Interview JEAN-CLAUDE RIOUSSET
http://www.jcrmusicnews.com réalisée au téléphone le 07 Mars 2006.

RTJ : Salut Jean-Claude, d'abord pour les lecteurs de ROAD TO JACKSONVILLE,
webzine consacré au rock sudiste,..

JCR : Entre parenthèses, super Webzine.

RTJ : Merci. C'est donc un webzine consacré au rock sudiste. Peux tu te présenter, âge ?
et qu'écoutais- tu en premier comme musique ? Quel style de rock ?

JCR : Mon âge 52 ans, qu'est ce que j'écoute, tout ce qui s'est passé dans les années 60 et 70,
y compris tous les éléments musicaux liés au blues-rock, au rock sudiste, au hard rock.


RTJ : Peux tu nous raconter ton parcours ? Je sais que tu as été le premier rédacteur en chef,
( beaucoup l'ont oublié ), du premier magazine de HARD-ROCK en France en 1983.

JCR : Premier, non pas magazine car on ne pouvait pas à l'époque, y avait deux magazines :
BEST et ROCK 'N' FOLK, ça c'était des magazines. Y a eu des fanzines qui entre temps sont devenus des magazines qui ont ciblé un genre musical bien particulier.


RTJ : Je veux parler de ENFER MAGAZINE.

JCR : ENFER MAGAZINE et METAL ATTACK.

RTJ : Ton surnom était ALBUMINE ? Est ce bien exact ?

JCR : Tout à fait.

RTJ : Peux tu nous dire quelle était la situation de la musique à cette époque ?

JCR : La nôtre au jour d'aujourd'hui. Simplement pour préciser juste une chose, sans vouloir me donner des lauriers, j'étais le premier à travailler dans une radio dite libre crée par Valéry Giscard d'Estaing qui s'appelait RADIO 7, avec des personnes qui sont devenus des gens bien connus au jour d'aujourd'hui, en l'occurrence Laurent Boyer, Clémentine Célarié..., bon on en pense ce que l'on en veut …

RTJ : C'était où ?? A Paris ??

JCR : Oui à Paris, bien sûr, à la maison de la radio.

RTJ : La fin du disque vinyle et l'apparition du cd.
Quels sont les disques de cette époque qui t'ont marqué ?

JCR : Moi ce qui m'a surtout marqué ce sont les années 60 & 70. Avec tous les courants musicaux qui étaient liés à ces années là, folk, blues, rock , country. Après ça a décliné tout un tas de courants musicaux, rock sudiste ou pas rock sudiste peu importe.

RTJ : Pourquoi as tu quitté ENFER MAGAZINE, au bout de quelques numéros ?

JCR : Pas au bout de quelques numéros, c'est à dire j'ai fait le premier numéro, j'ai été à la base de la construction de ENFER MAGAZINE, où à l'époque il y avait les gens de Def Leppard en couverture et entre autres pour faire plaisir aux gens de Road To Jacksonville, il y avait un compte-rendu lié à un concert de Molly Hatchet et des Outlaws à Paris.

RTJ : Et que beaucoup se souviennent.

JCR : A partir de là, moi j'ai jugé ce magazine là comme étant (entre guillemets bien évidemment ), un condensé pour un genre de musique qui n'était malheureusement pas répertorié dans les magazines dits nationaux.

RTJ : Qui n'avaient peut-être pas la même clientèle ?

JCR : C'est pas un problème de clientèle, je crois c'est un problème d'amour de la musique,
la musique c'est avec un grand M, et ça décline tous les genres musicaux.


RTJ : Peux tu me dire quel a été ton parcours ?

JCR : Mon parcours a commencé au Discobole à la gare St-Lazare dans le premier magasin de disques français qui a été crée en 1886, dans la cour du Havre, j'étais jeune, j'avais 19 ans et ces gens là m'ont permis de pouvoir comment dire, faire ce que j'avais envie de faire, la preuve en a été, qu'ils m'ont permis d'aller aux Etats-Unis, d'aller fouiller des stocks pendant un mois et demi, reçu comme un pape, je leur ai ramené 250 000 vinyles, parce que à l'époque on parlait vinyls, pas de cds, pour avoir du jazz, du classique, du folk, de la country, du rock'n roll, etc., etc.…rapatriés par un bâteau au bout de deux mois et demi. A part cela, je suis parti à l'armée, comme chacun d'entre nous, de là j'ai été coopté par un magasin qui s'appelait DAVE MUSIC, rue du faubourg du temple, qui était le magasin en vogue juste en face du Gibus, dans le même moment, ces gens là m'ont permis de pouvoir réouvrir une cave qu'ils avaient crée à l'époque d'une autre personne.
On faisait des collectors toujours musicaux à l'époque, on vendait par exemple des rééditions originales, ça valait 15 balles, et après y a eu Illel. Enfin, entre temps, il y a eu Jukebox, il ne faut pas l'oublier le magasin. Qui est devenu ensuite le magazine. En 1978, je me suis dit, tu travailles pour des gens qui sont très sympathiques, qui ont plus ou moins l'amour de la musique, ça serait peut-être bien que tu voles de tes propres ailes. En 1978, j'ai créé un magasin qui s'appelait Jukebox, avenue du Maine, dans le centre commercial Gaité, à 400 mètres grosso modo à pied de la FNAC Montparnasse. On a été le premier magasin, à importer ne serait-ce que les premiers albums d'AC/DC en provenance d'Australie, le premier album de Metallica etc etc…


