Notre correspondant local, David André, a pu assister le 29 novembre 2006 au Hard-Rock Café de Paris à la conférence de presse de David Coverdale et Doug Aldrich qui étaient venus présenter le nouveau double album de Whitesnake " Live In The Shadow Of The Blues " et répondre aux questions qui leur ont été posées.
En exclusivité pour Road To Jacksonville, voilà l'intégralité de cette rencontre :

David : Bonsoir. Comment çà va ? Bonsoir… ca va ? (en français) Et çà c'est ce que je sais en français, alors… Tout est OK ?

QUESTION : Est-ce que le nouvel album sera dans le même style que les quatre nouveaux morceaux de l'album Live ?

David : J'ai un sentiment. On verra bien comment sera la structure, les éléments de Hard-Rock, de Rythm n' Blues qui définissent Whitesnake sont dans la direction vers laquelle nous voulons aller. Donc on verra bien ce qui arrivera, c'est très important pour Doug et pour moi de faire progresser les choses, c'est quelque chose que nous essayons de faire chacun à chaque fois. On verra bien ce qui arrivera, mais probablement, en essence, l'album sera similaire à ces quatre morceaux.

Doug : Pour nous ce sont les premières choses, Whitesnake sort un nouvel album Live depuis longtemps et nous voulions faire quelque chose qui soit proche des premiers albums de Whitesnake, et c'est un peu ce que nous avons fait avec ces nouveaux titres.

David : Beaucoup de gens sont contents de vois qu'ils sonnent vraiment comme du Whitesnake
et je dirai que çà ne ressemblera pas à du Nine Fuckin' Nails, ce sera vraiment du Whitesnake,
tu verras.

QUESTION : Ce sont des nouveaux morceaux de Whitesnake et cela faisait longtemps qu'il n'y en avait pas eu. C'est aussi une nouvelle production pour ce nouveau matériel.

David : Oui, mais pas pour des raisons artistiques, pour des raisons de business. Je n'avais pas vraiment envie de retourner travailler avec Corporate Records. Je l'avais fait pendant des années, je m'étais investi dans certaines maisons de disques, mais c'est rare dans ce boulot de trouver quelqu'un qui comprenne qu'on parle de musique. C'est dur de parler de son travail comme d'un produit de supermarché, et maintenant on bosse avec SPV qui nous ont vraiment séduit… pas seulement avec les charmantes jeunes femmes qui travaillent pour eux, mais ils font vraiment attention à la musique comme des fans de la musique pour laquelle ils travaillent, et c'est très important. Je pense, tu sais, je suis sur qu'en France c'est la même chose que partout ailleurs.
On entend les grandes compagnies de disques se plaindre qu'ils ne vendent pas assez d'albums, mais en fait ils ne savent pas ce qu'ils vendent. Il n'y a personne qui comprenne la musique
chez eux, tu sais, peut-être que çà changera. Et s'ils ne changent pas, tant pis pour eux.

QUESTION : Comment fonctionne le contrat avec SPV ?

David : Et bien, honnêtement, ils ont gardé la flamme pendant des années, parce que quand on s'est réunis en 2003, j'étais un retraité heureux. J'étais un grand-père heureux, j'ai un jeune fils aussi et une femme très belle, et j'habite une belle maison dans le Nord du Nevada. J'étais très très heureux, j'ai travaillé plus de trente ans dans la musique et j'ai eu un certain succès. Et puis çà a été le 25ème anniversaire de Whitesnake et j'ai pensé que, peut-être, çà valait le coup de le célébrer. Donc on a mis sur pied une tournée mondiale sur deux mois, et on est rentrés chez nous neuf mois plus tard ! On a pris beaucoup de plaisir à jouer, et pas seulement les musiciens, mais aussi tous ceux qui sont venus nous voir jouer. Ma femme m'a alors dit : " Pourquoi est-ce que tu ne ferais pas çà deux ou trois mois par an ? " J'ai parlé aux autres musiciens et on a décidé qu'on travaillerait six mois par an et que le reste du temps on serait de bons maris et de bons pères
à la maison.

QUESTION : Mr Coverdale es-tu toujours dans 'the Shadow Of The Blues' ? Je veux dire, nous sommes maintenant au 21ème siècle. As-tu les mêmes racines ou y a-t-il de nouvelles influences sur ta musique ?

David : Yeah, bien sur, je ne connais pas le nom français, mais dans une cuisine il y a un mixer, pour mélanger les ingrédients. J'écoute beaucoup de musique et, bien sur, on y puise de l'inspiration avec mes nouveaux partenaires. Comme Doug est un grand fan de Whitesnake, il connaît les éléments que j'apprécie pour pouvoir y coller mes chansons, je raconte juste des histoires et des expériences que j'ai eues, ont j'ai pris du plaisir et d'autres. Et les gens semblent apprécier çà, ces histoires. Mais tu sais je suis très au fait de la politique et je m'intéresse aussi
à l'environnement ; mais je ne vais pas écrire des chansons sur les arbres ou je sais pas quoi.

QUESTION : En 1999, tu as sorti un album solo chez EMI…

David : En 2000, je suis content que tu t'en souviennes.

QUESTION : …je me souviens que cet album était très différent, parce que tu ne voulais plus et ne pouvais plus crier ou chanter fort. Comment as-tu eu la volonté de revenir et de retrouver tous tes moyens de chanteur de Hard-Rock avec Whitesnake ?

