Interview de Christian Nicolas de BACCHUS
réalisée début Juillet 2006 par John Molet. ( contact de BACCHUS
nikais@wanadoo.fr )


La sortie officielle d'un album est elle synonyme d'un nouveau départ pour un des groupes mythiques du Blues Rock Français, une petite conversation avec Christian Nicolas un des membres fondateurs du groupe Bacchus doit logiquement nous éclairer !

RTJ: Salut Christian, quelle bonne nouvelle pour les Fans de Bacchus que ce nouvel album, mais avant d'en parler un peu j'aimerais que tu nous rappelles ( globalement bien sur ! ) l'histoire de Bacchus,
car tu dois sûrement te douter que beaucoup de passionnés de Blues Rock n'ont pas eu la chance de vous connaître à l'époque !

Christian Nicolas : Bacchus est né en 1973 de la fusion de deux groupes bragards naissants
(bragard = habitant de St Dizier) qui avaient sensiblement le même répertoire et les mêmes influences musicales (Cream, Johnny Winter, Deep Purple, John Mayall, The Doors, Status Quo …)
Dix années et beaucoup de musiciens (une vingtaine) qui se sont succédés autour des deux " piliers "
du groupe, le batteur Baldi et moi- même, les seuls à avoir vécu " l'aventure " Bacchus de bout en bout.
Et puis la séparation en 1982, après la sortie d'un 45t édité chez BBR " Le Beaujolais Nouveau est Arrivé / Double Rhum ". Une première reformation a lieu en 1991 sous le nom BACK' US (clin d'œil à un des premiers pseudonymes de Lynyrd Skynyrd : US), puis une deuxième en octobre 2002 ou l'on organise un repas concert pour fêter les 30 ans de la naissance du groupe.

RTJ : Le groupe etait musicalement trés influencé par le Rock Sudiste et plus particulièrement Lynyrd Skynyrd, peux tu approfondir un peu cette orientation majeure afin que les lecteurs de RTJ comprennent mieux qui était vraiment Bacchus ??

Christian Nicolas : Août 1975 : J'ai alors tout juste 20 ans et je rentre du festival de Knebworth en Angleterre pour aller assister à celui d'Orange dans le sud de la France. Je fais là-bas la connaissance d'un mec nommé Gégé qui habite à 50 bornes de chez moi et qui m'invite a passer chez lui au retour. J'accepte et c'est ainsi que je découvre dans la même soirée Lynyrd Skynyrd et ZZ Top. Vous avouerez que ça valait le déplacement !! Je flashe immédiatement sur ce mélange de rock et de country que propose Skynyrd et nous décidons dans Bacchus de nous atteler à ce nouveau style. Citer les titres que nous avons repris serait trop long, disons que nous avons joué environ 80% des cinq premiers albums.
La mission fut si bien menée que encore à l'heure actuelle St Dizier est l'un des endroits en France
ou il se vend le plus de Lynyrd Skynyrd en rapport de la population.



RTJ : Etiez vous confronté à des difficultés à l'époque en vantant la musique des Confédérés ??

Christian Nicolas : Pas vraiment, du moins pas du point de vue local. Les polémiques liées à la politique américaine passaient largement au dessus de la tête de notre public. Pour eux le drapeau sudiste était simplement un symbole de fête et de musique de qualité. Ce n'est que plus tard, quand nous avons commencé à avoir une renommée plus " nationale ", grâce notamment à deux victoires au tremplin du Golf Drouot et aux articles qui en avaient découlé sur " Best ", que nous avons ressenti qu'une certaine catégorie de journalistes nous considérait plus ou moins comme des …comment dire … peut être pas vraiment des fachos mais en tout cas pas des gens fréquentables.
J'ai toujours été surpris de constater que ce manque d'ouverture d'esprit venait le plus souvent de ceux qui prônent le plus la tolérance, de ces journalistes de cette gauche dite " caviar " dont le milieu social est, il est vrai, aux antipodes du nôtre ou de celui de notre public.

