Interview de RUSTY BURNS (Point Blank) Septembre 2014
par Philippe Archambeau & Yves Philippot-Degand
(Photos By Nicolas Gaire: nicolas@nicolasgaire.com mon site web : www.nicolasgaire.com )
Bonjour Rusty, c’est moi Philippe, et Yves, qui venons te poser quelques questions après la sortie du nouvel album de Point Blank Volume 9. D’habitude dans Road to Jacksonville, c’était John qui t’interviewait. Il adorait Point Blank et il admirait énormément les musiciens du groupe. Merci à vous d’avoir dédié cet album à John.
Hello Philippe et Yves... J'espère sincèrement avoir réussi à inclure John Molet parmi les gens que je saluais. Je sais qu'il nous manque à tous énormément. Nous sentions que nous devions montrer notre respect envers “Southern John” en l'insérant dans notre dédicace.
On n'avait plus trop de nouvelles discographiques de Point Blank depuis la sortie de Fight On en 2009, mais permets-moi de revenir un peu en arrière. Quel parcours pour Point Blank depuis 2007 ! Fin 2006, j’avais alors contacté Phil Petty par courriel pour savoir si vous aviez enregistré le concert lors d’une réunion en septembre 2005, et là surprise, il me dit que vous recherchez un label pour sortir un disque. Je l’ai aussitôt mis en contact avec Dixiefrog qui a alors accepté de sortir le live. Aurais-tu pu pensé, il y a dix ans que Point Blank serait venu 7 fois jouer en Europe et serait redevenu un des grands du southern rock ?
Avant le moment où toi et Phillip avez parlé de notre show de réunion que nous avons joué et enregistré en 2005, nous ne pensions vraiment pas avoir des fans en Europe et Scandinavie. Cela a été une très heureuse révélation pour nous tous car nous ne considérions Point Blank que comme un épisode de notre passé, pourtant il est apparu qu'il y avait un futur possible pour nous. Cela nous a autorisés à reprendre et compléter ce que nous avions toujours considéré comme “une affaire inachevée”. Nous avions mis fin à Point Blank pendant plus de 20 ans mais avec toujours le rêve et le désir d'achever ce que nous avions commencé en 1974. Nous vous sommes très reconnaissants pour votre soutien qui a causé, permis, et perpétué ce rêve pour que nous continuions notre quête de création musicale pour nos fans. Nous n'avons jamais mis le nez dans le business de la musique pour d'autres raisons que la Musique et nos Fans. Vous avez joué un rôle clé dans notre décision faire notre retour ensemble. Votre rôle a été celui du catalyseur qui a provoqué la renaissance de Point Blank... et pour cela nous serons éternellement reconnaissants envers chacun d'entre vous.
Tout d’abord peux-tu nous dire ce qui s’est passé entre Fight On et ce nouvel album ?
Cette période entre les deux disques fut pleine de montagnes et vallées émotionnelles. Le groupe a passé beaucoup de temps à écrire et à rechercher des chansons dont nous pensions qu'elles pourraient donner une bonne représentation du groupe et d'où nous en étions musicalement à cette époque. Beaucoup de chansons furent écrites et beaucoup proposées mais nous sentions que nous devions faire ça bien et non précipiter le flux de notre énergie musicale. Nous avons été plutôt perspicaces dans la sélection des chansons. Il y avait aussi beaucoup de problèmes à régler avec les décès de 3 membres anciens et actuel durant une période de onze mois. Ce fut une époque extrêmement difficile pour nous et la famille de Point Blank puisque nous avons dû surmonter le chagrin et les deuils du mieux que nous avons pu. Point Blank a toujours été une famille... la fraternité... nous pourrions mourir les uns pour les autres et en sommes passés très proches plusieurs fois, or nous avons dû laisser partir beaucoup de frères dans un court laps de temps. John et moi savions que chacun des membres aurait insisté pour que nous gardions Point Blank en vie, avec même Phillip nous formulant catégoriquement ce désir. Nous avons décidé de faire ce qu'ils auraient voulu.
