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Interview de Christophe Marquilly
Par P. Archambeau et Y. Philippot-Degand

RTJ : Bonjour CHRISTOPHE, merci de nous accorder cette interview pour « The Road to Jacksonville » webzine consacré au rock sudiste.Tout d’abord Christophe, j’aimerais que tu te présentes pour nos lecteurs, où es-tu né
et comment as-tu découvert la musique ?

Christophe Marquilly : Christophe Marquilly, né le 25-03-55 à Lille. J’ai découvert la musique via les radios de l'époque, radios pirates où passaient les Stones, Led Zep’, Deep Purple, bref les grands de l'époque.

RTJ : Quand tu as débuté, quelles étaient tes premières influences ? Quel groupe ou artiste écoutais- tu ?

Christophe Marquilly : J'écoutais tous les groupes rock de l'époque et le choc c'était la découverte de Gallagher avec son groupe Taste et bien sûr ZZ Top, là j'étais scotché !

RTJ : Jouer de la guitare est-il ton premier choix, ou as-tu essayé d'autres instruments auparavant, on pense à l'harmonica avec lequel tu fais mieux que te débrouiller ?

Christophe Marquilly : La guitare bien sûr, j'étais subjugué par l'instrument et ma première guitare me fut offerte
à 5 ans. Je m'y suis mis vraiment sérieusement à 13 ans par là... L'harmonica, ce n’est pas très difficile, ça met une belle couleur : le son se marie bien avec la râpe...

RTJ : Peux-tu pour nos lecteurs rappeler les débuts de Stocks ? Comment le groupe s’est formé ?

Christophe Marquilly : Stocks a été créé dans les années 78 par là, avec plein de concerts dans le Nord et les maisons de jeunes, ça bougeait beaucoup à l'époque. Avec Franck Seinave à la batterie et Gérard Mullier à la basse (hélas décédé), c'était la meilleure formation de Stocks de loin !

RTJ : Dans les années 80, Stocks a traversé l’Atlantique pour jouer aux U.S.A., comment cela s’est-il passé ?

Christophe Marquilly : Tourner aux US c'était magique, c'est le pays du rock et donc j'étais vraiment dans le bon pays, ça fait drôle quand on revient au pays des fromages... C'est pas la même planète, no comment. Bref, le public américain est très musicien et sait reconnaitre et respecter les gens qui savent jouer. Bref, ils ont l'oreille, eux...

RTJ : Stocks a joué au Stade France en première partie de Johnny Halliday, comment avez-vous obtenu cette opportunité, et comment était-ce ?

Christophe Marquilly : Première de Johnny, c'est suite à un concert donné à la Boule Noire devant Camus le manager de J. H. qui a tout de suite craqué et nous a proposé l'ouverture sur tous les stades en 2003. Grosse impression de jouer 18 fois devant 60 000 personnes et Johnny est un mec très sympa.

RTJ : Avec les ans, et malgré une longue éclipse discographique d'une dizaine d'années, comment as-tu pris conscience d'être une véritable référence durable pour à la fois des tas de musiciens amateurs et d'amateurs de musique français ?

Christophe Marquilly : Je ne sais pas si je suis une référence vu mon peu de notoriété, disons que je ne caresse pas les médias non plus... Mais il est vrai que j'ai des commentaires de gens après mes concerts qui sont très encourageants c'est pourquoi j'ai décidé de continuer même si parfois c'est vraiment dur...

RTJ : 2013 voit donc un nouveau disque arriver (« Absurde »), peux-tu nous dire où tu l’as enregistré, et comment ?

Christophe Marquilly : Absurde est mon meilleur album, pour moi bien produit et avec des chansons assez bien faites je trouve. J’ai fait ça à Roubaix avec un ingé son talentueux dans un super studio pas trop gros mais avec du super matos... Fait en un mois avec des zicos extérieurs de grand talent.

RTJ : Les textes semblent avoir une vraie importance dont on s'aperçoit dès le titre « L’empire du Je »,
peux-tu nous dire ce que signifie cette chanson pour toi ?

Christophe Marquilly : Les textes sont devenus importants car en français il faut faire swinguer et dire des choses. C'est un lourd chantier car je n'écris pas facilement, faut que ça vienne des tripes. L'empire du "je" est un clin d'œil sur la prétention masculine et sa petitesse dans l'univers, c'est à dire qu'on n’est rien au final. Le pognon, le pouvoir sont, au crépuscule d'une vie, complètement dérisoires et avant le grand saut on se dit : merde, qu'ai-je fait de ma vie ?...

RTJ : Comment t’es venu le titre de « Là-Bas », un superbe country blues ? Que signifie-t-il ?

Christophe Marquilly : « Là-bas » c'est les US, les grands espaces, les bars rock, bref toute l'imagerie qu'on a de ce pays et c'est "là-bas" que je trouve mes ressources au travers du blues et rock.

