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38 Special assure comme une bête depuis leurs quatre décennies
passées ensemble
à être un des plus remarquables auteurs de hits du southern rock.
Avec une liste sans fin de hits, Rockin Into The Night, Hold On Loosely,
Fantasy Girl, Caught Up In You et If Id Been The One pour juste en citer
quelques uns, on demande sans arrêt et de partout dans le pays ces
"Wild Eyed Southern Boys" ("gars sudistes à l'oeil sauvage"
NdT). Nous avons réussi à mettre
la main sur Don Barnes, le fondateur du groupe, pour bavarder un peu au sujet
du groupe.
RTJ: Salut Don!
Don: Comment ça va?
RTJ: Bien!
Don: Je suis à Chicago. On va répéter pour le Soundstage
de PBS. Je ne sais pas si je te l'ai dit, mais nous formons une réunion
de beaucoup d'artistes de groupes différents. Des mecs de Night Ranger,
des mecs de Survivor, Martha Davis des Motels, Mickey Thomas de Starship.
On devrait enregistrer mercredi.
RTJ: Qu'est-ce qui se passe?
Don: C'est pour PBS. C'est une émission qu'ils ont baptisée
Soundstage, c'est un show d'une heure et demie/deux heures. Ils ont un créneau
régulier de diffusion et ensuite, ils diffusent
ça plusieurs fois pendant l'année et aussi pendant leur semaine
de campagne de promesses
où ils reçoivent des dons.
RTJ: Sais-tu quand celle-ci sera diffusée?
Don: Je ne sais pas, mais je t'informerai. Ils n'ont pas encore le calendrier.
Ils font venir du public et nous arrivons et jouons les hits.
RTJ: Ce sera amusant d'être avec tous ces autres artistes.
Don: Ouais. Ouais. Nous faisons chaque année un truc appelé
World Stage. Un pourcentage des entrées va à la Rainbow Foundation
pour les enfants malades. Nous faisons ça tous les ans et ça
a toujours été un plaisir de rencontrer tous ces mecs. Le mec
de Survivor, Jimmy Jamison le chanteur, sur toutes les vidéos qu'on
peut voir, il a l'air tellement sérieux
Ce mec est un gaffeur de première!
Rires.
Don: On ne peut pas faire plus rigolo. J'attends avec impatience de les voir.
RTJ: Tu seras à la Volunteer Jam courant août. Peux-tu nous dire
ce qu'est la Volunteer Jam?
Don: C'est une tournée traditionnelle que Charlie Daniels organise
depuis, mon Dieu, depuis quelque chose comme 75 ou à peu près.
Il recrute toujours des groupes de rock sudiste. C'est appelé la Volunteer
Jam parce que pendant le set des tas de gens des différents groupes
montent sur scène pour jouer avec lui. The Souths Going
To Do It Again est le morceau où nous prenons tous quelques gros
soli à la suite les uns des autres. C'est rigolo. Charlie a connu le
succès avec ça pendant toutes ces années. Nous en avons
fait pas mal d'entre-elles avec lui.
On en a fait une il y a environ six ans avec The Outlaws.
RTJ: Tu as enregistré un album solo, Ride The Storm. J'ai lu qu'il
n'était jamais sorti, pourquoi?
Don: Ouais, c'était à la fin des années 80. J'avais quitté
le groupe depuis environ quatre ans
et je n'avais plus vraiment de vie privée, simplement parce que j'avais
essayé si fort de trouver le succès et laissé les choses
aller, et que vous sacrifiez beaucoup de choses. Pendant toutes ces années
à se faire un chemin, ça m'a juste fatigué de tout ça.
Personne ne m'attendait derrière* la porte quand je revenais à
la maison. Si tu n'es pas heureux dans ton cur, ça finit par
se répercuter dans ton travail.
Pendant ce temps, j'avais conclu un accord avec A&M Records. Je voyageais
un peu partout et j'écrivais des morceaux et j'ai fini par réunir
un paquet de matériel. Mais en 1990, l'année où ça
devait sortir, la compagnie, A&M, a été vendue à
Universal pour environ sept cents millions. Mais pour tous ceux qui avaient
sorti quelque chose cette année-là, ça a été
un peu comme le baiser de la mort, parce qu'ils ont changé toute l'équipe,
tout le monde, complètement, juste parti.
Le mec qui promouvait mon projet a été payé pour rédiger
tous les chèques et tout ça...
