pouvoir l'effectuer : en effet les contraintes de l'organisation, et en particulier les deux week-ends prolongés de l'Ascension et de la Pentecôte plus tardifs qu'à l'accoutumée, ont obligé les organisateurs à retarder le déroulement de cette soirée au 14 juin, beaucoup plus tard que d'habitude, et surtout à une époque où bon nombre de musiciens sont réquisitionnés pour diverses Fêtes de la Musique un peu partout en France. Cela a bien failli nous arriver aussi, mais presque à la dernière minute, nous avons bénéficié d'un changement de date d'une de ces Fêtes pour nous libérer. Du coup, nous avons vu lors de cette édition moins de têtes connues parmi les lecteurs de RTJ, en particulier parmi ceux qui sont engagés dans des groupes mais fort heureusement, la renommée du Festival a pu permettre de compenser ce calendrier peu favorable, et finalement, malgré quelques arrivées tardives, le public semble dès le départ avoir répondu présent en aussi grand nombre que les années précédentes. Et ceux qui ont pu se déplacer ont eu bien raison de le faire !
La météo s'affichant durablement sous un jour favorable, les trois musiciens de Rollin' Blues délaissent la petite salle et ouvrent à l'heure dite le Festival en plein air, presque face à la buvette, et ma foi cette réminiscence de Charmont, où le groupe chargé des animations intermédiaires en acoustique opérait aussi au sein du public non loin de la buvette, a contribué à l'agrément de ce festival, les spectateurs ayant la possibilité de se restaurer tout en profitant pleinement de la musique. Les Rollin' Blues ont pu délivrer tout au long de la soirée une musique agréable, assez tranquille mais finement swinguante, aux influences soul et californiennes mâtinées quelquefois d'un zest plus funky ou plus reggae. La configuration du groupe (guitare/chant, claviers, percussion sur une boîte) permet de fournir une texture sonore complète grâce au clavier splitable autorisant à la fois accompagnement et soli à la main droite et lignes de basse à la main gauche. Très compétents, les Rollin' Blues ont parfaitement rempli leur rôle même si certains auraient aimé un peu plus de présence de la voix dans le mix.
Une vingtaine de minutes plus tard, les officiels ouvrent sur la grande scène l'édition 2014 du Festival et Lux, le groupe de Sylvain Laforge que les amateurs du Festival auraient pu connaître pour l'avoir… raté à Charmont lors de la prestation du GL Band car il était alors en tournée avec Rita Mitsouko et n'avait pas pu accompagner ce soir-là la bande de Fred et Pat, investit les planches pour un excellent show. Le rock mélodique et parfaitement en place du groupe, frôlant parfois une pop musique classieuse, comme l'illustre leur reprise du « Cinnamon Girl » de Neil Young, a charmé les spectateurs tout en offrant une entrée en matière très plaisante et pleine d'allant, dans un style différent de ce que l'organisation nous propose habituellement. Reposant sur une rythmique solide et dynamique dans laquelle les fans de Plug'n Play ont tout de suite reconnu Julien Boisseau à la basse, Lux a su faire valoir une musique séduisante où tour à tour la voix parfaitement posée d'Angela Randall, à la présence sur scène tout en retenue, très classe, et la guitare versatile de Sylvain Laforge se sont mises avec bonheur en évidence.
Au passage, les spectateurs ont pu admirer les nouveautés de la salle, avec en particulier la projection du logo du groupe en fond de scène et celle du spectacle sur le mur est de la salle, de quoi encore ajouter à l'ambiance déjà chaleureuse de l'événement.
