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Interview
Christophe Marquilly

par Y. Philippot-Degand - avril 2008

RTJ : C'est avec grand plaisir, Christophe, que je t'ai retrouvé cette année à Charmont, et je te remercie de bien vouloir répondre à ces quelques questions pour RTJ. Tout d'abord, connaissais-tu Charmont de réputation avant de venir, et comment s'est décidée ta venue ici cette année?

C. Marquilly : Non, pas spécialement, ce sont eux, « Plug and Play », qui m’ont invité.

RTJ : Au final, comment as-tu trouvé ce festival?

C. Marquilly : J'ai trouvé ça super bien organisé, des gens qui croient en leur projet et 400 personnes à l'arrivée, bravo.

RTJ : Tous les observateurs avec qui j'ai pu parler n'ont pas manqué de souligner la qualité de ta prestation,
qui nous a tous impressionnés. Comment l'as-tu vécue sur scène?

C. Marquilly : Sur scène ça va vite. Ma formule trio ne laisse pas de place à l’erreur, et mes titres ne sont pas faciles
à jouer à 3, donc je prends des pros… mais sur scène ça passe trop vite !!

RTJ : Au cours de cette prestation, tu as abordé un peu toutes les époques, du premier album de Stocks à ton dernier CD deux titres, dont nous allons reparler. Pourtant avec les Outsliders, tu évites soigneusement les morceaux que tu as écrits, à part "Rêve d'Irlande". De plus, tu te produis en power-trio comme à l'époque de Stocks. Peut-on alors dire désormais
que les concerts de Marquilly sont quelque part le prolongement de la carrière de Stocks?

C. Marquilly : Stocks est le groupe dont je suis le créateur et l'auteur compositeur de tous les titres, donc il y a une continuité dans les compos, une évolution plutôt. Outsliders, c’est pour faire joujou, je joue des gens que j'aime
mais c’est pas moi…

RTJ : A propos de trio, peux-tu présenter tes nouveaux partenaires, Fabrice Debels (basse et chant)
et Thomas Gonzalez (batterie et choeurs)?

C. Marquilly : Fabrice, à la basse et voix, chante super bien, une voix proche de la mienne, mec humble, pro, que du bon. Thomas aux caisses joue super bien, mental d'enfer, il sera un grand batteur rock et il chante aussi. J'aime ces mecs, ils prennent des risques, ça me change des opportunistes qui font ça pour se payer les clopes !!!! (J’ai les noms si il faut).

RTJ : Comment s'est bâtie ta set-liste? Au feeling? Etait-elle particulière à Charmont?

C. Marquilly : Set-list au feeling suivant le timing, rien n'est arrêté.

RTJ : Comment s'est décidée cette inattendue mais enthousiasmante version de "J'vais craquer" avec Plug'n play?

C. Marquilly : Plug and Play m'ont fait l'honneur de jouer un de mes titres, et c’est toujours émouvant,
ça sonnait vraiment bien cette song. Voilà, quand c’est dans l'esprit, c’est magique… Merci à eux.

RTJ : Depuis qu'on se connaît, tu sais l'importance qu'a eu ta musique dans mon évolution musicale, or j'ai retrouvé
depuis cette influence chez John Molet de Calibre12 et chez Plug'n Play, et je suppose que nous ne sommes pas les seuls, loin de là. As-tu conscience d'avoir marqué toute une génération de musiciens, de servir de référence pour eux,
et comment le vis-tu?

C. Marquilly : Ho, je sais pas si j'ai beaucoup d influence sur cette scène. Tant mieux si c’est le cas:
je sais que ces mecs sont purs et vrais, et ça, c’est une denrée rare man, tu peux m’croire (j ai des noms aussi là !!!).

RTJ : Tu viens de sortir un nouveau CD deux titres, aux textes très travaillés. Depuis "Trois", on sent une maturité
qui se traduit par une profondeur et une diversité nouvelles des textes. Peux-tu nous parler de cette évolution?

C. Marquilly : Il faut allier le feeling à une histoire en français, c’est dur mais c’est comme ça que je bosse.
Je suis pas pop !!! J'aime pas ça, le consommable en musique, alors je me dis qu'il en restera quelque chose peut-être.
Une chanson, c’est de la matière d’âme, sinon c’est d’la daube …

RTJ : Si j'ai bien compris, ce nouveau CD est le premier étage d'une fusée qui doit aussi comporter un album entier.
As-tu des précisions à nous donner sur ce projet? Aurons-nous la chance de pouvoir disposer de la version studio du magnifique "Rêve d'Irlande", aussi splendide en trio qu'en duo acoustique avec Outsliders?

C. Marquilly : CD ? Ben si j’ai des gens pour m'aider à le sortir, des vrais, pas des branleurs comme j'ai connu sur l'album
3 de Stocks, mais oui c’est en vue, mais pas n'importe comment... à voir, prudence…

RTJ : Que ce soit sur "Rêve d'Irlande" ou sur "Fiora", on décèle de plus en plus d'influences celtiques dans ta musique.
Est-ce le résultat de tes fréquents séjours cette magnifique région qu'est la Bretagne?

