Quel pied !!! Ces deux mots suffisent à résumer la soirée…

Quel concert magnifique, quel espace vivifiant de bonheur retrouvé le temps de quelques heures de joie partagée un soir de mars du côté du Zénith de Paris.
Queen, çà faisait vingt-et-un ans qu’on ne les avait plus vus, depuis leur passage à Bercy en 1984… On avait eu la chance de voir Brian May, en première partie de Guns n’ Roses, puis en solo à l’Elysée-Montmartre, parfois quelques bribes à la télévision… mais honnêtement Queen nous a beaucoup manqué durant toutes ces années. Un groupe unique, capable d’avoir un son novateur, des morceaux d’anthologie, des albums de qualité, une farandole de titres tous meilleurs les uns que les autres, cela fait quelques années que cela manque à l’histoire de la musique rock.

Bien sur Freddie n’est plus là… Que fallait-il faire ? Il fallait vivre, continuer à tourner, comme l’a fait Brian… Et puis, en septembre dernier, à la fête donnée pour les 50 ans de Fender, Paul Rodgers était présent. Paul Rodgers est aussi une icône du rock, et sa carrière au sein de Free, Bad Company, puis en solo, est tout à fait respectable. Paul et Brian ont joué ensemble lors de cette réunion, ils ont tapé le bœuf, et, comme on dit, le courant est bien passé ; cela a été si bien que l’opportunité de tourner ensemble est apparue comme une suite logique. Roger Taylor, le batteur mythique de Queen, a dit banco, mais John Deacon, le bassiste inspiré, créateur entre autres de « Another one bites the dust » a jeté l’éponge, officiellement il est retraité…

Donc Brian et Paul se sont entourés de bons musiciens, parmi lesquels Danny Miranda à la basse, ont répété un peu et se sont lancés dans une tournée européenne, sous le nom de Queen + Paul Rodgers… Bien sur, on pourra objecter qu’il n’y a qu’un demi-Queen, et certains pourront ergoter sur l’opportunité d’une telle réunion et de cette tournée.
A titre personnel, je pense que c’est une très bonne chose et je me réjouis de cette réunion et d’avoir à nouveau l’opportunité de voir Queen sur scène ; Brian May et Roger Taylor ont le droit, la capacité, la présence et même le devoir de rejouer en public les morceaux de Queen. Comme l’a dit Brian, à cause de la maladie de Freddie, certains des derniers titres composés n’ont jamais été joués live, et c’est dommage. La vie est courte, ne boudons pas notre plaisir, ouvrons les yeux et les oreilles et laissons nous entraîner par la magie de l’instant.

C’est donc dans cette optique que six mille fans ont rempli le Zénith de Paris ce mercredi soir ; salle comble, ambiance bon enfant, public de tous âges, mais présence de vrais amoureux du groupe et du rock. On remarque tout de suite une avancée de la scène vers le public, une sorte de tremplin pour mieux communiquer et transmettre le message musical. D’ailleurs, à propos de message, une sorte de musique transcendantale nous parvient aux oreilles pendant un bon quart d’heure avant le début du show, une sorte de mise en transe qui conditionne et focalise l’attention. C’est alors que la voix d’Eminem ( !) se fait entendre avec l’excellent titre de son film « 8 Mile »… Plutôt surprenant pour un concert de musiciens de rock classique ! Mais Queen a toujours su surprendre son public, et s’est toujours approprié avec bonheur les courants musicaux de qualité les plus divers.
Eminem se tait, Paul Rodgers entre…

Seul, son micro à la main, il chante a cappella les premiers couplets de "Reaching Out". Le public retient son souffle, quand arrive alors, grand et majestueux dans sa chemise blanche, « the man with the curly hair and the curly guitar », le héros Brian May… Un accord et on démarre à fond avec « Tie your Mother Down » ; dans le même temps le rideau s’abat et tous le groupe apparaît sous les feux des projecteurs. L’hystérie est à son comble et ne quittera pas l’audience pendant tout le morceau. Les musiciens ont tous le sourire aux lèvres, et ce qui frappe au premier abord, c’est la complicité que semblent avoir Brian May et Paul Rodgers. De toutes manières, pour que deux géants comme eux se réunissent, il faut qu’ils aient des atomes crochus, sinon ils n’auraient pas monté une telle entreprise. « Bonsoir Paris » nous lance Paul, et il enchaîne avec le très beau « Little bit of Love » ; les spectateurs soufflent un peu. Brian May dit quelques mots en français, et se lance dans un superbe « I want to break free » qui ravit le public. En 1984, Freddie Mercury se déguisait sur ce morceau ; Paul Rodgers se contente de bien chanter ce morceau entraînant et c’est très bien comme cela. Ce n’est pas facile pour ce grand chanteur de reprendre les titres créés par un autre, sans trop les changer mais sans les copier quand même, y ajouter sa touche personnelle mais ne pas les détourner ; Paul Rodgers s’en sort très bien et c’est un plaisir pour tout le monde. C’est reposant psychologiquement de ne pas toujours être obligé de comparer les versions originale et actuelle.