RTJ : « Jeremiah » parle d’un trappeur immortalisé au cinéma par Robert Redford, peux-tu nous dire en plus ?

Christophe Marquilly : C'est un film culte et Robert Redford est magique dans ce rôle de trappeur (le mec a existé, c'était John  Johnson). Je me suis dit « Allez, fais une song comme une musique de film », voilà.

RTJ : Est-ce une ode à la nature ?

Christophe Marquilly : Oui, j’adore la nature, je pêche et je chasse, n'en déplaise aux écolos de la ville qui cueillent les fraises dans les arbres ! Sans chasseur il n'y a plus de gibier ...paradoxalement.

RTJ : « Stetson blues », qui figurait sur le premier album live du groupe, nous rappelle les grandes heures de Stocks, et nous renvoie à un univers « topien », humour compris. Es-tu très à l’aise dans cet univers ?

Christophe Marquilly : « Stetson blues » est un hommage à ZZ mais le feeling est « Marquilly-zien » !
Je voulais le même feeling que ces grands messieurs, suis assez content du résultat.

RTJ : « Andalusia Dream » est un acoustique latino, d’où t’es venu cette envie d’enregistrer ce titre ? Joues-tu souvent acoustique ?

Christophe Marquilly : Andalousia dream conclue l'album en douceur avec un style de guitare différent, c'est pour montrer mon éclectisme dans le jeu de guitare, mais modestement car dans ce style il y a vraiment des pointures.

RTJ : Bien que les ambiances soient très différentes, l'instrumental de ZZ Top « Asleep in the desert »
t'a-t-il aidé à te lancer dans l'élaboration d'un tel morceau ?

Christophe Marquilly : Non je n'ai pas pensé à « Asleep in the desert » pour ce titre. Il est vrai que le son cordes nylon amène des ambiances particulières que j'aime beaucoup.

RTJ : Ce genre de style musical aux influences latines semble assez prisé par les musiciens influencés par le blues (on se rappelle du « Dame la Mano » des Truckers, ou de l'univers de Willy de Ville), qu'en est-il pour toi, et est-ce un penchant récent, une envie ponctuelle ou un intérêt de longue date ?

Christophe Marquilly : Non c'est juste une incursion dans des grilles d'accords plus riches qui permettent de jouer plus large en gamme, on sort de la pentatonique ! ça demande une certaine technique et de l'oreille !

RTJ : Qu’est ce qui t’a donné envie de reprendre « Ça me fait tout drôle » qui nous vient de l’album live de Stocks ?

Christophe Marquilly : « ça m’fait tout drôle » groove fort je trouve. Il fallait une deuxième chance,
c'est vraiment un titre qui balance je trouve... (Nous aussi ! NdR)

RTJ : Une des choses qui te rendait proche et humain pour tes fans de la première heure était cette sensation que tu décrivais très bien dans tes textes d'avoir l'impression d'être ignoré par la gent féminine, ou tout au moins de paraître transparent, et à cause d'une certaine réserve d'avoir du mal à établir le contact avec elle.
Cela fait-il partie des ressorts qui t'ont poussé vers la scène et vers l'écriture ?

Christophe Marquilly : Les femmes sont un sujet éternel et le côté un peu macho que j’avais était une carapace
car je suis  très timide avec elles (enfin au début !), mais elles sont sources d'inspiration sans limite...

RTJ : Et maintenant, avec les femmes, ça va mieux (rires) ?

Christophe Marquilly : Ben à mon âge on a un certain recul, mais je ne plains pas, j'ai encore une petite cote !

RTJ : A part la promotion de ton dernier album salué dans les colonnes de RTJ, quelle est ton actualité, quels sont tes projets ?

Christophe Marquilly : Mon actu, c'est jouer le plus possible. Je joue aussi en acoustique, j'adore ça, juste deux guitares. Je mets les infos sur mon site www.marquilly.com et les dates (quand j'y pense !), donc je lance un appel à ceux qui souhaitent me faire jouer ! (Appel entendu et diffusé ! NdR)
Ah et puis quand même, il n'y a pas que les concerts, même si c'est très important. Il y a aussi les potes.
Chico m'a demandé cet été de faire deux solos sur le prochain album des Truckers, dont un sur un blues en do.
Les Truckers, ça joue bien, et ça a été un plaisir.

RTJ : Si tu devais finir ta vie sur une île déserte quels sont les 5 disques que tu emmènerais avec toi ?

Christophe Marquilly : Alors 5 CD, c'est dur mais Requiem, de Mozart ou Fauré j'hésite, « Deguello » ZZ Top et
« La Grange » (Très Hombres, NdR), « Absurde » ! Et un "Top priority" de Rory. Bises à l'équipe,
amitiés aux lecteurs.

Merci Christophe de nous avoir accordé ces quelques instants et nous souhaitons tout le succès possible
à cet excellent album qu'est « Absurde ».

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