Puis plus personne. Il est allé chez CBS. C'est comme ça, tout
le monde se disperse quand ce genre de chose... la restructuration, tu sais
comment ça se passe. Ils restructurent tout le monde. Les gens ne savent
même plus où est le secrétariat.
Ainsi un paquet d'albums a été enterré cette année-là.
Par malchance, le mien en était. Ensuite, comme Universal possédait
les masters, tout est parti là-dedans, l'acquisition et les avoirs.
Ils ne sont pas réellement intéressés de vendre quelque
bande master que ce soit à une seconde partie. J'étais coincé,
en quelque sorte. Planté là. Après toutes ces années,
je ne comptais plus dessus. J'ai dit à Tom Soares, le mec de notre
website, de faire une page web et de filer tout ça gratuitement. Voilà
comment ça marche, tu veux toujours avoir autant d'oreilles que possible
disponibles pour ta musique et c'est pourquoi tu rassembles une base de fans
avec les pages myspace et tout ça. Ça ne fait qu'agrandir ta
base de fans et ils ont alors tendance à rechercher les compilations
de Greatest Hits et en plus ils viendront aux concerts. Tu ne peux pas télécharger
un concert. Ils viendront aux concerts, achèterons un T-shirt ou un
ticket pour le show. Mais voilà l'histoire. Il n'en est encore pas
question aujourd'hui et ça ne va probablement jamais sortir
de façon formelle.
RTJ: Penses-tu que tu feras un jour un nouvel album?
Don: Nous faisons maintenant des choses différentes dans notre groupe.
On fait une version acoustique de quelques grands morceaux. Tu as l'habitude
de voir les séries "unplugged" sur MTV, où les groupes
se mettent à la guitare acoustique et jouent les morceaux, les jouant
exactement comme ils sont en électrique. Nous, ça nous em...
juste, c'est pourquoi nous avons pris ces morceaux et nous les avons juste
modifiés. Ralentis pour certains.
Nous avons pris le morceau If Id Been The One et en avons
fait une ballade qui sonne très bien. C'est comme ça qu'on fait
différentes mises en pratique ou traitements de ces morceaux, Fantasy
Girl, Hold On Loosely. Ils sont un peu moins sauvages, à cause du traitement
à l'acoustique. Nous avons aussi juste essayé de retravailler
tout ça avec une approche différente des choses. C'est rudement
intéressant. C'est ainsi que nous allons les sortir.
On est aussi en train de faire un autre album live et une vidéo live.
Après toutes ces années,
tu arrives à voir comment on parvient à te perdre dans les embrouilles
avec toutes les maisons
de disques. Tu sais à quel point les maisons de disques sont aujourd'hui
en difficulté avec le fractionnement en radio. Ils fractionnent le
formatage des radios. C'est dur de pouvoir faire ressortir un single sur une
station où ils vont te le passer un nombre précis de fois en
rotation. Autrefois, dans les 80's, ton nouveau hit, ton single, il pouvait
passer cinq ou six fois par jour.
Ce serait devenu un facteur de renouvellement pour les gens qui aimaient le
titre et voulaient l'entendre encore, ils auraient téléphoné
pour l'avoir encore. C'est comme ça que tout se passait autrefois.
Aujourd'hui, si tu sors un single et que tu l'envoies aux radios de rock ou
même de classic rock, ils vont passer des vieux morceaux d'artistes
de classic rock, mais aucune musique nouvelle parce qu'ils ne sont pas structurés
de cette manière. Comme ça, ton single peut très bien
n'être joué que le mardi après-midi et ensuite une fois
supplémentaire peut-être le samedi après-midi. Ça
ne suffit pas pour avoir une couverture suffisante, ce facteur de renouvellement.
C'est réellement très dur. A la lumière de tout ça,
on a tendance à s'accrocher à ce qu'on a et qu'on peut vendre
sur la Toile ou lors des concerts. On a toujours pensé que le plus
grand facteur commercial de tout ça, la promotion, c'est les gens qui
viennent au spectacle. Alors le concert les inonde, les submerge complètement.
RTJ: Tu as produit le dernier album des 38', Drivetrain, vas-tu aussi produire
celui-ci?
