RTJ : Bonjour Ira, merci de nous accorder cette petite interview .Tout d'abord, en France on vous connaît assez peu, alors peux tu nous raconter globalement l'histoire du groupe, sa création et ses débuts avant la parution de votre premier album Same en 1975 ?

Ira Stanley : C'est un plaisir de parler de ce groupe. Je jouais en tant que guitariste dans divers groupes depuis mon enfance. C'est aprés avoir vu les Allman Brothers en 1970 et après avoir été tellement impressionné par leur approche de la musique, que j'ai décidé de monter un groupe pour faire ce genre de musique. J'ai contacté quelques potes, Steve Williams aux claviers, et Mike "Roscoe" Rousculp à la basse. On a commencé à chercher un batteur. A cette époque, Tony Paulus venait de finir son service militaire, je savais qu'il était un très bon clavier mais il ne s'était pas encore mis à la guitare. On l'a incorporé au groupe et il s'est très rapidement mis à la guitare. On a recruté un autre pote, Jerry Barnhart, pour la batterie. On a ensuite passé plusieurs mois dans mon sous-sol avant de faire notre premier concert. On a énormément tourné dans le sud entre 1972, jusqu'à notre séparation, en 1975. On a fait quelques grandes salles et ouvert pour des artistes comme Joe Walsh, Blue Oyster Cult, Ted Nugent, Roy Buchanan, Canned Heat. Le groupe est toujours constitué des mêmes membres aujourd'hui à l'exception de Steve Benson, à la batterie, qui nous a rejoint en 1998.

RTJ : J'ai réussi à écouter votre premier album Same par un ami, il est considéré comme un vrai collector
en vynil. Sera t il réédité en cd ?

I S : Cet album est très dur à trouver, le label n'existe même plus. Il a été produit à un très petit nombre en cd pour donner à des amis et pendant les concerts réunions que l'on a fait il y quelques années. On pense le ré-éditer plus tard dans l'année.

RTJ : Peux tu nous en dire plus sur cet album, votre façon de composer, qu'en espériez vous àl'époque ?

I S : On souhaitait simplement exprimer la passion que l'on avait pour cette musique. Le blues rock et le rock sudiste que l'on jouait, avec beaucoup d'énergie. On essayait de s'inspirer de certains arrangements pour les incorporer dans nos propres compositions. On a enregistré l'album fin 74, début 75. On a travaillé pendant un mois sur l'arrangement du titre du film "le bon, la bête et le truand". C'est un instrumental qui change tout le temps (solos, tempos...). Un autre titre est l'hommage à Duane Allman que j'ai appelé de son surnom, "Skydog". C'est juste du slide et une batterie. "Take a Look Around" et "Out of Money (Out of Gas)" ont eu quelques succès d'estime en radio.

RTJ : Musicalement on vous situe prés des Allman Brothers, je suppose que vous les connaissez
bien ? Est ce votre principale source d'influence musicale ? Dans la Famille du Southern Rock y a t'il d'autres groupes qui vous inspirent plus particulièrement ?

I S : Les Allman Brothers était bien sûr notre principale influence. Mais des gens comme Eric Clapton,
Leon Russell ou le Grateful Dead nous ont beaucoup apporté. On ne les a jamais rencontré mais on a joué dans certains des clubs où ils ont fait leurs débuts. J'ai eu la chance de rencontrer et de discuter avec
Dickey Betts à plusieurs reprises. J'aime en fait tous les groupes qui raniment la torche du rock sudiste.
Mais les Allman resteront toujours, pour moi, le groupe numéro un. J'aime beaucoup Lee Roy Parnell, aussi bien en tant que guitariste qu'en tant qu'artiste. Il est plutôt connu pour ses succès dans la country music mais il fait aussi quelques titres de rock sudiste sur son album "Tell the truth".

RTJ : Constates-tu une relève pour ce style de musique ?

I S : Je pense qu'il y a des musiciens capables de prendre la relève. J'ai récemment boeuffer avec
Lee Roy Parnell pour le GabbaFest à Macon et je dois avouer avoir entendu du très bon rock sudiste.
Grinderswitch joue à nouveau et le groupe de Mark May sonne très bien.

RTJ : Qu'avez vous fait pendant toutes ces longues années ? As tu formé un autre groupe ?

I S : Après la séparation de Dixie Peach en 1975, j'ai arrêté la musique. J'ai fini mes études et obtenu un diplôme dans les affaires commerciales. J'ai démarré une carrière de comptable et je me suis concentré
sur l'éducation de mes enfants. J'ai revendu tout mon équipement et je n'ai pas touché une guitare pendant huit ans. J'allais de temps en temps voir jouer quelques amis dans les clubs. Et un jour en 1983, un ami m'a demandé de taper le boeuf et ça m'a redonnée envie. Je me suis remis à jouer mais plus comme une passion. Depuis, j'ai joué dans plusieurs groupes, dans différents styles tels que le blues et le jazz fusion. Mais mon amour pour le rock sudiste et Dixie Peach était toujours dans mon cœur.

RTJ : Qu'est ce qui vous a poussé à vous réunir et d'enregistrer un nouvel album ?