Il y a aussi eu d'importantes auditions qui ont fourni Kirk Powers à la basse et Greg Hokanson à la batterie, qui sont devenus membres. Ceci, bien entendu, a conduit à un déferlement de répétitions approfondies. Un tiers du groupe était tout nouveau alors nous avons passé beaucoup de temps à nous rapprocher étroitement ensemble d'un point de vue musical pour ramener Point Blank à un niveau compatible avec le fait de tourner.
Peux-tu nous en dire plus sur « Blast », l’instrumental qui ouvre cet album ? Il sonne comme du vieux Point Blank, assez agressif, comme un coup de feu.
“Blast” était en fait une partie d'un autre morceau mais dont nous sentions que c'était “un morceau en lui-même”, alors nous l'avons séparé des autres morceaux, nous concentrant sur sa transformation en instrumental court mais puissant pour commencer l'album. Je crois que le titre dit clairement de quoi il est question avec ce morceau.
Cet instrumental est le seul morceau du disque que tu signes. Nous savons que ces deux dernières années n'ont pas été faciles pour toi du point de vue familial, et que le groupe a dû s'investir plus que d'habitude dans l'écriture, car tu ne pouvais pas lui donner autant cette fois-ci. N'es-tu pas trop frustré par cette situation ? Penses-tu t'investir plus dans un prochain CD ?
Tous les mecs du groupe sont de très bons songwriters expérimentés et talentueux dans leur art, donc il fut assez naturel pour eux d'accroître leur participation de manière importante pour compenser ma mise sur la touche due to à des problèmes médicaux familiaux. Oui, ces quelques dernières années ont été très frustrantes en raison de l'incapacité de me plonger comme je l'ai toujours fait dans la carrière de Point Blank, mais ce qui a été indubitablement le plus difficile et le plus frustrant de tout fut le spectacle des épisodes de ma chère maman aux prises avec la démence. En ce qui concerne dans le futur l'écriture et l'implication, je suis de retour à 100%. Je sais que la plupart des auteurs écrivent des morceaux sur leurs révélations et leurs expériences personnelles de la vie, alors ayant cette connaissance je suis optimiste sur le fait que probablement quelques bonnes chansons seront nées de cette vallée émotionnelle. C'est une autre merveilleuse chose en ce qui concerne la musique... ce qui est négatif devient positif quand la mélodie fait son oeuvre.
Peux-tu nous en dire plus sur « Howling Wolf » et sa bluesante partie de dobro avant une montée en pression dont Point Blank a le secret ?
Le dobro a été joué par Mouse qui est aussi un des auteurs de la chanson, avec Mike Gage et Guthrie Kennard. Mouse y a fait vivre l'étrange nature et la mystique surnaturelle du delta blues. Pour moi, durant le mixage des morceaux, on sentait comme si le marais était partout autour de moi avec les odeurs, l'humidité, le paysage... ça déchirait. J'ai ajouté la piste de guitare en arrière plan pour augmenter la tension et le chaos comme si c'était le sentier menant au ''marais''. Nous avons aussi tous les deux joué du banjo sur le morceau. Mouse a ajouté une saveur incroyable à ce morceau avec ses parties de mandoline. Je pense que ce morceau possède une apparence lunatique et haute en couleurs que ce soit par l'histoire dont il parle ou par sa vibration mystérieuse, via la musique et l'instrumentation. Nous avons eu beaucoup de plaisir avec lui.
On continue avec le boogie texan « Automobile », une reprise de Bobby Boyd votre compatriote d’Austin, Texas, un maître du country rock honky-tonk. Ce titre était déjà sur Legacy, l’album solo de John O’Daniel, prend une forme plus étoffée avec ta guitare qui n’était pas sur Legacy. Quel a été ton apport et pourquoi avoir repris ce titre ?