Don: Ouais, ça c'est autre chose. Quand tu traverses les années,
quand tu vieillis de plus en plus, alors tu deviens de plus en plus sage sur
le fait que si tu confies quelque chose dans les mains de quelqu'un, tu lui
abandonnes le pouvoir et en même temps tu contrôles encore et
deuxièmement tu les évalues. Tu te retrouves à penser
: Nah, j'aurais pu faire ça moi-même. Beaucoup de
producteurs s'avèrent être des techniciens rêvés.
Ils peuvent t'avoir un super son, ils peuvent te l'enregistrer correctement,
mais musicalement, ils n'ont aucune idée créative. Quand tu
réunis Danny Chauncey et moi, tu obtiens un excellent fournisseur d'idées.
Nous compensons mutuellement les blancs comme les idées de l'autre.
Il joue toujours son rôle. D'abord, c'est aussi un grand technicien.
Il a toujours été capable de se ramener avec un truc auquel
je n'avais pas pensé, et vice-versa. Il peut avoir quelque chose à
me refiler et je vais lui rajouter un truc auquel lui, il n'avait pas pensé.
Et comme ça, c'est une bonne collaboration. La collaboration est la
chose la meilleure. Nous ne nous sommes pas pris après toutes ces années
pour des auteurs-compositeurs particulièrement brillants, mais nous
sommes de grands collaborateurs.
RTJ: Je t'ai vu attraper un poisson rouge sur Internet. Es-tu un pêcheur
acharné? (Les deux se marrent)
Don: Ouais, c'était mes petites vacances au bayou l'an dernier. Je
suis allé avec mes amis qui sont là-bas tous les ans et ils
me demandent tous les ans Mec, Tu devrais te pointer et t'éclater
avec ces poissons rouges. Alors je l'ai fait l'an dernier à la
fin de la tournée. Je suis descendu en Louisiane et me suis rendu à
environ 25 bornes de la côte dans le bayou, là où il y
a ces petites maisons de vacances pour pêcher et tout ça. Ouais,
la pêche m'a toujours intéressé. J'ai pris du bon temps.
On s'est éclaté. Le premier poisson que j'ai pêché
pesait trente sept livres! J'ai fait une émission de pêche avec
Orlando Wilson il y a quelques années. C'était rigolo d'avoir
un autre bateau avec une camera, un bateau-caméra qui le filmait.
Je ne sais pas si tu as entendu parler d'Orlando Wilson, il a une émission
de pêche.
RTJ: Oui. En fait j'en ai entendu parler.
Don: On s'est bien amusé. A la fin, c'était marrant, car ils
n'avaient pas filmé ce jour-là assez de plans de capture de
poissons, et il devait prendre un avion ou un truc dans ce genre et il a dit
aux cameramen "Amenez-moi juste jusqu'à cette crique." C'est
étonnant de voir opérer un mec qui s'y connaît. Il n'a
eu qu'à se pointer là et en trois à cinq minutes, il
avait un gros poisson! Mec, comme j'aimerais pouvoir faire ça!
Rires.
Don: Mais pendant de temps, lui, il souhaitait pouvoir faire de que je fais,
donc
Rires.
RTJ: Que fais-tu d'autre pendant tes congés à part de la musique?
Don: Bon, j'ai un bateau. J'aime les sorties sur l'eau. C'est une réalité
complètement différente de celle des autoroutes et du trafic
automobile. Mon boulot est très intense, tu l'as constaté l'autre
soir. Il y a une grosse sono. C'est fort; il y a du feedback, la foule t'acclame,
il y a des relations publiques. Alors quand tu sors sur l'eau, tu n'as plus
qu'à te laisser aller. Et tu te laisses aller encore un peu. C'est
comme si t'étais sur un nuage. T'es complètement en dehors de
la réalité du travail en tournée. On fait plus de cent
endroits différents par an, on fait ça sans arrêt. C'est
une pause loin de la méchanceté.
RTJ: Hold On Loosely de 38 Special est sur le Guitar Hero. Comment est-ce
arrivé que des mecs comme vous soient partie prenante dans un des jeux
vidéos les plus chauds qui se soient répandus dans le pays?
Don: Ce n'est pas rien, hein? Nous avons réellement étés
surpris qu'ils l'aient choisi.
C'est (le jeu! NdT) Rocks The 80s, Guitar Hero Rocks The 80s.
La meilleure des choses à ce propos est que cela présente notre
musique à tous ces gamins. C'est comme ça que
nous avons vu des tas de gamins écrire via le site web et ils parlaient
de ce morceau.
