Riff West est mort dans la nuit du 19 novembre 2014. Ce nom n’évoquera sans doute rien au commun des mortels mais pour nous, « Southern Rockers », il signifie beaucoup. Né en 1950 à Corpus Christi au Texas, Riff a grandi dans différents états, son officier de marine de paternel déménageant tous les deux ans. Cela n’empêche pas la « Wild West Family » (qu’il remerciera dans les « special thanks » des albums de Molly Hatchet) d’être très unie. Très jeune, il a été fasciné par les Beatles, notamment par Paul McCartney. Par la suite, sa famille se fixant en Floride, il a pratiqué la basse sans relâche (tout en travaillant comme maître nageur en été) et s’est taillé une solide réputation sur la scène musicale d’Orlando. Il a joué au sein de plusieurs groupes locaux (dont White Witch). Il a rejoint Molly Hatchet en 1981, juste après la réalisation de l’album « Take no prisoners» (il a d’ailleurs participé à la tournée qui a suivi), et il martelé sa quatre cordes au sein de ce « southern band » mythique jusqu’en 1990. Il a accompagné son pote Danny Joe Brown jusqu’au bout de l’aventure et au bout de sa maladie. Il a organisé un concert de soutien en sa faveur afin de récolter des fonds pour les frais d’hôpitaux (« Jammin’ for D J B »). Il l’a soutenu jusqu’à la fin, ce qui en dit long sur les principes et la valeur morale du bonhomme. Il a tenu la basse au sein du groupe Foghat de 1991 à 1993. Amoureux des animaux, il a produit un album pour lever des fonds en leur faveur (« Animal magnetism ») avec la participation d’artistes de renom : Linda Rondstadt, Edgard Winter (le frère de Johnny), Linda McCartney, Chrissie Hynde (The Pretenders), Jimi Jamison (chanteur du groupe Target, ayant fait les chœurs sur certains albums de Molly Hatchet), Steve Morse et Pat Travers. Rien que ça! Il a tout naturellement rejoint les rangs du Gator Country Band quand les anciens musicos de la vieille Molly (à l’exception de Dave Hlubek) ont décidé de rempiler. Comme s’il n’était pas assez occupé, il a organisé un concert annuel de soutien aux animaux (une fois, il a même eu comme invité Ritchie Blackmore qui a joué deux morceaux).
Sur le plan personnel, Riff semble ne jamais avoir commis d’excès. Végétarien, faisant attention à sa nourriture, il n’a jamais touché aux drogues ou à l’alcool (d’après le témoignage de son entourage). Ses proches disaient aussi que ses amis, humains et animaux, pouvaient toujours compter sur lui. D’ailleurs, un gars qui n’hésite pas à bloquer la circulation afin de sauver un chien blessé, errant sur l’autoroute, ne peut être qu’une bonne personne.
Quant à ses talents musicaux, il n’y a qu’à écouter la ligne de basse de « Fall of the Peacemakers » pour être fixé. Jouant avec les doigts et sans posséder des instruments hors de prix, Riff a toujours balancé un son de basse solide, mélodique et efficace. Un son à son image. Ceux qui ont eu la chance de le voir à la Mutualité en 1983 et à l’Elysée Montmartre en 1990 sauront de quoi je parle. Un mec capable de virevolter sur scène tout en martelant les cordes de Mi et de La de la main droite et en saluant le public de la main gauche est assurément un grand musicien. En concert, Riff renvoyait l’image d’un type heureux de jouer. Il balançait son corps au rythme de la musique et il souriait. Il souriait au public, aux membres du groupe, aux roadies qu’il essayait de coincer sur scène. Il souriait tout seul. Il souriait ! Jamais je n’oublierai quand, avec un clin d’œil complice, il nous a montrés du doigt, mes potes et moi, à la Mutualité en 1983 (il nous a d’ailleurs salués plusieurs fois ce soir là). Se baladant tranquillement le long de la scène avec sa tête d’Apache rusé et son sourire malin, faisant cracher le feu à sa basse obsédante, il nous donnait l’impression d’être un vieux copain venu nous rendre visite.
Même chose, même attitude sept années plus tard à l’Elysée Montmartre, avec sa coupe ébouriffée de hard rocker du début des années 90. Même son de basse pêchu, même professionnalisme, même bonheur de jouer. Et toujours sa complicité avec le public. Un salut par ici, un clin d’œil par là. Tout ça en jouant comme un fou. Un vrai seigneur de la quatre cordes !
Il y a une quinzaine de mois environ, Riff a été impliqué dans un grave accident de voiture. L’airbag n’a fait son boulot qu’à moitié. Il a absorbé le choc mais a explosé en même temps ; et Riff a inhalé les produits toxiques contenus à l’intérieur.
Depuis, Riff souffrait de beaucoup de problèmes de santé, notamment des difficultés à respirer. Mais, aux dires de ses proches, son sourire n’a jamais quitté ses lèvres. Le soir du 19 novembre, il s’est endormi. Il ne s’est pas réveillé. Il avait 64 ans.
Maintenant qu’il est parti, que dire de plus ? Quand j’ai appris sa mort, j’ai immédiatement ressorti les photos que j’avais prises à l’Elysée Montmartre, puis j’ai regardé le Rock n’ Roll Tonite Show de 1983 consacré à Molly Hatchet. Il n’y a pas à dire, quel artiste ! C’est idiot mais, sans l’avoir connu personnellement, j’ai l’impression d’avoir perdu un vieux pote. Il n’a jamais connu la gloire étincelante des superstars mais il passé sa vie à assouvir sa passion : la musique.
Beaucoup ne peuvent pas en dire autant.
Alors, so long Mister Bassman! Salue Danny Joe de ma part!
Olivier Aubry
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