C. Marquilly : J'aime le côté celtique, suis amoureux de la Bretagne! Mon p'tit bateau m'y attend chaque année, j'y finirai ma vie dès que possible: Brocéliande, Merlin, les huîtres à Cancale avec un p'tit coup d'blanc, y a quoi de mieux ?
Le ciel change tout l'temps comme la mer, c’est beau à crever, surtout que les Parigots continuent à s'faire cramer la couenne à St Trop' ! Ça fait de la place ….Là-bas, y a 4 saisons en 2 heures, comme l‘Irlande.

RTJ : De même, on retrouve aussi dans certains de tes textes ce souci de l'équilibre entre l'homme et la nature, sujet particulièrement sensible pour les Bretons que tu rencontres régulièrement, durement touchés comme on le sait par les marées noires et les excès d'une agriculture intensive. Cette sensibilité a-t-elle été toujours présente en toi, ou a-t-elle fait progressivement son apparition plus récemment?

C. Marquilly : La nature, c’est fondamental. J'ai chassé dès 14 ans, je connais plein de noms d'oiseaux, je pêche aussi
et je vois les dégâts dans les deux activités, les abus aussi, j'aime pas les viandards ni les écolos fachos, bref mort aux cons! « Vaste programme » répond le Général (ça c'est du vrai : De Gaulle). (Authentique, lors d'un meeting en 1968:
C. de Gaulle avait aussi un sens très particulier de l'humour…NdR)

RTJ : Il y a maintenant environ 25 ans (!), tes textes décrivaient de manière très juste le malaise individuel des gens "différents", authentiques, et soucieux de ne pas se jouer la comédie ou de se trimballer avec un masque, mais qui ont
du coup du mal à "prendre leur place dans le trafic", comme dit la chanson, et à l'époque beaucoup de gens s'y étaient retrouvés. On le note encore aujourd'hui dans de magnifiques morceaux comme "Tellement fragile", mais il semblerait que maintenant tes textes s'orientent un peu plus vers des soucis plus "collectifs" ou altruistes. Comment expliques-tu cette évolution de ton inspiration?

C. Marquilly : Les textes changent comme les cicatrices, y a des mots plus forts. J'aime toucher les gens, car on sait bien que nos douleurs sont les mêmes pour tous, c‘est banal en fait. Alors avec de la musique autour, ça passe mieux…
j écris différemment aujourd’hui, heureusement …

RTJ : On connaît tes liens avec John Molet, mais que connais-tu de la "nouvelle" vague sudiste en France, Natchez
et Plug'n play, qui étaient à Charmont, mais aussi General Lee Band, Truckers, Texaroma, Diesel Dust, Mainstreet,
et même tes voisins de Swamp, sans compter le retour de Bacchus et de Michel Levet avec son Mimi King ?
Suis-tu l'évolution de cette scène?

C. Marquilly : John Molet et moi, on s’voit pas souvent, et à chaque fois c’est comme si c’était hier. Si j'crève avant lui
et qu'il vient pas à mon enterrement, j’ferai vraiment la gueule dans ma boîte…
C’est tous ces mecs comme John qui me font avancer aussi.

RTJ : Quelle musique écoute Christophe Marquilly au printemps 2008?

C. Marquilly : J'écoute du classique !! Du piano, Mozart, Requiem de Verdi, Samuel Barber à pleurer, d'ailleurs je pleure !!! Du rock, AC-DC, ZZ Top, dès fois Winter, Johnny hein, pas l'autre-là, Ophélie ! Quoiqu'elle soit bien bellote !!
Et la radio quand je veux me faire du mal (avec la nouvelle chanson française !! Là je me marre grââve)…
Et Biréli Lagrène, lui y m'donne envie d’arrêter la guitare tellement c’est up !!!!

RTJ : Aujourd'hui, que peut-on souhaiter à Christophe Marquilly, à part faire bonne pêche cet été dans la Manche?
C. Marquilly : J'aimerais faire Taratata et "Rêve d Irlande" avec 10 cornemuses au cul pour leur montrer que…

RTJ : Comme tu le sais, sur RTJ, nous terminons souvent par une question musicale.
Peux-tu nous citer les cinq guitaristes dont tu reconnais le plus l'influence sur ton jeu, ton écriture et ton inspiration?

C. Marquilly : Steve Ray, Gallagher, Billy Gibbons et un ami (du moins j'espère) Gildas Arzel qui est un grand musicien, guitariste compositeur, bref énervant quoi !! Du talent…et gentil avec ça.

RTJ : Bon ça fait quatre, ça ira! Merci beaucoup Christophe, et au plaisir de te recroiser bientôt.

C. Marquilly : See you soon, man, kenavo !

Christophe Marquilly: www.marquilly.com