Il y a aussi une autre chanson sur le Guitar Hero qui s'appelle Stone Cold
Believer.
Si on en revient aux radios qui sont tellement fractionnées et formatées,
ils ne sont pas confrontés à la bonne musique des 80s,
ni aux morceaux bien écrits. On a toujours pensé
que les 90s ont amené comme un vide à cause de tout
ce grunge rock, on les a appelés les "contempleurs de grolles".
Les mecs étaient juste pleins d'angoisse existentielle et fixaient
sans arrêt le sol, jouant ce genre de morceaux monotones qui n'ont pour
eux aucune réelle spiritualité, ni aucune puissance bluesy.
La résurgence du rock des 80s et du classic rock, c'est
à cause du vide sidéral laissé pendant 90s.
Les gens regardent vers le passé à cause de ça, et ils
réalisent qu'il y avait beaucoup de bonnes chansons qui étaient
bien écrites. Faites par des mecs compétents qui connaissaient
leur art et s'y étaient entraînés.
Autre chose, ces guitaristes des 90s devaient connaître
cinq ou six accords et ils arrivaient à en faire quelques morceaux,
mais ils n'avaient pas réellement étudié les "grands".
Tu sais, les mecs du blues, Muddy Waters, Clapton et Hendrix, Jimmy Page,
tout ce qui alors nous a structuré quand on a grandi. Nous avons été
obligés d'apprendre notre art et d'y être compétents parce
que la compétition était très rude. Maintenant, avec
Guitar Hero, dans un certain sens, c'est pire parce qu'ils jouent sur une
guitare en plastique et arrivent à se faire une amorce de plan dessus
et n'apprennent pas réellement quelque chose.
Mais de toutes façons, pour en revenir à Guitar Hero, quelqu'un
m'a envoyé une vidéo de gamins provenant de Youtube, je veux
dire des gosses, probablement âgés de huit et dix ans et ils
étaient en train de chanter Hold On Loosely et un des gosses se penche
vers la caméra et dit Cette chanson est la meilleure jamais écrite!
C'est juste une chose merveilleuse pour moi
de voir des petits enfants qui ont été mis en contact avec ça.
Ils vont grandir et ça prolonge notre carrière. Toute cette
résurgence, en particulier les enfants mis en contact avec tout ça,
c'est fantastique. Ça permet à notre carrière de continuer
à vivre. Comme j'ai dit auparavant, on ne peut pas télécharger
un concert, alors ils viendront au spectacle pour le voir en live. Nous voyons
beaucoup de gamins quand nous sortons. Tu vois beaucoup de parents avec leurs
gamins,
ils les élèvent bien. (Il rit)
RTJ: C'était une des questions que je m'apprêtais à te
poser: alors que le jeu s'adresse aux plus jeunes, je me demande si vous voyez
votre public rajeunir au fur et à mesure des années. Il semblerait
que ce soit le cas.
Don: Ouais. Les parents ont grandi alors que leur grand frère avait
le disque et qu'ils y en subissaient l'influence. Les fans vous suivent, ils
restent avec vous à cause, encore une fois, du vide sidéral
laissé par une autre musique qui ne véhiculait juste pas la
même passion. Alors oui, on rencontre de nombreux fans avec de jeunes
gamins quand on sort. La nuit dernière, on jouait et ils étaient
quelque chose comme quatre
J'ai pu les repérer. C'était
quatre mecs d'environ
12 ou 13 ans, des gamins. A travers le rideau de la scène... La bande
d'intro retentissait et les lumières bougeaient partout et tout s'est
enchaîné. Ils se topaient-là entre eux tout le temps lors
du set quand nous avons abordé les morceaux connus, et je les observais
du coin de l'oeil dans la foule, là et ils se tenaient les uns à
côté des autres. Ils étaient tellement excités
d'écouter leurs chansons favorites, se topant-là et s'étreignant.
Ce soirlà, à la base, j'ai juste joué pour ces
quatre gars!
On rit tous les deux.
Don: Il faut leur mettre le frisson, tu sais. Parce que c'était nous.
Nous aussi sommes allés
à des concerts, nous avons fait la même chose quand nous étions
gamins.
On est allé voir Led Zeppelin pour six dollars.
RTJ: Whoo-ah! C'était le bon temps!
