interview de Rich Williams (KANSAS)
Réalisée par Michelle LaRose en Mai 2006.

Kansas a réussi une carrière brillante pendant plus de trente ans. Avec de tels hits que Dust in the Wind, Carry On and Hold On, ils ont assurément mérité une belle place dans les livres d'Histoire du
Rock n' Roll. Après avoir eu huit albums d'or, trois albums sextuple-Platine, un album live de platine
et un single vendu à plus d'un million d'exemplaires, Kansas continue à réjouir les fans avec leurs brillantes performances sur scène.
Phil Ehart, Billy Greer, David Ragsdale, Steve Walsh et Rich Williams sont connus collectivement sous
le nom de Kansas et, oui, il viennent du Kansas. Le guitariste soliste Rich Williams a trouvé un moment libre dans son emploi du temps surchargé pour discuter avec Road to Jacksonville.

RTJ : Votre nouvel album Works in Progress contient des morceaux enregistrés entre 1992 et 2002. Pourquoi n'y a-t-il pas des titres plus anciens (1974-1991) sur cette compilation ?

RW : Parce que cela a déjà été fait et refait plusieurs fois. Ces morceaux sur cette nouvelle compilation n'ont jamais vraiment été réunis comme çà. Ca a été fait tellement de fois avec Dust
et Wayward Son, dans le passé. Il n'y a pas vraiment besoin d'une nouvelle compilation avec
ces anciens morceaux.

RTJ : Pourquoi l'album s'appelle Works in Progress ?

RW : C'est une question que je me pose aussi. Ca se réfère plus à nous qu'à un groupe. Nous sommes toujours un groupe qui travaille (Work in Progress). Pendant les répétitions on se dit
'J'ai une idée pour ce morceau !'. On change toujours quelque chose à chaque moment.
Tout est en mouvement perpétuel.

RTJ : L'album sort en même temps qu'un dvd. Qu'y a t-il sur ce dvd ?

RW : Il y a des morceaux tirés du 'Live At The Whiskey'. Il y a des titres du Device Voice Drum dvd qu'on a enregistré il y a quelques années. Il y a aussi des remixes en Dolby 5.1 d'un album qu'on a enregistré avec le London Symphony Orchestra. 'Dust in the Wind' est réenregistré en 5.1, 'Hold On' est aussi refait. C'est comme se tenir au milieu d'une salle de concert. Il y a un son fabuleux !

RTJ : Vous avez au moins quatre albums qui ont été remasterisés (Point of No Return, Leftoverture, Masque et The Best of Kansas). Pourquoi ces albums ont-ils été remasterisés ?

RW : La technologie disponible pour remasteriser de nos jours est… Beaucoup de choses ont été enregistrées il y a des années sur vinyl. Ce sont des vieilles cassettes et il faut les réenregistrer parce que çà s'abîme. Ils les font passer à travers de nouveaux processus et ils rendent le son comme on l'a enregistré dans le studio à l'origine.

RTJ : Pourquoi Robby Steinhardt a-t-il quitté le groupe ?

RW : Nos chemins se sont juste séparés. Il avait besoin de partir. Et c'est OK. Meilleurs vœux.
Nous lui souhaitons le meilleur. Il est resté avec nous pendant près de dix ans.
Ca a été une décision mutuelle.

RTJ : Maintenant il y a David Ragsdale dans le groupe. N'était-il pas dans le groupe auparavant ?

RW : Oui. Il était avec nous avant. Nous étions sans violoniste pendant un moment et puis Steve Morse a été dans le groupe, et Ragsdale a joué avec nous pendant sept, huit, neuf, dix ans
je pense. Alors oui, il est de retour avec nous.

RTJ : Robby est parti et revenu. David est parti et revenu. Steve est parti et revenu.
Il semble que, bien que des musiciens soient partis et soient revenus comme çà, personne n'a vraiment claqué la porte en partant.

RW : Oui. C'est juste pour le mieux parfois. Prendre un autre chemin çà blesse souvent sur le moment, mais il y a toujours une bonne raison pour le faire. Nous essayons toujours de voir plus loin plutôt que regarder derrière nous. Nous continuons simplement à avancer.

RTJ : Vous êtes musicien professionnel depuis plus de trente ans. Que penses-tu de la différence entre un groupe qui signait pour une compagnie de disques à votre époque, et un nouveau groupe qui signe
un premier contrat maintenant ?