A l'époque où John enregistrait 'Legacy' avec Larry Telford (qui a aussi joué dessus tout en le produisant), John m'a contacté pour jouer sur cette chanson de son premier enregistrement solo, mais j'étais alors en tournée un peu partout dans le pays, donc nous n'avons pu me programmer aucune disponibilité. J'ai aimé le disque et j'ai été particulièrement impressionné par ''Automobile'', écrit par le génial auteur Bobby Boyd. Lorsque John et moi avions formé notre groupe précédent, Bigfoot Johnson (1998-2002 environ, N.dT.), nous l'avions travaillé et il était devenu très vite un de nos morceaux les plus populaires pour ce groupe. Alors que nous réunissions des morceaux pour le CD Fight On, nous l'avons enregistré et avons fini par obtenir un bon enregistrement. Le problème que nous avons alors rencontré fut que nous avions aussi enregistré ''Hit The Bottom'' et les deux morceaux sont quelque part du même style, dans le sens où les deux sont de puissants shuffles. Les deux sont en La et les deux ont le même genre d'esprit musical. Nous avons décidé d'utiliser ''Hit the Bottom'' pour le CD ''Fight On'', mais nous savions que nous sortirions ''Automobile'' quand le bon moment serait venu.
« Start The Car » de Judy Cole nous permet de retrouver un Point Blank en pleine forme, peux-tu nous en dire plus sur le choix de ce titre et de son traitement musical ? Comment vous êtes-vous réparti le travail avec Mouse pour les guitares ?
Ce morceau était très entraînant et avait un bon feeling musical, alors nous avons décidé de l'enregistrer et de voir si c'était une bonne chanson pour nous. Nous y avons posé notre touche et avons empilé un mur de guitares sur l'intro. A la place d'une section de vents sur les refrains, Mouse et moi avons joué des lignes de guitares en harmonie, de telle manière que la marque Point Blank est apparue. Les paroles étaient aussi très en phase avec notre opinion d'avoir à démarrer la voiture et de sortir de la ville. Je suis sûr d'avoir entendu la chanson à l'époque où Jude l'a sortie, mais en fait je ne m'en rappelais plus, du coup il n'y avait pas d'idée préconçue sur ce que le morceau devait refléter musicalement. Nous avons simplement pris la structure initiale et l'avons ''Point Blankisée''.
« To Be a Man » qui clôt le disque est du pur Blank, peux-tu nous en dire un peu plus sur ce titre ?
“To Be a Man” a été écrit par Mouse Mayes, Mike Gage, et Guthrie Kennard. Quand Mouse a proposé cette chanson, il y a eu un accord automatique sur le fait qu'elle devait apparaître sur Volume 9. Le travail de Mouse à la guitare sur cette chanson était superbe et de très grande envergure de par sa présence. Sa sonorité, tout comme sa performance, est à mon avis monumentale. C'est une de mes chansons favorites sur le CD sur plusieurs plans. Nous essayons à présent de l’introduire dans le show... c'est une super chanson.
La chanson « Heart of Fool » est signée Allman, c'est bien « le » Gregg Allman ? Peux-tu nous en dire plus ?
Gregg était venu à Dallas pour aussi bien enregistrer un peu de musique que de produire quelques morceaux pour The Stratoblasters au Studio Southwest. John a chanté avec the Stratoblasters pendant pas mal d’années. Gregg et John ont fini par écrire ensemble quelques morceaux vraiment bons, en compagnie de Jack Williams. ''Heart of a Fool'' a été un de ces morceaux écrits durant ces sessions. C’est un genre de chanson blues/soul ''Old School'' très cool. Nous avons pensé que ça ajoutait au disque un aspect que nous n’avions pas mis en valeur depuis la parution en 1980 de ''Wrong to Cry'' (la première chanson que John et moi avons écrite ensemble) dans l’album The Hard Way. C’est le genre de musique dont John et moi avons appris et que nous avons imitée en grandissant. Ce style de chanson était très populaire dans notre jeunesse, alors que nous nous développions et que nous grandissions dans nos aptitudes musicales, et cela s’est poursuivi jusqu’au disque comme quelque chose d’un hommage envers ce que ce style et cette influence a signifié pour nous.
