OTEIL
&THE PEACEMAKERS
Believer
Musiciens
:
Oteil
Burbridge - bass
Chris Fryar - drums
Mark Kimbrell - guitar
Matt Slocum - keybaords
Paul Henson - vocals
Bon, cette
fois au moins, vous n'attendrez pas trois ans la chronique de la dernière
production d'Oteil, ci-devant bassiste titulaire chez l'ABB. Depuis "
The Family Secret ",
Oteil a réussi à pas mal tourner avec ses Peacemakers dans les
créneaux laissés libres par l'ABB tout en maintenant un groupe
stable. La formation actuelle a gagné en compacité,
en cohésion et en complicité ce qu'elle a perdu en variété
de timbres et richesse d'arrangement. Trois raisons à cela : le groupe
a bien profité de son expérience scénique,
il compte un membre de moins (plus de Kebbi Williamson au sax), et Matt Slocum,
le remplaçant de Jason Crosby aux claviers, ne maîtrise ni le
violon, ni la trompette comme
son prédécesseur. Par contre, aux claviers, c'est un tout bon
Pour compenser cet éventail plus restreint, outre une impression d'unité
renforcée, on remarque une palette de sons plus large chez les instrumentistes,
en particulier chez
Mark Kimbrell. Même Oteil a troqué un instant sa moderne 6 cordes
pour une bonne vieille Gibson EB-2 de 69 à quatre cordes seulement
(" Tubby "), histoire de faire varier les timbres tout en restant
fidèle à un son semi-acoustique, et il se lie plus franchement
à la guitare
et aux claviers pour tisser la trame mélodique des morceaux. Chris
Fryar pose toujours le tempo avec à la fois inventivité, swing
et rigueur. Et comme Paul Henson continue à s'affirmer au chant
On sent le groupe à la fois plus soudé et pourtant toujours
prêt à innover et à faire
évoluer les morceaux. D'ailleurs, et d'après Oteil lui-même,
les morceaux joués sur scène aujourd'hui se sont sérieusement
modifiés depuis leur enregistrement, au point où notre bassiste
souhaite désormais vivement la sortie d'un DVD live pour rendre compte
de cette transformation.
Musicalement parlant, pas d'affolement : nous avons toujours affaire à
un jazz moderne, complexe, plus ou moins fusionné suivant les climats
développés, avec de la musique expérimentale, du blues,
du funk et du gospel, sans compter des tas d'autres influences
très diverses, tout en restant très abordable pour des non-spécialistes.
Attention toutefois, le gospel ici visé (" Church Groove ")
n'a rien à voir avec votre chorale paroissiale, mais voisinerait plutôt
avec la frénésie débridée de James Brown dans
les Blues Brothers !
La spiritualité et la religion, déjà bien présentes
chez les Peacemakers, habitent cet album, et imprègnent la plupart
des paroles, ou même des titres (" Sweet Lord "), y compris
le traditionnel solo d'Oteil qui conclue l'album (" Dexology ")
- il y a bien un " titre " caché plutôt déjanté,
mais chut !-. Oteil clame partout sa fierté d'avoir pu associer sa
musique,
sa spiritualité, et l'état d'esprit positif du groupe.
Trouverons-nous Dieu aussi " funky " (sic !) que lui ? Après
tout, il est peut-être béni,
un récent accident de moto (sale manie dans l'ABB !) l'ayant laissé
45 minutes entre la vie et la mort. Plus de peur que de mal, heureusement,
malgré quelques blessures.
Les possibilités musicales d'Oteil sont intactes, la seule conséquence
concernera la moto, désormais interdite par Mme Burbridge. Ouf !
Voilà un album riche et de qualité qui ne dépaysera pas
les aficionados du précédent,
et de plus judicieusement nommé puisque Oteil prétend ne plus
pouvoir produire une musique qui ne se réaliserait pas dans tous les
domaines, y compris spirituels. Il faudra donc s'habituer aux paroles pleines
de bonnes intentions et de foi en Dieu et en l'Homme, ce qui pourra en agacer
quelques uns, mais Oteil semble si sincère
Mais quant à prétendre comme lui que, 30 ans après, ses
Peacemakers sont l'équivalent réactualisé et plus jazz
(pour ce dernier point, on ne peut nier) de l'ABB, permettez-moi
de douter