Don: Donnie était avec moi. Nous étions tous ce même genre
de gamins plantés là en se congratulant du style: Oh mon
Dieu! Je ne peux pas croire que ce soit aussi bon! C'est juste une décharge
électrique pour moi, une bonne poussée pendant que je jouais
pour ces mecs. Tu as tendance à retrouver dehors les gens qui sont
des fans majeurs. On a vu des larmes dans les yeux des gens. Parce que ça
les renvoie à leur propre histoire de vie, ils y ont attaché
leurs propres souvenirs émotionnels. A l'époque, ils allaient
à la fac, ou ils avaient rencard avec quelqu'un ou ils ont perdu quelqu'un,
alors les morceaux parlent à leurs curs. C'est le genre de personnes
qu'on aime voir, parce que ça nous met sur le qui-vive. Nous voulons
insuffler à ces morceaux autant de passion que quand nous les avons
joués pour la première fois. Nous les avons joués des
milliers de fois, mais si nous nous contentions chaque soir de nous répéter
mécaniquement, ce serait casse-pieds pour nous, donc nous essayons
de trouver ce facteur commun, de faire sortir ce lien émotionnel qui
nous entraîne à y aller Hey, ce morceau était sincère
à ce sujet quand nous l'avons écrit et nous allons y mettre
la même passion, là, tout de suite.
Parce que cette vérité est encore vivante.
RTJ: Des classiques intemporels, c'est sûr.
Don: De notre point de vue, Ronnie VanZant a été un grand mentor
pour le groupe. Il nous a dit ça il y a longtemps, il était
plus vieux que nous. Il a dit : N'essayez pas d'être un clone
de quelqu'un d'autre. N'essayez pas de copier ce qui a déjà
été fait. Essayez d'être vous-même. Mettez de vous-même
dans votre musique. Mettez-y votre propre vérité. Parce
qu'on ne peut renier la vérité, quelque soit la manière
dont elle est structurée. Les gens sont encore concernés par
ça.
Oh baby I miss you, I want you., c'est une histoire convenue.
De toutes façons. C'est une forme de convention. Des morceaux comme
Hold On Loosely proviennent d'une procédure de divorce que je traversais
alors au début des 80s. C'est en passant par des trucs
négatifs comme ça qu'est venu un message positif et cette vérité
fonctionne toujours. C'est pourquoi les gens se sentent encore concernés
par ça. Tous ces morceaux, Caught Up In You était sur une fille
avec qui j'avais rencard à l'époque. Je ne pouvais terminer
aucune tâche, je me suis seulement laissé emporter par elle tout
ce temps. Et là, ça a été comme si une ampoule
lumineuse avait surgi sur le haut de ma tête. J'ai pensé : Wow!
C'est un super titre pour une chanson! Tu retournes au boulot. C'est
comme une carte routière. Tu écris d'après le titre et
tu racontes ton histoire.
C'est comme ça que devrait être l'art. La beauté réside
dans sa simplicité.
RTJ: Nous parlions de Guitar Hero
qui est ton Guitar Hero?
Don: Un paquet d'entre eux. Mais quand j'étais môme, je voulais
toujours être Eric Clapton.
J'avais ses posters aux murs. Son toucher et son style de jeu étaient
ardents. Ensuite, je suis passé à Leslie West de Mountain. Il
jouait sur une Les Paul Junior tout comme moi encore aujourd'hui. C'est juste
une planche de bois qui a une bonne résonance. Il était vraiment
excitant. Il était juste un de ces mecs qui vous causent des frissons
parce qu'il arrive à la faire parler
(la guitare! NdT). Jeff Beck, puisqu'on parlait de faire causer une guitare!
Jeff Beck la fait sonner comme si une voix humaine en sortait tu sais.
Je l'ai vu il y a à peu près deux ans. On a fait une tournée.
Il n'a pas chanté une note. Tout est instrumental. Ça dure une
heure cinquante
et ça finit trop vite parce que tu es fasciné par la technique
de ce mec.
J'en ai parlé à quelqu'un, j'ai dit: Y'a pas ça
sur ma guitare!
Nous sommes tous deux morts de rire!
Don: (encore plié) J'ai besoin d'une remise à niveau ou quelque
chose comme ça!
On continue de plus belle à se marrer.