Comment et où a été enregistré cet album ?
Volume 9 a été enregistré dans plusieurs studios différents. La majorité des pistes rythmiques de base ont été enregistrées au Palmyra Studio, alors que quelques unes l’ont été au studio de Mike Gage, et quelques voix ont été enregistrées au studio de Larry Telford. Les guitares ont été enregistrées dans mon studio, The Control Room, de même que certaines des parties du chant solo et toutes les harmonies vocales.
Pour cet album, le groupe a une nouvelle fois changé de batteur, peux-tu nous présenter Mike Gage et nous parler un peu de lui ? Il a semblé très impliqué dans l'enregistrement de Volume 9, n'est-ce pas ?
Mike Gage est un de nos amis de très longue date et il a effectué pas mal de fois des remplacements pour aider Point Blank pendant des années alors que nous connaissions des déboires de batteur. J’ai joué dans pas mal de groupes avec Mike, et John aussi. Mike est à la fois un batteur incroyable, un producteur, un auteur, un ingénieur et le propriétaire d’un studio. Pas mal de projets passent par son studio et il est très demandé en temps que producteur et batteur. Il est venu en Europe avec nous plusieurs fois et c’est un des meilleurs et un des plus consciencieux batteurs de l’industrie de la musique. Il nous a considérablement aidés depuis notre reformation en 2005 et nous sommes très reconnaissants du temps passé avec nous à jouer et à apporter son expertise sur scène et dans les disques.
Récemment, tu nous as confirmé que Greg Hokanson était de retour dans le groupe, est-ce si difficile d'être le batteur de Point Blank ?
Oui, Greg est revenu dans Point Blank et nous sommes très heureux de l’avoir. C’est un super batteur et un merveilleux ami. Comme beaucoup d’entre nous dans le groupe, c’est aussi un chef d’entreprise qui a besoin de beaucoup de temps pour garder ses affaires stables et florissantes, donc il a dû quitter le groupe pendant un peu plus d'un an pour propulser ses affaires vers les sommets et une fois la chose faite, il a décidé qu'il était temps de se remettre au ROCK ! Greg nous a été recommandé par Billy Gibbons il y a plusieurs années et c'était une super recommandation. Etre le batteur de Point Blank requiert un type special d'instrumentiste et il colle à ça parfaitement. Nous sommes très content de son retour parmi nous ! Je suis en train de réaliser qu'il est très difficile d'être le batteur de Point Blank.
Kirk « Powers » Burkhardt est depuis maintenant plusieurs années le bassiste du groupe à la suite du décès du membre fondateur Phillip Petty, et il semble bien intégré à la famille de Point Blank puisqu'il joue aussi avec ton autre groupe Big Wampum. Comment a-t-il bâti ses relations avec Mike Gage et Greg Hokanson ? Cela a-t-il été facile pour lui ? Que penses-tu de l'actuelle section rythmique du groupe ? As-tu remarqué une grande différence avec celles avec Buzzy ?
Kirk est un extraordinaire bassiste et sans nul doute un des meilleurs avec qui nous avons eu la bénédiction de travailler. Lui et Greg sont arrivés dans le groupe au même moment, peu de temps après le décès de Phillip. Il est vraiment très musicien et c'est un maître de son instrument, alors je sais que Phillip aurait été aussi heureux que nous le sommes de le voir membre de Point Blank. La construction des relations musicales entre Kirk, Mike, et Greg a semblé se faire comme une adéquation automatique. A chaque fois que vous mettez ensemble de talentueux musiciens de haut calibre, la musique devient la colle qui les lie ensemble et la capacité de Kirk d'interpréter et d'exprimer les sensations nées de la musique a rendu chaque transition très naturelle et facile.