I S : En 1997, Steve, Tony et moi parlions du groupe et du bon temps que nous avions eu. De plus, il y avait toujours des amis et des fans qui nous demandaient de rejouer. On a eu cette idée de remonter l'affaire
et de rejouer une dernière fois. Et donc, pendant l'été 98, on s'est mis à répéter pour jouer notre dernier concert. La réponse du public fût énorme, le club était plein à craquer. Cet intérêt du public nous a inspiré,
on savait qu'on avait encore quelque chose à dire. Les six mois qui ont suivi ont en partie été consacrés à travailler sur l'album qui est sortie en octobre 2002.

RTJ : Votre album est désormais vendu dans les meilleures boutiques de disques sur le net, qu'en espérez vous, Dixie Peach est il relancé ??

I S : On est de retour, certes, même si c'est de façon limitée ? On fait attention de ne pas trop sur-exposer
le groupe et on fait un choix assez sévère des endroits où l'on joue. On a récemment joué pour le
"Gibson Guitars NAMM show" à Nashville, et aussi au "Rock and Roll Hall of Fame de Cleveland (Ohio)".
On veut pouvoir avoir la chance d'écrire et d'enregistrer notre musique, et jouer pour des gens qui apprécient notre musique.

RTJ : Comment s'est fait le choix entre les reprises et les anciens morceaux ?

I S : Le choix se fait de lui-même. Pour les compositions, les titres sont écrits en pensant au groupe, donc ça se passe très bien. Pour les reprises, il faut trouver les bons titres pour montrer ce que l'on est capable de faire, mais aussi des titres sur lesquels on peut apposer notre patte. Par exemple, sur le cd, on a fait une reprise un peu costaud de "Blues power" de Clapton avec du slide, et une version de "Unchain my heart" de Ray Charles avec une concentration sur les solos de clavier.

RTJ : Est il facile pour Dixie Peach de tourner aux US ??

I S : On a toujours eu la chance de trouver assez facilement des plans ici aux USA. Mais depuis que notre album connaît quelques succès en Europe, on aimerait bien pouvoir faire quelques dates chez vous. On essaye de trouver un contact en France pour faire une tournée cet été mais pour l'instant les recherches sont infructueuses.

RTJ : Peux-tu nous dire le matériel que tu utilises sur scène côté guitare, amplis ?

I S : Sur scène, j'utilise une Gibson Les Paul reissue comme guitare principale et une SG pour le slide.
Mon ampli est soit un Dumble Overdrive Special ou un Fuchs Overdrive Supreme. Quelque soit l'ampli,
je mets deux Celestion 12" vintage derrière. Je n'utilise aucune pédale, mis à part une wah-wah de temps
en temps. Pour ce qui est du studio, c'est un peu plus marrant. J'utilise bien sur mon équipement de scène mais aussi d'autres choses. Sur l'album, j'ai utiliser un Bogner Shiva, un Mesa Boogie Mark IIB, un Carvin,
un Gibson GA 15, et un pod Line 6 connecté sur mon ampli scène. Sur quelques titres, j'ai utilisé également une Fender Stratocaster.

RTJ : Pour toi, le terme Southern Rock est il important ?? Est ce une marque de fabrique comme on dit ?

I S : Musicalement, pour moi, c'est un mélange de blues, de gospel, de rock et même un peu de jazz.
Quand le style s'est développé, un certain style de vie est venu s'y ajouter : faire ce que tu veux sans compromission. En d'autres termes, tu ne vendais pas tes idées pour un quelconque gain matériel.
Ca voulait aussi dire que tu acceptais les gens comme des frères et que tu respectais leurs idées.

RTJ : Peux tu nous relater les meilleurs et les mauvais souvenirs liés à Dixie Peach ??

I S : On a beaucoup de bons souvenirs. Roscoe faisait un journal avec tous les endroits où l'on jouait, la ville et même le cachet que l'on touchait. On était une équipe de potes qui passions notre temps à traverser le pays et jouer de la musique. Rien ne pouvait être mieux que ça. Un des souvenirs marrants était de faire toute une semaine en Floride et de gagner suffisamment d'argent pour pouvoir payer nos notes de bar.
Ca ressemble un peu aux Blues Brothers non ? Un autre bon moment s'est passé à Charlotte (Caroline du nord) dans un endroit qui s'appelait le "Lizzard Creek Ballroom". On y jouait assez souvent et ils nous appelaient le meilleur groupe de southern rock. C'était un bel hommage qui nous a énormément touché.
Et comme tous les groupes, on a eu notre lot de bagarres, équipement volé, argent dérobé et les rencontres avec des gens bizarres. Est-ce que je le referai ? La réponse est oui !

RTJ : Dernière question traditionnelle de RTJ, si tu devais retenir 5 albums de l'histoire du Southern Rock
ou du Rock, lesquels seraient tes préférés ?

I S : C'est dur de se limiter à cinq mais je vais dire :

- Allman Brother Band at the Fillmore East

- Derek and the Dominoes Layla album

- John Mayall and the Bluesbreakers with Eric Clapton

- The Paul Butterfield Blues Band (first album - Mike Bloomfield is incredible)

- Taj Mahal The Natch'l Blues

RTJ :Merci d'avoir répondu à nos questions et peut-être pourra t'on un jour, vous voir jouer en Europe.


INTERVIEW IRA STANLEY
DIXIE PEACH - Janvier 2004
Par Philippe ARCHAMBEAU / John MOLET / Traduction Dominique TURGOT