RTJ: Les textes de Bacchus ont souvent fait naitre un certain humour décalé comme par exemple:
"Le Beaujolais nouveau est arrivé", Double Rhum, Filles & Whiskey, Babar man Blues ... y avait il un message à chopper, et étiez vous tous sur la même longueur d'ondes lorsque vous composiez ??

Christian Nicolas : Les textes de Bacchus sont à l'image du groupe et de ses membres :
Simples, efficaces, souvent empreints de bonne humeur ou dédiés à la fête.
Je ne pense pas qu'il y ait un message particulier à capter, tout au plus un art de vivre…
En qualité de compositeur je pense que l'importance d'un texte tient moins à ce qu'il dit qu'à la façon dont il le dit. Si tu en doutes réécoute " ne me quitte pas " de Jacques Brel.


RTJ: Pour quelle raison Bacchus s'est il arrété ??, et qu' avez vous fait ensuite ??

Christian Nicolas : Je te rappelle que la première période de Bacchus a duré 10 ans... Il n'y a guère que des fous comme Calibre 12 pour faire mieux !! Plus sérieusement, je dirai que les problèmes que tous les groupes rencontrent (ce n'est pas toi qui me contredira) nous les avons surmontés pendant 10 ans avec un acharnement sans pareil, car Baldi et moi étions vraiment animés de ce qu'on nomme " le feu sacré ". Et puis, sans trop savoir pourquoi, en quelques mois il s'est produit comme un essoufflement. Non parce que nous avions plus de problèmes qu'avant mais simplement parce qu'il semblait que nous n'avions plus envie de nous battre. Bien sûr on peut trouver des raisons toutes plus légitimes les unes que les autres, mais je pense que Bacchus a d'abord cessé d'exister dans notre cœur, et qu'on en avait déjà fait notre deuil. Baldi et mois avons ensuite suivi des chemins séparés, lui a raccroché peu de temps après et moi j'ai voulu faire de la musique mon métier, en faisant d'abord des bals puis en 1995 en montant le groupe " What ".



RTJ : Avec du recul on s'aperçoit que Bacchus a laissé une trace dans le petit monde des passionnés de Rock Sudiste en France, le ressentez vous aussi ?

Christian Nicolas : De ce côté il faut avouer que nous avons-nous même été agréablement surpris de constater que personne ne nous avait oubliés. Lors du repas concert d'octobre 2002 pour le trentième anniversaire de la naissance du groupe dont je te parlais tout à l'heure, nous avons dû refuser plus de 100 personnes par manque de places, alors qu'un mois avant on se demandait comment on allait boucler le budget. La semaine dernière nous avons fait un mini festival dans notre région, entourés de groupes locaux, pour présenter notre CD, qui a attiré plus de 1200 personnes ! En période de coupe du monde c'est quand même pas mal, non ? Bacchus semble être devenu une sorte d'institution, au-delà de la musique, ou l'on se rend pour retrouver les potes et l'ambiance des " bonnes années "

RTJ: Quels sont vos meilleurs souvenirs de l'époque ?

Christian Nicolas : Des souvenirs je pourrais t'en raconter pendant des plombes, et, bons ou mauvais,
je t'assure qu'ils valent tous le coup ! Mais je vais me limiter à l'histoire de " Babar Man Blues ",
ou plutôt aux évènements qui ont conduits à la naissance de ce morceau :
C'était un soir de 1977 et mon pote Jo et moi avions décidé comme souvent d'aller boire un coup dans
un bar barisien (de Bar Le Duc) où nous étions tous des habitués et où le patron et le barman (Babar) étaient des potes. Du moins le croyait-on… Or il se trouve que ce soir là il y avait dans le bar en question une équipe de consommateurs patibulaires réputés comme faisant partie d'une bande de manouches bagarreurs et craints comme la peste dans toute la région.
Enfin quand je dis " craints " je parle de tout le monde SAUF de Jo, qui bien sûr, comme je le dis dans la chanson qui porte son nom, n'a peur de rien… Bref voyant que Babar ne s'en sortait manifestement pas avec ces perturbateurs et que la situation était sur le point de lui échapper, nous nous sommes mêlés à la mêlée et tout cela a fini dans une joyeuse salade de coups de poing dont je garde encore un souvenir en forme de cicatrice sur la lèvre supérieure. Tout cela n'aurait été somme toute qu'une banale histoire de baston, si le patron du bar, alerté et nous voyant en train de nous empoigner, n'avait pris le parti des manouches (certainement par peur des représailles) et ne nous avait proprement jetés dehors !!
Devant une telle félonie nous promîmes alors que la vengeance serait au menu de notre prochain repas, et nous sommes ainsi revenus deux jours après… à trente six.
Bilan : Le bar explosé, onze briques de dégâts et une relaxe en correctionnelle " au bénéfice du doute "