Question matériel, peux-tu nous dire sur quel matériel tu joues ?
Pour les prestations live, je me sers de quelques sets de matos différents en fonction du lieu. J'ai toujours été un ''mec Marshall'', mais, comme la plupart des guitaristes le font, je n'arrête pas de rechercher un meilleur son. En ce moment je joue en stéréo via un Hughes & Kettner TubeMeister 38 Combo et un Line 6 Flextone II. Quelquefois j'utilise un baffle Randall 4X12 que m'avait donné Dimebag Darrell Abbott du groupe Pantera, et qui est doté de Celestion Greenback 30w. J'utilise un multieffets Boss ME-50 et un Compresseur/sustainer Boss.
As-tu une guitare que tu affectionnes et que tu n’utilises qu’en studio ?
Oui, c'est ma Les Paul Junior modifiée de 1956. Je ne l'ai retrouvée que récemment, en raison d'une tête de manche qui avait été sérieusement brisée. Je l'avais gardée comme souvenir et je pensais que je ne pourrais jamais plus la jouer, mais comme la technologie et les techniques des luthiers se sont améliorées, le miracle est arrivé. Je l'ai utilisée sur plusieurs prises. Je la garde exclusivement dans mon studio. Tony et Larry ont joué un rôle clé dans l’aide qui a permis de la récupérer parfaitement réparé. (En effet, certains d'entre nos lecteurs ont peut-être pu suivre les étapes de cette réparation sur les pages de réseau social de Tony Autrey, NdT.)
As-tu utilisé plusieurs guitares ?
En règle générale, je joue sur ma Strat environ 90% du temps (en fait de Strat, c'est une Blade à l'électronique très particulière, NdT. qui l'a plusieurs fois eue entre les mains), mais j'emporte plusieurs guitares en soutien. J'ai une Gibson Les Paul et une jolie Gibson ES-335 que j'ai habituellement sur la route avec moi. Les deux sont des versions gaucher bien entendu.
Que peux-tu nous dire sur les guitares et amplis de Mouse sur cet album ?
Mouse a utilisé un Egnater Rebel 20 et un Danelectro Nifty Fifty, et pour les pistes de guitare il a utilisé une Fender Squier, une Takamine acoustique, et une Epiphone Mandolin.
Petite blague entre nous : quelle guitare as-tu emprunté à Tony Autrey cette fois ?
J'ai utilisé la ES-335 de Tony et une de ses extraordinaires Les Paul sur ''Start the Car'' et ''To Be a Man''.
Comment nos lecteurs peuvent-ils se procurer votre disque ?
Nos trois derniers disques "Reloaded", "Fight On", et "Volume 9" peuvent être acquis via notre site web officiel Point Blank Southern Rock www.pointblanksouthernrock.com ou sur www.cdaby.com.
Qu’avez-vous de prévu pour Point Blank en 2015 ?
Point Blank se concentre sur le fait de jouer beaucoup de shows aux USA cette année avec notre nouvel agent de réservation. Nous avons des shows qui arrivent en septembre avec Wishbone Ash, Savoy Brown, Elvin Bishop, et d'autres artistes très renommés. Avec un peu de chance, nous serons de retour en tournée en Europe pendant l'été 2015.
Pensez-vous revenir en 2015 en Europe, où nous vous attendons de pied ferme ?
Bien sûr j'espère que nous serons de retour en 2015. L'avenir seul nous le dira.
Peux-tu nous livrer quelques anecdotes ou quelques souvenirs marquants de vos tournées européennes, où vous avez retrouvés beaucoup de fans en France mais aussi en Belgique, en Scandinavie et en Europe de l'Est ?