RTJ : Tu es donc rentré à Illel en 1990.

JCR : Il s'est passé une chose bizarroïde. Suite à une petite annonce dans un quotidien français, recherche disquaire etc…je me suis présenté, les gens d'Illel m'ont reçu et m'ont dit, on veut faire un petit magasin de disques, ce à quoi, je leur ai dit voilà, je veux bien rentrer chez vous, mais à condition que j'ai les coudées franches, ce qui a été le cas.

RTJ : Tu es rentré chez Illel, magasin où beaucoup de sudistes ont acheté leurs premiers cds.

JCR : Je pense que c'était une continuité par rapport à ce que j'avais développé auparavant.

RTJ : Et où tu as développé l'activité VPC ?

JCR : Entre autres car ILLEL était réputé comme étant un magasin de téléviseurs, etc. qui n'était pas connu pour vendre du cd, du vinyle, j'ai donc essayé d'y apposer ma patte musicale, c'était réparti sur toutes les années 60 70, quelque soit le courant musical , et c'est vrai qu'il y a eu également un un rayon rock sudiste.

RTJ : Tu as donc tenu ce magasin, plus de 10 ans, peux tu nous dire quels sont les disques qui t'auront marqué ? En psychédélique dont tu es un des grands connaisseurs et en rock sudiste ?

JCR : il y en a plein, disons que si on doit se baser par rapport aux anthologies qui ont été réalisées aux niveaux des écrits de part le monde, je ne me base pas uniquement sur les grands noms, ce qui est intéressant c'est de découvrir, des choses qui sont un petit peu en dehors des sentiers battus, pour te parler de BLUE CHEER, ou de LINCOLN STREET EXIT, ça c'est toute une mouvance musicale hard-psyché -blues qui a donné naissance à tout ce qui s'est passé par la suite, la preuve en est, les groupes sudistes ce sont très inspirés de ce qu'ils ont pu écouter, et de comment dire, de l'inscrire dans leur culture musicale, pour pouvoir le retranscrire dans leurs enregistrements studio et live.

RTJ : Aurais tu un album qui t'aurait marqué dans tout ce que tu as vendu ?

JCR : Pff…. Y en a plein, je pense que ce serait dommage de résumer cela à un album, y en a plein, à mon avis, y a eu un label qui était important dans ces années là, qui a donné les premiers Allman Brothers Band, White Wich, un label intéressant qui est malheureusement tombé dans les mains d'une major qui ont fait qu'aujour'hui il n'y a plus rien, c'est CAPRICORN. Il y a eu par exemple l'album de TWO GUNS qui n'a jamais été réédité.

RTJ : Quelles sont les raisons qui t'ont poussé à passer sur le net, il y a donc déjà 4 ans début 2002 ?

JCR : D'abord 1 : l'âge, qui ne peut pas se permettre de pouvoir être aussi efficace, de recevoir
des gens dans un magasin, de discuter avec eux, même si tu as envie de parler musique etc, des charges, qui sont liées au stock, qui sont liés à la présence, qui sont liés à des frais généraux
et que le net est arrivé, et maintenant on est sur le net, c'est une autre génération.


RTJ : Sans nous révéler des secrets, peux tu en 4 ans nous dire qui tu as découvert, tes groupes coup
de cœur en rock sudiste ? En gros, si un jeune fan de rock sudiste, te téléphonait, qui lui conseillerais
tu d'acheter dans les groupes récents ?

JCR : Le conseiller, ce serait certainement un grand mot, car je n'aurais pas cette prétention là, il est vrai qu'il y a des groupes qui ont marqué les années 2000, EAT A PEACH, pour ne pas les citer, en l'occurrence je les cite, qui a fait deux albums, on attend toujours le troisième. Le problème c'est l'histoire du chat qui se mord la queue. C'est à dire que malheureusement quand on voit aujourd'hui des groupes comme Lynyrd Skynyrd, Molly Hatchet, ou les Allman Brothers qui sortent des produits sur des labels plus ou moins subsidiaires sur lesquels il n'y a pas de ventes, lorsqu'il y a des concerts, il y a personne qui y va, ou pratiquement personne qui y va. C'est dommageable.