RTJ : Le Southern Rock a t'il toujours la meme place aujourd'hui dans vos têtes ??

Christian Nicolas : Le rock sudiste a aujourd'hui dans nos têtes la place qu'il a depuis trente ans. On ne renie pas, même si on le veut (et c'est loin d'être le cas), la musique qui a bercé vos meilleures années.
Le Southern Rock est à Bacchus ce que l'harissa est au couscous, enlevez le et ça devient un truc fade et sans relief. Ceci dit je ne pense pas que Bacchus mérite le nom de groupe de Southern Rock. Bacchus est un groupe de rock français influencé en majorité par la musique anglo-saxonne dont les groupes sudistes prennent une part importante, mais qui malgré tout possède une identité dans un style musical plus large que je qualifierai simplement de Blues-Rock


RTJ : Alors ce nouvel album ... je suppose que c'est toi Christian qui en a eu l'idée ??

Christian Nicolas : En fait cela s'est fait très simplement : Au départ le reformation de 2002 n'était pas destinée à durer. Il s'agissait d'un évènement ponctuel pour célébrer les 30 ans du groupe, et nous n'avions pas d'autre ambition que de faire la java avec les potes. Au cours des répétitions, j'ai eu alors l'idée de faire écouter aux autres membres de Bacchus quelques maquettes que j'avais dans mes tiroirs et que je comptais enregistrer soit sous mon nom soit en reformant un groupe, car je n'avais plus de formation depuis la séparation de What en 2001.
De fil en aiguille nous nous sommes dit qu'il n'était pas plus idiot de mettre ces titres dans le nouveau répertoire de Bacchus, plutôt que des quelconques reprises, puis tout naturellement nous avons décidé de les enregistrer sur ce qui allait être (enfin) le premier album de Bacchus !


RTJ : Comment s'est il réalisé ?

Christian Nicolas : Comme la plupart des groupes qui ont des petits budgets : Chez un copain qui a un peu de matos d'enregistrement et beaucoup de temps à consacrer au groupe.

RTJ : Les " Friends " de Bacchus c'est qui principalement ??

Christian Nicolas : A peu près tous les potes musiciens qui sont passés dans le coin pendant la période de l'enregistrement, anciens de Bacchus ou pas.

RTJ : Qu'en espérez vous de cette galette ??

Christian Nicolas : A titre personnel j'ai atteint le but que je m'étais fixé, c'est à dire mettre sur CD mes compos. Maintenant l'idéal serait de trouver une boîte de distribution qui accepterait de nous prendre dans son catalogue de façon à ce que le CD soit disponible partout en France. On y travaille…

RTJ: Mise a part la soirée de l'an dernier peut on espérer revoir Bacchus sur scène ??

Christian Nicolas : Sure, buddy. On fait un concert à la rentrée à Cousances (Meuse)
le 9 septembre et un autre à Tergnier (près de St Quentin) le 28 Octobre.

RTJ: Bon, je m'aperçois que pour une interview éclair je te pose quand même beaucoup de questions ,
je vais donc m'arrêter la ,...mais pourrais tu répondre quand même à celles que j'ai oublié et auxquelles il te semble important d'apporter les précisions pour les lecteurs de RTJ ??

Christian Nicolas : Je ne sais pas si tu as oublié des questions mais je vais m'arrêter car je m'aperçois qu'il est 3h09 du mat et il faut que j'aille me zoner.

So long,

Christian