Don: Mais quoi qu'il en soit, retour aux grands de la guitare
Billy
Gibbons de ZZ Top, l'ignoble réalité du Texas Blues. Et bien
sûr la totalité de Hendrix et Muddy Waters. En fait, j'ai eu
une chance de m'asseoir et
Taz du Charlie Daniels Band est un grand
fan de blues, le clavieriste, Taz. J'étais assis et j'ai parlé
à Muddy Waters une fois, juste moi. C'était il y a des années
à Atlanta. Nous avions terminé un album dans le Connecticut.
38 Special avait fait un album chez Dan Hartman. Dan Hartman était
le bassiste de l'Edgar Winter Group. Peu après que nous l'ayons fait,
Muddy Waters est venu et a fait un album là-bas produit par Johnny
Winter. La maîtresse de maison était une Jamaïcaine, Elzra
et elle cuisinait toutes ces grandes tables de nourriture, simplement toutes
les sortes de nourriture jamaïcaine. Muddy, il était déjà
âgé à l'époque,
il aimait Elzra.
On rit tous les deux.
Don: Il avait le béguin pour elle. Lorsque je lui ai parlé,
je l'ai vu en coulisses. J'ai dit : Je voulais juste vous serrer la
main et vous remercier pour toute votre influence. A propos, j'ai bouclé
un album avec Dan Hartman et je ne sais pas si vous vous souvenez d'Elzra
ça l'a bien réjoui!
Il a démarré : Lui avez-vous parlé? Comment va-t-elle?
Je me suis assis là et j'ai parlé avec lui pendant un moment.
Il a parlé sur la façon dont les vieux artistes ne parvenaient
pas à toucher leurs récompenses provenant des royalties. Il
avait toutes ces histoires sur la façon dont ils étaient arnaqués
et tout ça. Et il a continué sur le même thème.
Tout à la fin, j'ai dit : Bon, je ne vais pas vous tenir la jambe
plus longtemps Muddy. Cela dérange-t-il si je pouvais avoir votre autographe?
Je ne demande vraiment pas son autographe à n'importe qui. J'avais
une vieille carte d'un studio dans ma poche que quelqu'un m'avait refilée,
et je l'ai juste sortie et il l'a signée au dos Muddy Waters.
J'ai gardé cette carte. Il est décédé à
peu près cinq ans après et j'ai gardé cette carte pendant
*des années. Un jour, je suis sorti et j'ai acheté un grand
poster et je l'ai monté et encadré
et j'ai mis dedans la petite carte qu'il a signée. C'était juste
un court petit souvenir de mon entretien privé avec Muddy Waters.
RTJ: C'est une histoire excellente!
Don: Taz ne peut toujours pas y croire. Ça donne un truc du genre :
Je ne peux pas arriver à croire que tu as pu t'asseoir et parler
avec! Je n'arrive pas à le croire!
RTJ: Quand tu as commencé ta carrière, c'était le règne
des vinyls qu'on pressait et maintenant nous téléchargeons des
MP3s. Penses-tu que l'avènement des MP3s a été
bonne ou mauvaise pour le groupe?
Don: Et bien, tu sais
la technologie va de l'avant. Que peux-tu y dire?
Le son digital est un peu cassant. Nous aimions la chaleur du vinyl. Moi même,
j'utilise un iTunes et je me suis fait une grande discothèque de toutes
mes chansons favorites. Ça a probablement touché l'industrie,
oui, je sais que c'est le cas. Si on se replace en, par exemple, 1987, le
disque numéro un au hit-parade vendait à peu près 450
000 exemplaires par semaine.
Aujourd'hui, sais-tu combien vend le numéro un?
RTJ: Non
Don: environ 60 000.
RTJ: Vraiment?
Don: C'est l'attaque du dollar économisé pour se distraire.
Les jeux vidéo et les Game Boys
Guitar Hero et toutes ces sortes
de choses. Maintenant les gens ne sont tout bonnement pas prêts à
sortir de chez eux et dépenser $15.99 pour un disque dans lequel ils
ont seulement entendu une chanson qu'ils aiment à la radio, ils n'ont
aucune certitude sur tous les autres morceaux. Beaucoup de CDs comportent
un paquet de matériel de remplissage et de cette façon les gens
sont très forts pour se contenter d'un single. Ils prennent
le morceau qu'ils aiment
et ils passent à autre chose.
Quelqu'un m'a dit récemment qu'ils étaient dans un magasin de
disques, une vraie boutique de briques et mortier, qui s'est aussi retirée
des affaires. Une petite fille était là avec sa maman et elles
recherchaient quelque chose et je pense que c'était la nouvelle Maroon
5 qui est sortie. La mère s'est tournée vers la fille et a dit
: Regarde, voilà la nouvelle Maroon 5. Ne veux-tu pas l'acheter?