J'ai revécu notre première tournée en Scandinavie et en Europe, et ce que je ressens est que toute l'aventure a été une surcharge sensorielle totale. Notre premier show de la tournée fut au Sweden Rock Festival, où nous nous sommes produits devant plusieurs dizaines de milliers de personnes, donc ça, bien entendu, fut le premier souvenir irrésistible. En ce qui me concerne, tout ce qui s'est déroulé à partir de ce moment a été un merveilleux mêli-mêlo lorsque nous avons joué à travers l'Allemagne, la France, la Belgique, l'Angleterre, et la Suisse. Les plus beaux souvenirs, sans aucun doute, sont les merveilleuses amitiés que nous avons développées avec vous tous. Nous sommes profondément touchés par ceux d'entre vous qui nous ont aidés à réaliser le rêve que nous avons eu lorsque nous avons débuté le groupe en 1974.
Dernier point, qui m’intéresse beaucoup, où en est le DVD filmé à Monaco et à Paris en 2010 ? Va-t-il sortir ?
Oui, le show de Paris Bobino sortira en DVD, mais je dois expliquer le délai dans sa réalisation. Tony Autrey et moi avons eu à accomplir une sorte de boulot ''miracle'' quasi extrême sur la partie audio. Il y avait de gros problèmes avec le mixage audio venant de la console de mixage, qui a nécessité le moindre brin de la moindre compétence que je possède rien que pour le rendre acceptable. Il y a eu une bataille insurmontable pour arranger ces données audio et les ''marier'' avec la camera audio. A un moment nous avons presque entièrement renoncé au mixage de la console audio et avons essayé d'utiliser uniquement la camera audio, mais ça n'a pas marché non plus. J'ai essayé de faire tout ce que je pouvais pour corriger les problèmes. En fin de compte, nous l'avons finalement réparé au point où nous avons l'impression que c'est assez bon pour le sortir. Cela a été une bataille technique mais je pense que c'est bon maintenant. Toutes les séquences vidéo sont super, merci à Tony et à vous les mecs ! Nous ne sommes pas sûrs que nous sortirons quoi que ce soit du show de Monaco à The Moods, sauf si nous pouvons trouver quelques morceaux où à la fois la partie audio et la video peuvent réussir le test. Aucun d'entre nous n'en était très content et ça ne collait juste pas avec nos standards d'une bonne représentation du groupe. Nous avons passé tellement de temps à essayer de réparer le spectacle de Bobino que nous nous n'avons vraiment pas ciblé nos priorités sur le show de Monaco.
Le concert à Bobino en 2010 a donc été filmé et photographié, avec quelques amicales complicités françaises, et il ferait une superbe base pour un DVD, car il reste dans la mémoire de tous ceux qui étaient présents comme un instant magique qui a définitivement réinstallé Point Blank au sommet du rock sudiste. Avais-tu eu la même impression sur scène ?
Oui, le show de Bobino à Paris est un de nos plus précieux souvenirs pour nous tous dans le groupe et un sommet dans notre longue carrière. Ce fut aussi la dernière fois que nous avons vu notre ami et frère de musique, Southern John Molet, avant sa disparition (en fait, pas exactement puisque Calibre 12, avec John à sa tête, a réalisé son rêve de faire la première partie de Point Blank l'été suivant le 16 juillet 2011 au Château de Goncourt, NdT.), donc cela a été pour nous un événement doux-amer. Nous aimons énormément la France et c'est un tel honneur d'y jouer pour nos fans. Vous les mecs, vous êtes les meilleurs fans de la planète !
Je sais qu’il y a des vidéos de 1980 sur YouTube, les verra-t-on un jour ? Seront-elles sur le DVD à venir ?
Tout à fait, les shows de 1980 seront en DVD, et je l'espère très rapidement. Beaucoup de problèmes similaires à ceux rencontrés avec la partie audio à Bobino étaient présents sur ces 2 shows de 1980. Il y avait beaucoup de pépins et de décrochages audio sur les masters de la production, étant donné que ces bandes avaient plus de 30 ans, mais encore une fois Tony Autrey a réalisé un incroyable travail ''miracle'' grâce à son expertise. Nous avons travaillé longtemps et durement pour restaurer la séquence video, de même que la partie audio. Avec un peu de chance, cela vaudra le coup d'avoir attendu lorsque nous sortirons enfin ces shows.