RW : Il y a probablement cent fois plus de personnes qui essaient de signer avec une compagnie de nos jours. D'où nous venons il y a plus de trente ans… On dirait que tout est poussé dans un certain format maintenant. Les groupes étaient différents à l'époque plus qu'ils ne le sont aujourd'hui je pense. C'est comme çà que fonctionne le business. Heureusement pour nous nous avons pu sortir de tout ce cirque avec toutes ces années. Nous y sommes arrivés malgré le fait que nous n'étions pas les plus doués. C'était amusant de découvrir qu'il y a tout un monde de fans et de musique ici qui n'écoutent pas les radios que tout le monde est censé écouter.

RTJ : Vous avez du voir aussi la technologie des studios changer au fil des années.
Comment ce changement s'est-il fait ressentir ?

RW : Certaines choses ont changé en bien, d'autres en mal. Une chose s'est vraiment améliorée… Comme quand on enregistrait nos premiers albums c'était 'Un, deux, trois, go !', tu enregistrais les morceaux live dans le studio. Tu ne pouvais pas séparer les instruments. Ils n'allaient pas assez vite et ils n'étaient pas apparents. 'Click' quand tu terminais. Si tu avais fait une erreur et si tu essayais de la réparer, tu n'y arrivais pas. Seul quelqu'un de vraiment doué avec une lame de rasoir arrivait à réparer les erreurs. Couper les bandes et les recoller était une chose vraiment flippante. Tout ce qu'on faisait, c'était la basse et la batterie séparément, puis les guitares, toute la base rythmique des morceaux en fait. Puis on venait et on rajoutait les solos dessus. C'est comme quand on a enregistré 'Dust in the Wind', il y avait juste une guitare seule. On ne pouvait rien y rajouter. Je devais le jouer entièrement du début à la fin sans m'arrêter. J'avais appris les doigtés par cœur.
Il y a six guitares enregistrées sur ce morceau, j'ai donc du le rejouer six fois. Maintenant, tu fais juste une phrase musicale et tu la copie et tu la repasses plusieurs fois. Tu ne fais qu'assembler et mettre ensemble des petits bouts dix fois de suite. C'est ce genre de chose qui a simplifié le processus d'enregistrement.

RTJ : Quand verrons-nous un nouvel album de Kansas avec des nouveaux morceaux ?

RW : Oh, on aimerait vraiment le faire. Cette année est déjà bouclée. On est déjà pris pour tout
le reste de l'année. On ne pourrait pas commencer l'album avant la fin de l'année ou cet hiver.

RTJ : Vous avez un beau programme de tournée aux USA. Est ce que vous pensez à jouer en dehors
des Etats-Unis ?

RW : Nous avons joué en Europe l'année dernière. On a envoyé une lettre aux agences de réservation là-bas pour dire que nous étions disponibles pour revenir l'été prochain et il nous a été répondu qu'ils aimeraient tous nous avoir. Donc, l'été 2007 nous serons de retour en Europe.

RTJ : 'People of the South Wing' (peopleofthesouthwing.org) a annoncé le festival Wheat-Fest 10 pour les Wheat-heads (les fans de Kansas) pour le 23 Septembre 2006 à Las Vegas au Nevada.
Allez-vous participer à cette fête ou n'y allez vous juste que pour jouer sur scène ?

RW : Pas vraiment. Ca se déroule habituellement à Kansas City.

RTJ : Oui, ils le font à Vegas cette année.

RW : Oui probablement juste pour un changement de place. C'est quelque chose qui est organisé par un certain groupe de fans pour que tous les gens se réunissent dans la même ville. D'habitude, quand c'était à Topeka ou à Kansas City, ils venaient voir où on allait à l'école, et voir nos maisons et ce genre de choses. Je pense que cette année ils vont à Vegas parce que c'est une ville plus fun que Topeka (rires). Il y a toujours une vente aux enchères et je trouve toujours quelque chose à leur donner pour cette vente.

RTJ : Une fois tu as dit 'Monolith est sorti et çà a été une déception parce qu'il n'a été que disque d'or'. Je pense que çà a été une profonde désillusion. Ca montre bien l'importance qu'a le groupe Kansas maintenant. Quand on regarde en arrière, est ce que tout ce que tu as espéré s'est réalisé ?

RW : La seule chose qu'on a vraiment rêvée, çà a été d'enregistrer notre premier album.
On l'a fait et il est passé sur les radios. Je ne pense pas qu'on ait jamais rêvé d'avoir un disque d'or. C'était loin de ce qu'on pensait pouvoir faire. Chaque étape pour arriver à enregistrer ce premier album a été dure.