La petite fille a dit J'en ai déjà une. C'est ça
leur mentalité.
Ils ne suivent pas un groupe comme ils le faisaient autrefois dans les 80s.
Si tu étais un fan, tu achetais chaque disque. On a sorti une quinzaine
d'albums et les gens ont chacun d'eux. Désormais, cela ne se passe
plus comme ça. C'est cet état d'esprit. Ce complet endoctrinement
dans l'âge du numérique, ça fait mal à beaucoup
de gens. Mais en même temps, de retour à mon commentaire sur
le sujet, si tu télécharges un morceau gratuitement, il y a
des chances pour que tu deviennes un fan. Tu vas aimer la musique. Tu touches
plus d'oreilles pour les mêmes singles et il y a des chances pour qu'ils
regardent sur Amazon.com et trouvent ce qu'on peut acheter, le CD complet
pour $9.99, et là il y a tous les hits de toutes les années.
Donc je pense que ça devient positif, à nouveau, pour les concerts.
Les gens viennent aux concerts qu'on ne peut pas télécharger
: là il faut y aller pour voir ça en vrai, et c'est ce que nous
voulions quand nous étions gamins. On voulait voir ça en vrai.
On voulait les voir le faire. Dans un sens, ça aide les groupes les
plus anciens. Ces temps-ci, c'est dur pour ceux qui sortent leur premier album.
Ça devient dur. Vous pouvez vous retrouver à changer votre fusil
d'épaule l'année d'après.
RTJ: Tellement vrai.
Don: J'ai remis le nez dans quelques vieux magazines Rolling Stone au grenier.
Je déménageais des trucs. Tu vois ces mecs en couverture de
Rolling Stone et l'année suivante, ils sont partis! Jamais plus entendu
parler. C'est ainsi que la longévité est devenue notre premier
but, c'est ce que nous avons réussi. Nous ne voulions pas n'être
qu'un feu de paille. Nous essayions de défendre chaque morceau en y
ajoutant quelque chose de mieux, quelque chose qui pourrait se battre sur
le marché. Avoir plus d'oreilles pour la musique, plus d'auditeurs
et avoir plus de passages en radio et de classements dans les hit-parades.
Nous avons été capables de le faire et nous avons été
chanceux de traverser une époque où on pouvait avoir trois ou
quatre shows dans un spectacle. Beaucoup de gens ne font plus ça. C'est
pourquoi la Volunteer Jam de Charlie était une bonne chose. Il a eu
quatre groupes là-dedans avant. La longévité était
notre but premier et nous l'avons fait et nous sommes capables de continuer
à regarder de l'avant vers le futur et à innover et à
essayer de se mouler dans l'âge du numérique et continuer à
avancer.
RTJ: Vous les mecs, vous avez sans aucun doute la longévité.
Vous êtes restés ensemble depuis plus de trente ans.
Don: Le groupe est resté ensemble plus longtemps que la plupart de
nos mariages!
On rit tous les deux.
Don: Un groupe, c'est comme un mariage. C'est à la fois donner et prendre.
Il y a un accord explicite, une coopération et un soutien dans un groupe.
C'est comme une seconde famille.
Nous avons trouvé la tolérance entre nous. Nous sommes tous
amis. Tu peux dire que nous nous sommes débrouillés. Nous faisons
une bonne entreprise et nous la faisons bien. Nous avons tous un respect mutuel
et c'est le genre de choses que tu dois avoir. Il y a quelques personnes qui
sont venues et reparties au cours de ces années et qui n'avaient pas
ça. On aime être amis. Nous venons tous de la même enfance
pauvre. Alors quand vous avez souffert ensemble...
Nous avons traversé toutes les galères. Tous les clubs miteux
qui s'ouvraient.
Quand vous souffrez ensemble, vous vous renforcez, en tant que groupe, en
tant que formation
RTJ: Ce boulot est déjà assez dur sans mécontent dans
le groupe.
Don: Ouais. On a dû assainir les rangs en désherbant, tu sais.
On rit tous les deux.
RTJ: Et bien Don, j'aimerais te remercier d'avoir discuté avec Road
To Jacksonville aujourd'hui.
Don: Sois sûre, Michelle, que c'était un plaisir.