Un jour tu m’as dit avoir eu des bandes vidéo d’un concert à Houston en première partie de ZZ TOP, penses-tu que tu pourras les récupérer ?
Malheureusement, après avoir récupéré la bande master en ma possession, j'ai amené la bande du show de Houston où nous avions joué avec ZZ Top à l'équipement de production où ils sont capable de relire le ''master de production'', donc nous avons pu la regarder et nous avons constaté que le passage de Point Blank ne figurait pas du tout sur la bande. Le label disait que c'était Point Blank, mais après l'avoir revue nous avons tristement constaté que ce n'était pas Point Blank, mais qu'à la place c'était Leon Russell. Nous ne savons toujours pas pourquoi c'était étiqueté ''Point Blank''. Nous avons été extrêmement déçus étant donné que cela aurait été la séquence connue la plus ancienne du groupe, remontant à 1975. Cela a été une révélation tellement triste quand j'ai vu que c'était Leon et non Point Blank... vraiment très triste.
On a tous rêvé un jour de voir Point Blank dans les 70’s, cela reste pour nous tous le meilleur du rock sudiste. Actuellement on voit des vidéos d'autres groupes passés à Passaic ou Winterland, dans les 70’s filmées en noir et blanc, avez-vous joué dans ces lieux ?
Malheureusement, nous n'avons aucun tournage des 70's ni aucun enregistrement audio convenable. A propos des endroits où nous avons joué, comme Winterland, etc... oui, Point Blank a joué dans tous les endroits que l'Amérique pouvait offrir tout au long de nos incroyables programmes de tournée durant ces années. Beaucoup restent marquants, pendant que beaucoup d'autres se sont effacés de notre mémoire en raison de 11 ans de tournées à une cadence de dingue. Beaucoup de grands moments de notre carrière sont devenus flous dans nos souvenirs, en raison de la nature pénible de devoir jouer 250-300 concerts par an... C'était complètement épuisant et la pression était continuelle, mais nous n'échangerions ces expériences contre rien d'autre, parce que ce sont les éléments qui ont fait de nous ce que nous étions et ce que nous sommes aujourd'hui.
Penses-tu un jour sortir un live de Point Blank des années 70 en CD ?
Malheureusement, nous n'avons aucun enregistrement multipiste du moindre de ces shows, donc je ne crois pas que nous arriverons à le faire. Je ne connais pas de tournage vidéo ou de bon enregistrement audio du groupe autre que les deux shows de 1980 de Houston et Washington, DC. A cette époque, avant que l'enregistrement vidéo soit sur l'appareil photo où le téléphone de tout le monde, c'était très onéreux et ça nécessitait une grosse équipe de techniciens pour rendre compte d'un show. C'est la même chose pour les enregistrements audio multipistes, pareil, alors à cette époque nous étions plus concentrés sur simplement accomplir une bonne prestation plutôt que de fournir un témoignage d'une des 250 que nous jouions cette année-là.
Question classique en fin d’interview, si tu devais finir ta vie sur une île déserte,
quels sont les 5 disques que tu emmènerais avec toi ?
Wow, c'est une question à laquelle il est très difficile de répondre en se limitant à 5 enregistrements, mais je vais essayer même si à la fin j'aurais changé au moins 100 fois d'avis ! J'aurais un enregistrement country de George Jones ou Merle Haggard... un disque de blues d'Albert King... un disque de fusion d'Al Di Meola... un album rock de Deep Purple, et un disque de guitare d'Eric Johnson. Je ne suis pas sûr de pouvoir citer les titres de quelles réalisations de ces artistes je choisirais, parce que c'est un peu subjectif en raison de mon humeur musicale de chaque instant.
Merci Rusty, et comme disait John, keep on rockin' !
Nous vous remercions !
Traduction : Y. Philippot-Degand
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