Honeytribe
/ DEVON ALLMAN
Michelle
LaRose parle avec Devon Allman pour Road To Jacksonville.
Photographies de Michelle LaRose
Vous pensez
qu'il doit être dur de trouver une personne qui ne connaît pas
le nom de Allman, peut-être dans une tribu perdue au cur de l'Amazonie
? Et bien voilà un nouvel Allman sur
le devant de la scène, Devon Allman.
Le groupe
de Devon Allman s'appelle Honeytribe et ils ne jouent donc pas sur le nom
de Allman
ils n'en n'ont pas besoin d'ailleurs. Le blues de Honeytribe
est basé sur le Rock avec la voix forte et puissante de Devon, et gagne
des fans tous les jours dans le monde entier. C'est la nouvelle génération
des Allman et elle génère exactement ce à quoi on est
en droit d'espérer d'un tel patronyme, c'est manifestement inscrit
dans les gènes. Mais pas d'erreur, ce n'est pas Gregg Allman, c'est
son fils et il ne fera de cadeau à personne sur les routes d'Amérique
pour
promouvoir son premier album Torch.
Nous avons
pu discuter avec Devon et parler de ce nouvel album, des cds virtuels
et des premiers avions.
RTJ : Parle nous de ton premier album Torch.
Devon
: Il est sorti dans tout le pays le 29 août et nous l'avons enregistré
aux studios Ardent à Memphis, qui est un studio phénoménal
de classe mondiale. Tous les disques de ZZ Top ont été enregistrés
là, tous les disques de Stevie Ray Vaughan aussi. On a vraiment passé
du bon temps
à le faire et maintenant il est sorti dans tout le pays et nous tournons
partout pour le promouvoir. Artistiquement parlant, je dis à tout le
monde qu'il est un tiers rock, un tiers blues et un tiers jam. Donc il y a
dans cet album quelque chose pour tout le monde.
RTJ : Cet album vient juste de sortir alors que le groupe existe depuis six
ans.
Pourquoi avez-vous mis tant de temps à sortir un album ?
Devon
: Et bien en fait, le groupe s'est formé en 99 et on a vraiment joué
ensemble jusqu'au début de 2001. Et puis on a tous eu des problèmes
personnels, les uns après les autres. Mon fils est né. Je voulais
passer du temps, vraiment de bons moments avec lui et créer quelque
chose de solide avec lui. Bien sur, quand on part de la maison et qu'il a
deux ou trois ans c'est encore plus dur pour lui de comprendre. Mais maintenant
il a presque sept ans et il comprend que son papa est en tournée et
qu'il reviendra dès qu'il peut. On a donc pris quelques années
et on a monté aussi d'autres projets parallèlement, mais l'idée
c'est qu'on se disait tout le temps que si on avait un bon line-up, alors
il n'y aurait aucun problème, çà fonctionnerait. On se
disait tout le temps
'Tu sais, on va recommencer avec Honeytribe' et puis un jour je me suis réveillé,
on était déjà le
3 janvier 2005 et là je me suis dit 'maintenant çà suffit,
il faut le faire immédiatement'. Trois jours plus tard on avait réservé
pour les répétitions. Un mois après on avait trouvé
un agent. Huit mois plus tard on avait signé un contrat pour un disque.
C'est allé très vite à partir du moment où on
avait décidé de le faire. Donc en fait, il y a eu quatre années
pendant lesquelles Honeytribe
n'a pas vraiment existé.
RTJ : Qui a écrit les morceaux sur cet album ?
Devon
: C'est surtout moi qui ait écrit les titres. On est arrivés
à un point où tout le monde est concerné, mais je suis
un peu comme le quarterback de l'équipe au moment de l'écriture
des chansons. J'ai une vision particulière de la direction dans laquelle
je veux que cet album aille.
Les types du groupe me soutiennent et ont confiance dans ce que je veux.
Ca marche vraiment bien.
RTJ : Comment fonctionne le processus d'écriture des morceaux ?
Devon : Il n'y a pas de méthode particulière pour moi. En fait, je m'assois, je prends ma guitare et je bricole dessus, encore et encore, et si quelque chose me marque alors je pense que c'est cool, je l'enregistre. Parfois çà part avec des paroles et je me dis 'j'aime vraiment ces paroles' alors j'écris un morceau autour de ce refrain. Parfois quand tu as de la chance, c'est juste dans ta tête et çà vient tout seul. C'est dur de prétendre qu'on écrit un morceau parce que j'ai l'impression que comme dans toute forme d'art, çà flotte dans l'éther autour de nous et si on a assez de chance de l'attraper, voilà c'est terminé, le morceau est créé.
RTJ : Vous faites une reprise de 'No Woman No Cry' de Bob Marley sur cet album.