Côté scène, çà continue de plus belle avec « Fat Bottomed Girls » et « Crazy Little Thing Called Love », deux superbes morceaux entraînants et qui semblent créés pour être joués live. On arrive alors à un petit côté plus tranquille, un moment de calme où le temps semble arrêté, suspendu, quand Paul Rodgers vient seul s’asseoir sur le devant de la scène avec une guitare acoustique. Il nous chante « Seagull », et est rejoint par Roger Taylor aux bongos. Douce ambiance, Paul s’éclipse et est remplacé par le maître Brian, seul aussi avec la guitare acoustique. Brian communique avec le public, en français, et sait faire passer l’émotion. Il joue alors le superbe « ‘39 » de l’album « A Night at the Opera ». Enfin le non moins sublime « Love of my Life » qu’il dédicace à Freddie Mercury : il n’a pas besoin de chanter, le public le fait pour lui. Il conclut cet instant de magie par un « Unbelieveable » qui vient du cœur.

Il faut bien repartir et comme il le dit, il nous présente « Hammer to Fall », un morceau très rock, avec cette fois un début calme et acoustique, rapidement enchaîné par le groupe qui revient mettre un peu de pêche et de carburant dans le moteur. Paul Rodgers reprend les commandes et nous sert « Can’t Get Enough of your Love » avant de s’éclipser. Et là, Roger Taylor prend le micro et de derrière sa batterie nous sert son superbe « I’m in Love with my Car ». Brian May reste alors seul sur scène et nous gratifie d’un solo qui ne peut que laisser admiratif. Inspiré de celui gravé sur « Live Killers », il utilise avec merveille toutes les possibilités de sa guitare et de ses effets, devant un film projeté sur un écran au fond de la scène. Cette démonstration s’enchaîne superbement avec « Last Horizon » de son premier album solo, alors qu’il est rejoint par les autres musiciens. Roger Taylor reprend le micro et vient sur le devant de la scène pour interpréter « Days of our Lives », puis le très ludique « Radio Ga Ga ».

On enchaîne avec « I Want it All » chanté par Brian, joué très hard, et Paul revient pour « A Kind of Magic ». Encore un petit morceau de Bad Company « Feel Like Makin’ Love », tranquille, mais, même si le public apprécie, on ressent que les morceaux de Queen sont quand même plus attendus et appréciés. L’écran revient et, sous nos yeux embués, Freddie Mercury joue seul au piano l’intro de « Bohemian Rhapsody ». Les musiciens jouent en même temps que lui, et c’est bien Freddie qui chante avec nous ce soir-là. Parfois le temps s’arrête, et j’ai alors vu le Zénith planer… Paul Rodgers réapparaît après le pont pour aider Freddie à terminer ce titre historique, puis les musiciens s’éclipsent.

Sous la pression, et bien évidemment comme prévu, le rappel commence avec « The Show must Go On », un titre prémonitoire, qui est suivi par un très accrocheur « All Right Now » où le public donne de la voix. Pour clôturer le tout, on nous offre « We Will Rock You » bien évidemment suivi par « We Are the Champions ». Ce sont les champions, il n’y a rien à dire, tous les spectateurs présents ce soir d’exception en sont persuadés. Nos héros partent avec le sourire du travail bien fait et accompli, et la scène vide laisse planer les échos du traditionnel « God Save the Queen ».
C’est vrai, Dieu est avec eux !

QUEEN SET LIST

Reaching Out (Paul Rodgers solo)
Tie Your Mother Down
Little Bit Of Love
I Want To Break Free
Fat Bottomed Girls
Crazy Little Thing Called Love
---------------
Seagull (Paul Rodgers - acoustic guitar and Roger Taylor - bongos)
'39 (Brian May vocals/acoustic)
Love Of My Life (BM vocals/acoustic)
Hammer To Fall (Slow/Fast Version - BM/PR vocals)
---------------
Can't Get Enough Of Your Love
I'm In Love With My Car (RT vocals)
Guitar Solo
Last Horizon
Days Of Our Lives (RT vocals)
Radio Ga Ga (RT vocals)
I Want It All (BM vocals)
It's A Kind Of Magic
Feel Like Makin' Love
Bohemian Rhapsody (Freddie video vocals/PR)
---------------
Show Must Go On
All Right Now
We Will Rock You
We Are The Champions
God save the Queen