RTJ : La plupart de tes copains du groupe ont réalisé des projets solos.
Pourquoi n'a-t-on jamais entendu un projet solo de Rich Williams ?

RW : J'aime faire partie d'un ensemble. La manière dont on tire les choses des gens et qu'on les remet ensemble après, çà fait un morceau de Kansas. Quand je regarde les gens faire les choses tous seuls, la frustration de ne pas avoir à côté de soi les autres qui amènent leurs idées et devoir tout faire tout seul fait qu'ils ne peuvent pas y arriver et jouer tout seul. Les budgets pour les albums solos ont toujours été faibles. On dirait vraiment que c'est beaucoup d'efforts pour un résultat que je ne veux même pas voir. C'est comme se taper la tête contre les murs.

RTJ : Quels sont les groupes qu'on actuellement à la radio et que tu aimes ?

RW : En fait, je ne sais pas vraiment.

RTJ : (rires) Tu n'écoutes jamais la radio, n'est ce pas ?

RW : Non, je n'écoute jamais, sauf sir je veux savoir s'il y a des bouchons pour rentrer chez moi.
Je ne passe pas mon temps en voiture en écoutant la radio. Si je l'allume, je mets une radio de rock classique et je n'en bouge plus. Il y a des trucs comme 'Ouais, c'est cool !'.. mais je n'ai pas envie d'entendre vingt morceaux pour en trouver un que j'aime bien. Ca ne m'intéresse plus. J'ai arrêté d'écouter les radios comme çà…Je suis guitariste et j'aime jouer dans un groupe. J'aime jouer sur scène, c'est ce que j'apprécie, jouer de la musique. S'asseoir dans un coin et écouter de la musique, c'est un truc tout à fait différent. C'est simplement pas la même chose. Ca ne va pas forcément ensemble. J'aime jouer ! Je ne m'assied pas pour écouter de la musique toute la journée. J'ai trop d'autres choses à faire.

RTJ : Kansas a toujours eu ce son de grand orchestre, même sans un orchestre ou des choristes derrière, un genre de réminiscence du Trans Siberian Orchestra. As-tu toujours voulu faire un album spécial Noël comme l'a fait le Trans Siberian Orchestra ?

RW : Il font çà bien. Chaque fois que j'entends 'Blah-blah-blah a sorti un album de Noël'..
c'est comme, oh non pas un autre. Je pense qu'on pourrait en faire un bon mais pourquoi faire.
Ca a déjà été fait, çà a déjà été fait et çà a déjà été fait. Le Trans Siberian Orchestra a fait un album tellement bon qu'on va leur laisser.

RTJ : Peut-être que vous pourriez faire un album pour la fête nationale le 4 juillet ?

RW : (rires communs) Tu as raison ! (Rich commence a chanter
'Hooray for the Red White and Blue').

RTJ : Kansas est définitivement un groupe de rock. Comment çà vous est venue l'idée d'ajouter un violon, qui n'est pas vraiment un instrument de rock traditionnel ?

RW : Nous étions à Topeka dans le Kansas et Robby était à Lawrence, dans le Kansas aussi.
Il a joué dans différents groupes. Il y avait un groupe qui s'appelait Beautiful Day où il y avait un violoniste, il y avait The Flock avec Jerry Goodman aussi. Ce n'est pas tellement différent de Jethro Tull avec la flûte. On a juste mis un violon à la place. Dans le Rock n' Roll et dans la Country, il y a toujours eu des violons. En ajouter pour jouer du violon classique plutôt que du violon rock,
c'est ce qui fait la différence.

RTJ : Quand Rich Williams n'est pas en tournée avec le groupe qui l'a rendu célèbre, que fait-il ?

RW : Et bien hier j'ai travaillé dans mon jardin. J'ai tondu la pelouse et refait les bordures.
C'est çà la vie de famille. Mon fils aîné est juste revenu du Colorado. Il a fait une sortie avec sa classe au Colorado. Il est revenu lundi. Il a réussi son examen de snowboard. Il s'est tordu le genou aussi alors il est revenu pour se faire opérer ici. J'ai un garçon de 22 ans, un autre fils de 16 ans
et une fille de 13 ans. C'est un boulot à plein temps ici.

RTJ : Tu as fait une sacré carrière. Qu'aimerais-tu dire pour faire ton éloge dans cinquante ans ?

RW : Si j'avais su que j'allais vivre aussi longtemps j'aurais économisé encore plus d'argent !
(rires) Je ne pense pas vivre aussi longtemps !

RTJ : Rich, merci pour avoir pris du temps pour parler avec nous aujourd'hui.

RW : Merci

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