Pourquoi avez-vous décidé de mettre ce titre sur l'album ?
Devon
: Et bien en fait, tu sais, on ne l'a pas fait ! On a terminé l'album
et la compagnie de disques est venue nous voir jouer un soir à Atlanta
et le directeur a kiffé quand on a commencé à jouer ce
titre. On essayait alors de faire quelques reprises dans nos concerts pour
voir quelle était la réaction des gens quand ils venaient voir
Honeytribe pour la première fois. On a joué ce morceau cette
nuit là et ils ont vraiment flashé là-dessus. Ils ont
dit 'Avec çà on peut faire de l'argent.
Ils faut qu'ils rentrent en studio pour l'enregistrer'. On était d'accord
avec eux parce qu'on avait imprimé notre propre style au morceau. Ce
n'était pas n'importe quoi, çà avait du sens.
RTJ : Tu co-produit l'album avec Peter Matthews [Paul Simon, North Mississippi
Allstars].
Penses-tu que tu aurais eu plus de contrôle créatif si tu avais
produit l'album tout seul ?
Devon
: Et bien je pense que sur ce point, comme nous sommes en fait un groupe très
jeune, personne n'aurait pu apporter la production qui serait allée
exactement dans le sens où je l'aurais voulue. Comme en plus c'est
moi qui écrit les morceaux principalement, je pense que çà
aurait logique qu'au final j'ai la dernière vue sur la production,
pour être sur que les arrangements fonctionnaient à chaque moment
des morceaux, pour être sur que chacun apportait sa meilleure contribution
possible, depuis George à la basse jusqu'aux claviers de Jack. Pour
être vraiment le quarterback et superviser tout l'ensemble.
RTJ : Qu'as-tu appris en travaillant avec un producteur expérimenté
comme Pete Matthews ?
Devon
: On s'est bien entendus. Je devais produire l'album moi-même et j'ai
travaillé avec lui.
J'ai produit dans le même temps un album d'un groupe qui s'appelle Modern
Red. Je devais travailler avec Pete et je me suis rendu compte que nos rapports
étaient si bons qu'il fallait qu'il travaille avec moi sur la production
de notre propre album. Il n'a réarrangé aucun de nos morceaux
; il nous a aidé à donner le meilleur de nous-même. C'était
le plus important. Si j'avais été trop proche du processus de
production j'aurais eu un il réducteur et j'aurais dit 'Man,
tu peux le faire encore mieux et encore mieux'. C'est un ingénieur
sympa. Il est doué en plus, il trouve toujours le bon ton à
donner aux titres. Si tu lui dis dans quel ton tu veux jouer un morceau, il
le trouve et il l'enregistre comme tu le veux. C'est le plus important. Et
à la fin on s'est complimentés tous les deux, on était
contents de notre travail.
RTJ : Sur votre Website, on peut voir le 'Virtual cd' de Torch. C'est quoi
un 'Virtual cd' ?
Devon
: C'est un truc promotionnel vraiment cool que la maison de disques fait pour
accroître la notoriété du groupe. Ils distribuent des
cartes qui ressemblent à des cartes de crédit et sur lesquelles
sont indiquées les consignes d'utilisation. En allant après
sur le Website et en indiquant les codes précisés sur les cartes,
on peut voir l'album comme un cd et écouter tous les morceaux. Tu peux
aussi télécharger le premier single gratuitement. Donc c'est
un truc sympa qui fait partie de notre campagne de promotion. C'est un truc
unique et les gens sont contents de pouvoir récupérer ces cartes,
ils sont vraiment attentifs à ce qu'on leur propose. Ca marche bien.
On peut ainsi écouter le début de tout l'album avant d'investir
son argent en l'achetant. C'est vraiment une bonne chose. Je suis sur que
çà va se développer dans le futur. C'est une très,
très bonne idée.
RTJ : Tu n'as pas été élevé par ton père
Gregg. Est-ce que le début de ta carrière musicale a été
encouragé par tes parents quand tu étais jeune ?