RTJ : Y a quand même du monde.

JCR : Oui mais oui mais ça reste complètement obsolète dans le sens où ils ont pas les moyens d'enregistrer, 2 d'avoir un label qui les supporte au niveau promotion qui les fassent tourner
et qui leur vendent leurs disques.


RTJ : Tu parles pour les groupes hors ALLMAN BROTHERS, SKYNYRD ??

JCR : Bien sûr, je parle de tous les groupes qui ont ressurgi de l'émergence des groupes phares des années 80/90, on peut citer EAT A PEACH, tu vois où ils en sont au jour d'aujourd'hui ? Ils en sont nulle part. De temps en temps on reçoit des auto productions, et que malheureusement, il n'y a pas de suivi, car il n'y a pas de public (sic). Pas de promotion, pas de tournées et voilà. Quand tu fais venir Molly Hatchet ou Lynyrd Skynyrd en France pour citer un grand nom, il n'y a personne.

RTJ : Ton site vient d'être entièrement refait, http://www.jcrmusicnews.com ,
peux tu nous dire comment les passionnés peuvent commander chez toi ?

JCR : il faut peut-être des produits que nous avons à un moment bien déterminé et qui correspondent à leur propre recherche et qu'ils commandent soit par téléphone soit par Internet, soit par écrit, c'est à eux de voir. Nous on a une image extérieure liée à des produits bien particuliers répartis sur trois thématiques en l'occurrence cd rock sudiste blues-rock, sixties-seventies plus DVD et qu'à partir de là, si quelqu'un trouve un produit que nous avons à un prix qui leur convient et bien ils le commandent chez nous. C'est pas forcément la panacée, car je ne pense pas que Internet puisse résoudre tous les problèmes liés aux envies des gens.

RTJ : Dans quelques jours, les députés vont légiférés au sujet du téléchargement,
quelle est ta position sur ce sujet ?

JCR : Moi je suis pour la toile, en l'occurrence je suis pour internet, simplement il ne faut pas qu'il soit fait tout et n'importe quoi, en l'occurrence il y a des groupes, des artistes, des maisons de disque, c'est tout à fait normal que ces gens là soient rétribués et que dans le même moment, ils perçoivent, les droits qui sont les leurs. Maintenant moi j'estime, que la chance d'avoir eu internet, c'est une très bonne chose, simplement faut pas oublier les gens qui créent, ils sont en droit de réclamer ce qui leur est dû. Quand un artiste propose un morceau, de le télécharger gratuitement, d'abord ça fout tout un système en l'air, ça touche qui ?? les artistes, les groupes et les éditeurs nationaux et internationaux et indépendants.

RTJ : Est ce que vous avez dans vos projets, il y a le fait qu'on puisse télécharger des morceaux directement de ton site ?

JCR : Non, je me refuse totalement à cela, car c'est dénaturer l'original de l'artiste.


RTJ : OK, mais peut-être dans 5 ou 10 ans ??

JCR : Mais non, dans quel cadre, dans quel type de loi, régi par des gens qui ne comprennent rien
à rien. Moi cela revient au même système que le piratage, le pirate ça m'énerve, le pirate c'est intéressant à partir du moment où les maisons de disques n'ont pas réalisée leur travail que ce soit à l'époque du vinyle, à l'époque du cd, et voire maintenant du DVD, ils n'ont pas su faire leur travail, au jour d'aujourd'hui et depuis belle lurette, ils sont dépassés par des gens, qu'on appelle du piratage, qui font de la contrefaçon, à partir de là ça réjouit le quidam, et dans le même moment
ça n'avantage ni le groupe, ni l'artiste ni sa maison de disque.


RTJ : Est ce que tu as quelque chose à rajouter ?

JCR : Moi le premier de mes souhaits, c'est vraiment pas faux-cul, c'est que vous avez le mérite d'exister, continuez, car c'est bien ce que vous faîtes, il est vrai que dans le même moment, je suis un peu contrarié de voir des chroniques de produits que les gens ne peuvent pas trouver, je trouve que la chaîne n'est pas complète. Voilà c'est tout. Maintenant ce que vous faîtes, c'est quelque chose de bien, c'est très intéressant, interviews, chroniques de disques, etc…c'est des fois un petit peu partisan, mais ça c'est normal et logique. Et dans le même moment, il faut se mettre à la place de celui qui n'a pas
internet car tout le monde n'a pas internet.