Fort attendu par le public, Plug'n Play comprenant dans ses rangs un Julien Boisseau décidément amateur de marathons scéniques (l'an dernier il avait aussi « doublé » avec Jesus Volt, les paris sont ouverts pour l'an prochain !) démarre très fort par « Right Now », un des nouveaux titres du prochain album du groupe qui paraîtra le 10 novembre prochain. Tout de suite, on est pris par le côté remuant, rock'n roll de ce titre qui tranche avec le répertoire habituel du groupe. Fred, le chanteur, semble beaucoup plus à l'aise dans ce registre vocalement moins axé sur les graves, et le côté enlevé vient agréablement compléter le blues puissant qui a fait la réputation de Plug'n Play. Tendance confirmée avec « Time to go », une autre nouveauté qui sera dans le prochain album. La réussite incontestable des nouveaux titres augure fort bien du nouvel opus du groupe, et rend impatients tous ceux qui s'intéressent au parcours de nos Troyens : la sortie de l'album est prévue le 10 novembre prochain, cela fait encore quelques mois à attendre, et on peut se demander s'il ne marquera pas une étape importante dans l'évolution de la musique du groupe. Les nouveaux titres de la set-liste le laisseraient plutôt entendre, permettant au groupe d'offrir un éventail de styles plus élargi, avec au moins autant de réussite que la musique qui avait jusqu'ici établi leur réputation. A La Chapelle, nous fûmes sous le charme de ce Plug'n Play nouvelle manière qui ne renonce pas pour autant à ce qui fit à la fois son succès et son agrément. Nous avons ainsi pu retrouver avec plaisir quelques classiques du groupe (« No chorus », « Intro Blues », « Time to break away »…), le solo de batterie d'Eric, et ce sens de l'accueil et de la communion musicale qui permet de s'aventurer dans de sympathiques bœufs, devenus au fil des ans une tradition que l'on souhaite voir préservée encore longtemps. Cette année, Sylvain Laforge est venu ferrailler amicalement avec les duettistes Alan et Christophe pour un « Bad Penny » à trois guitares que Rory n'aurait sûrement pas renié ! Vraiment un bon moment, qui met de surcroît un peu d'inattendu dans un set par ailleurs impeccablement réglé. Continuez les gars, vous êtes dans le vrai !
Bona Fide n'ayant pu assurer le show prévu, suite à un problème de santé de leur chanteur, la lourde tâche de les remplacer au pied levé revient à la Cour Suprême de Judge Fredd. Formé de deux anciens des Studs et de Daran et les Chaises, Fredd lui-même et son complice Gilles Chevalier derrière les fûts, ce power-trio de choc, complété à la basse et au chant par Jean-Marc Palma (ex-Fool Moon), vient prêcher depuis maintenant quelques années la bonne parole du blues-rock tendance énergique, avec déjà un EP et un LP à son actif. L'occasion est belle de pouvoir admirer le Judge dans ses œuvres, bien secondé au chant par un Jean-Marc Palma dont la voix de coyote nous rappelle les plus belles heures de Foghat, et croyez-moi, ce n'est pas un défaut, loin de là. Par contre, Dieu que ça joue fort ! Le groupe déménage, ça envoie du bois comme on dit, mais aussi des décibels. Rien à dire de plus sur la prestation, si ce n'est son professionnalisme et son énergie jamais démentie, et le public le leur fera d'ailleurs savoir en les acclamant alors que le groupe termine en trombe son set avec une reprise d'AC/DC qui réjouit toute l'assistance.
Après une dernière pause dans le jardin à profiter des notes des Rollin' Blues, le moment est arrivé d'aller se confronter avec l'univers des Quireboys. Drôles d'enfants de chœur, mais c'est du style qui nous plaît ! Leur rock'n roll bluesy fortement teinté par des influences allant des Faces aux Guns'n Roses, Spike continuant à cultiver son look de pirate des Caraïbes, a rapidement convaincu la salle. Soutenus par la rythmique implacable des frères Mailing où se distingue particulièrement le bassiste Nick, épais comme une allumette mais qui assène de formidables lignes uniquement au médiator, les « anciens » du groupe, plutôt en forme, ont offert des versions sympathiques de leurs principaux titres, parmi lesquels une version assez sudiste dans l'esprit de leur célèbre « Heartbreaker ». A côté d'un Guy Griffin plutôt concentré et très incisif, Spike, Paul Guerin et Keith Weir ont tenu la scène de façon bonhomme et souriante, visiblement heureux de l'accueil qui leur était réservé, et le groupe nous a fait passé au final un très bon moment, clôturant de digne manière ce Festival 2014 encore une fois très réussi dont il faut à nouveau souligner l'impeccable organisation.
Vivement 2015, que nous puissions encore une fois participer à la transhumance rock !
Y. Philippot-Degand
Set-liste Plug'n Play :
Right now
Time to go
No chorus
Take me out
Intro Blues
November
Limo
Show me the way
Bad penny (avec Sylvain Laforge)
Time to break away
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