Devon : Ma mère, bénie soit-elle, a essayé de m'apprendre la guitare quand j'avais cinq ou six ans je pense. Elle a essayé de me pousser tellement fort à apprendre que vraiment tu sais, j'étais un gosse normal, je ne voulais pas faire ce que ma mère voulait que je fasse. J'ai vraiment évité d'apprendre. Après à l'âge de treize ans, j'étais chez un copain qui avait une guitare électrique dans un coin, recouverte de poussière. J'ai demandé 'Tu joues de la guitare ?', il m'a dit 'Oh oui, bien sur'. Il a pris la guitare et s'est mis à essayer de jouer horriblement. Je lui ai dit 'Tu sais je pense que je peux en faire autant'. Je suis rentré chez moi et j'ai dit à ma mère 'Tu vas être contente, je vais probablement recommencer la guitare'. Alors elle m'a passé sa vieille guitare faite au Mexique et qui coûtait dix dollars et elle m'a dit 'Si t'arrives à sortir quelque chose là-dessus alors je t'achèterai une guitare électrique'. Bien sur c'était la bonne méthode à employer pour me laisser en jouer. Alors j'ai fait de mon mieux pour sortir quelque chose de la guitare [rires] Je l'ai toujours. En fait, ma sur qui est avec moi en ce moment ici backstage l'a repeinte, je pourrais l'embrasser ! Mais c'était cool ! J'ai toujours la guitare et maintenant elle est aussi recouverte de poussière parce que j'en ai des meilleures que j'utilise plutôt. Yeah, je sais, çà a juste marché. Je n'ai jamais vraiment pris de leçons. J'en ai pris quelques unes mais çà ne compte pas vraiment parce qu'on jouait 'Mary Had A Little Lamb' et des trucs comme çà. Ma mère a toujours été et est toujours une grande supportrice de ce que je fais, et une fois quand j'étais adolescent mon père a vu ce que je pouvais faire et depuis il me soutient dans ce que je fais.
RTJ : Ton beau-père était un pilote de la TWA. Est-ce que l'aviation
t'a intéressé aussi ?
Devon : Tu sais [rires]. Ce type m'a emmené dans des petits avions. C'est en fait le père de mes surs [en montrant ses surs]. Il m'a emmené dans des tout petits avions et a fait des flips et des figures acrobatiques avec moi dans l'avion !
[La sur
de Devon assise dans le coin simule comme si elle était assise sur
un siège d'avion
en train de faire des acrobaties]
RTJ : Je prends note : aucun intérêt dans l'aviation !
Devon
: Je me souviens qu'à la fin de la journée, je m'étais
dit que je me contenterai plus tard d'être juste passager quand je prendrai
un avion.
RTJ : Porter le nom de Allman t'a-t-il ouvert des portes plus facilement ou
as-tu au contraire
du prouver deux fois plus ce que tu pouvais faire ?
Devon
: Tu sais c'est vraiment amusant parce que la moitié des gens pensent
'Oh il n'a pas besoin de bosser, c'est un Allman, il a un nom connu, il va
gagner sa vie avec çà' Quoi que tu fasses. L'autre moitié
des gens qui regardent un peu plus dans ce que j'ai fait dans ma vie pensent
'Ca doit être dix fois plus dur que n'importe qui parce qu'il faut qu'il
vive avec çà' Ce que je pense c'est je baisse la têt,
je travaille, j'essaie d'être le meilleur chanteur possible, le meilleur
guitariste possible, le meilleur producteur possible et écrire les
meilleures chansons que je peux. Je ne m'assieds pas dans un coin en pensant
que je vais m'en sortir grâce à ma famille. Quand je vois mon
père, c'est mon père. On regarde du football, on dîne
ensemble et on passe Noël ensemble. Alors je pense que si j'étais
dans mon coin à penser qui est vraiment mon père et qui était
vraiment mon oncle et ce qu'ils ont fait dans l'histoire du rock, alors je
pense que je deviendrais probablement fou. Tu comprends ? Je veux dire que
çà fait beaucoup de pression sur soi-même.
Je pense que la meilleure façon de la supporter c'est
faire mon
propre truc et me concentrer dessus. J'essaie juste d'être le meilleur
que je puisse être.
RTJ : Qu'est ce que tu espères pour Honeytribe ?
Devon
: Wow, çà c'est vraiment une bonne question. Mon but pour ce
groupe est qu'il réalise une très bonne carrière. On
pourrait signer auprès d'une Major, on pourrait passer sur MTV, mais
l'idéal pour ce groupe et nos idéaux ne sont pas de devenir
des rock-stars ou d'avoir un super hit qui passe à la radio. Nous sommes
une famille de musiciens, une amitié qui dure depuis vingt ans et nous
espérons que cela durera encore vingt ou vingt-cinq ans et qu'on sortira
les meilleurs albums qu'on pourra faire. Et voir les gens un par un, ville
par ville, pays par pays. A la fin de la journée en général
j'ai l'énergie que j'ai pu recevoir des gens que j'ai vus. C'est un
peu comme du crack pour moi. Je me lève, je donne de l'énergie
aux gens et j'en reçois. Ce flux et ce reflux, ce don et cette réception
c'est çà qui est beau. Je veux faire des disques et faire çà
toute ma vie. Voilà donc quels sont nos buts et on est en train de
les réaliser. Maintenant, il n'y a plus que vingt-quatre ans
à tenir !
RTJ : Devon, merci beaucoup d'avoir pris le temps de répondre aux questions
de Road To Jacksonville aujourd'hui.
Devon : Merci d'être venue. J'apprécie çà.