TEDESCHI TRUCKS BAND A L'Olympia 2 avril 2019.
Article par OLIVIER CARLE.
Photos par Gilles Gauthier.
De nouveau en mode découverte en cette soirée d'avril car je vais enfin voir sur scène le groupe de Susan Tedeschi et Derek Trucks dont on dit le plus grand bien depuis quelques années. C'est le cadre somptueux de l'Olympia qui a été choisi pour ce passage à Paris et c'est une excellente nouvelle...
Pas de première partie pour ce concert puisque les Américains ont pour habitude de jouer entre 2 heures et demie et 3 heures, un peu à l'instar du Allman Brothers Band dont Derek a fait partie dans une autre vie ! Le groupe est composé de 12 musiciens dont trois vents, deux batteurs, trois choristes, un bassiste et un clavier. Tous sont « la crème de la crème » dans leur domaine respectif et on va avoir droit à une soirée de très haut niveau musicalement parlant. Pas d’esbroufe sur scène et pas d'ego non plus dans la mesure où tous les musiciens auront leur heure de gloire et du fait que Susan et Derek se fondent dans le groupe de la plus remarquable des façons. Même Mr Trucks ne vient jamais au devant de la scène pour ses soli, se contentant de rester auprès du bassiste ou de faire quelques pas vers les batteurs et les choristes.
Pour le premier set, on attaque avec un très groovy « Don't Know What It Means » de l'excellent album de 2016 « Let Me Get By ». Bonne entrée en matière avec une Susan très en voix et les vents tout en finesse. On enchaîne avec une reprise des Box Tops, « The Letter », un vrai plaisir de redécouvrir cette petite pépite de 1967, sublimée en son temps par Joe Cocker. Les chœurs sont très présents dans ce titre et on perçoit déjà que nos 3 choristes , Mike, Mark et Alecia ont des capacités vocales fantastiques. Retour ensuite en 2013, à l'album « Made Up Mind », avec le superbe « Do I Look Worried » qui permet à Susan de pousser sa voix et à Derek de décocher un solo de derrière les fagots qui laisse le public pantois. Ce guitariste est tout bonnement exceptionnel et on comprend que l’ABB ou Clapton n'aient pas hésité à l'enrôler ! Il ne s'arrêtera d'ailleurs pas en si bon chemin avec sa prestation à la slide guitare sur le gospellisant « Just As Strange ». Petite incursion ensuite dans la country avec la reprise de Willie Nelson « Somebody Pick Up My Pieces », magnifique ballade bourrée de feeling et d'émotion, et une envolée très claptonienne de Derek... Décidément la set-liste est vraiment bien choisie ce soir à l'Olympia. Et ça se confirme avec la présence du « Down In The Flood » de Bob Dylan et son ambiance swamp rock à la Tony Joe White magnifiée par Mike Mattison et sa voix rocailleuse totalement adaptée à ce morceau... Certainement un des meilleurs moments de ce concert ! Et maintenant c'est le blues rock qui est à l'honneur avec « How Blue Can You Get », un morceau de 1949 popularisé par B.B.King dans les années 60. Susan en profite pour prendre le solo de guitare et je dois dire qu'elle n'a rien à envier à son guitariste de mari ! Passage obligé par le nouvel album « Signs » avec le morceau qui l'ouvre « Signs, High Times », un mid-tempo fort efficace à mi-chemin entre Aretha Franklin et Tina Turner ! Avant l'entracte, on aura droit à un « Let Me Get By » de l'album du même nom qui rappelle que le TTB est d'abord et avant tout un « jam band » dans la lignée du ABB ou du Grateful Dead avec une large part donnée à l'improvisation des musiciens, notamment l'orgue Hammond sur ce morceau...
Après 20 minutes de pause, les 12 musiciens reviennent sur la scène de l'Olympia pour un clin d'oeil au groupe de Gregg Allman avec un « Statesboro Blues » d'anthologie. Susan le chante merveilleusement bien et la guitare de Derek s'envole vers des contrées insoupçonnées... Grand moment là encore. La tension redescend un peu avec un « Part of Me » très rafraîchissant avant la magnifique ballade du dernier album « When Will I Begin » merveilleusement servie par le travail d'orfèvre des trois choristes. Retour ensuite à la « soul music » avec « I Want More » de 2016, un morceau bourré d'énergie positive... Dommage que le décès récent de Kofi Burbridge nous prive de son traditionnel solo de flûte mais on a alors une pensée émue pour ce musicien disparu trop tôt. On retrouve l'esprit ABB dans le titre « Leavin' Trunk » dont la version de ce soir ressemble fort à celle du Live « From The Fox Oakland » de 2017 que je recommande vivement à qui veut découvrir la magie et la puissance du TTB. Mike reprend le chant principal, Derek assure le riff lancinant et le solo de wah-wah de Susan illumine ce morceau fascinant que le groupe enchaîne au « Volunteered Slavery » avec des interventions déjantées des vents, un véritable feu d'artifice de près de 15 minutes. Inoubliable ! « Shame » nous ramène au dernier album pour un moment de grâce infinie qui s'achève sur un long solo très « zappaïen » de Derek. TTB ne pouvait pas faire l'impasse sur leur « tube » « Midnight In Harlem » qui avait fait le succès de leur premier album « Revelator ». Il est vrai que ce titre est toujours un vrai bonheur sur scène dont on ne se lasse pas ! Le groupe l'enchaîne comme sur l'album de 2011 à « Bound For Glory », un petit bijou Americana, avant de quitter la scène devant un public parisien qui s'est levé comme un seul homme et qui réclame un rappel. Celui-ci prendra la forme d'un classique de la « Southern soul » des 60's de Mr Joe Tex, « Show Me », avant de partir dans une jam toujours aussi impressionnante.
Après 2h40 de concert, on en aurait bien volontiers repris encore une bonne lampée mais cette tournée européenne du TTB ne fait que commencer et le groupe est attendu sur d'autres illustres scènes. En tous cas, cette prestation à l'Olympia fera sans aucun doute partie de mes meilleurs concerts de l'année 2019 !
Merci à Yazid...
Olivier CARLE
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