David : Et bien, c'est très étrange, parce que dans toute ma carrière j'ai souvent crié, j'ai poussé beaucoup de hurlements, mais j'aime vraiment chanter. J'avais pensé que c'était une opportunité de travailler avec Jimmy Page pour pouvoir le faire. Mais je dois admettre qu'après avoir fini çà je me suis demandé " Pourquoi ne pas en faire encore ? " J'arrivais toujours à atteindre les notes hautes, donc je pouvais envisager quelque chose. C'était très sympa. Mais je pense qu'avec Whitesnake, on peut faire beaucoup plus de choses. Ca m'a pris beaucoup de temps pour me sentir à l'aise au point de faire un titre comme " Is This Love ? " Parce que pendant plusieurs années, j'écrivais une intro calme et je me disais " Oh mon Dieu, où est-ce que j'emmène le groupe avec
çà ? ". C'est pour cela qu'il existe des morceaux comme " Here I Go Again " ou " Love Ain't No Stranger ", " Now You're Gone ", " Ain't Gonna Cry No More ". Et çà devient une identité musicale pour Whitesnake de pouvoir passer des murmures aux hurlements. Et une autre chose que Doug
et moi apprécions c'est tous ces trucs unplugged. Donc on va en faire davantage.

QUESTION : J'aimerais revenir au line-up du groupe. Vous êtes ensemble depuis quatre ans…

David : Oui c'est le line-up qui dure depuis le plus longtemps dans l'histoire de Whitesnake…

QUESTION : Peux-tu me parler de l'amitié qui existe entre vous ?

David : Oui, Doug, vas-y…

Doug : Et bien David a choisi tout le monde dans ce line-up, c'est très intéressant parce qu'on a chacun une personnalité différente, mais en fait cela fonctionne très très bien. Tomme est l'un des batteurs les plus phénoménaux que je connaisse, et Reb Beach et un guitariste original, Timothy aux claviers a joué avec les Eagles et Don Henley, et le petit nouveau Uriah Duffy est terrible, il peut tout jouer et il est sympa depuis le premier jour qu'il est dans le groupe, il est super. C'est une bonne alchimie entre nous, tu sais ? C'est bien que chacun se sente bien parce que la chose
la plus importante pour qu'on travaille ensemble c'est d'être musicalement unis, mais individuellement et collectivement la meilleure chose pour travailler ensemble est un grand sens
de l'humour… et nous sommes tous respectueux envers la vie privée des autres.
Comme çà quand on a fini de bosser, chacun rentre chez soi. C'est parfait.

QUESTION : David, as-tu une recette secrète pour ta voix, parce que c'est dur de s'entraîner.
Je veux dire parfois tu cries, parfois tu fais des ballades. Est-ce que tu fais des exercices ou des choses comme çà ?

David : Oui, j'en fais, ils sont complètement idiots. Ce sont des bruits comme grrrrrrrrrr, pour dégager la gorge et la poitrine… Je devrais peut-être sortir un cd d'exercices de voix [rires]. C'est très important pour moi, j'ai tout changé il y a dix ans. J'ai pris du temps pour méditer, changer ma vie, mon style de vie. Donc je ne bois plus autant, j'ai arrêté de fumer, j'ai commencé le yoga,
je suis plus respectueux envers mon corps. La chose intéressante que j'ai remarquée est que plus je méditais, plus je ressentais que mon corps ne voulait plus de café ni de viande rouge.
C'est une aventure excitante, honnêtement… mais ces exercices pour ma voix sont vraiment ennuyeux, mais ils sont utiles. Ce sont tous des exercices pour ouvrir les sinus, comme çà tu ne chantes pas comme çà [voix de canard]. Parce qu'en tant que chanteur de Rock, je sors vraiment de la merde de ma voix, c'est très agressif. Jon Bon Jovi fait des exercices après chaque concert… pas moi, je me contente d'en faire juste avant de chanter. C'est mon boulot. Et heureusement on fait çà à l'hôtel, comme çà personne n'entend.

QUESTION : Une question pour Doug : Quelle est la différence de travailler avec quelqu'un
comme Ronnie James ou comme David ? [rires]

Doug : Je suis un fan de Whitesnake depuis longtemps. J'avais un ami qui m'a fait écouter les premiers Whitesnake, avant que j'ai… Tu sais, aux USA, la plupart des premiers albums ne sont pas très connus. 'Slide It In' a été le premier à avoir du succès aux USA. Mais mon pote m'a fait écouter les plus vieux albums 'Love Hunter', 'Ready n' Willing', 'Come an' Get It'. On était tous les deux et je lui ai dit " Mais c'est quoi çà ? " et il m'a dit " C'est Whitesnake ". C'est comme çà que j'ai découvert comme les anciens albums étaient supers. Bien sur, après il y a eu les nouveaux albums mais… c'est ce que je pensais. Je m'en suis rendu compte il y a longtemps… Je ne savais pas méditer… mais je me suis rendu compte que si je travaillais avec David, je pourrais faire du bon boulot. Je continue à apprendre aussi, mais je suis très respectueux de ce qu'a fait Whitesnake jusqu'à présent. Et je fais de mon mieux. Que çà continue.

David : Une autre chose sur travailler avec ces musiciens, et c'est pareil pour toutes les personnes dans tous les boulots, c'est vraiment quelque chose qui compte pour nous, pour lequel nous travaillons dur, on n'est pas là pour se faire de l'argent avec le nom Whitesnake ou pour des histoires de mode ou je ne sais quoi, c'est vraiment ce qu'on veut faire.
Et on se soutient les uns les autres parce qu'on a le même but.

QUESTION : Le prochain album que vous allez faire, que peut-on en attendre ?

David : Et bien j'imagine des morceaux plus chauds et plus méchants. Et comme j'ai dit je veux faire un morceau sur les arbres… et je n'ai aucun respect pour George Bush, donc je pense que je ne ferai aucun morceau pour lui. On va sûrement parler d'amour et de différentes choses.
Certaines heureuses, d'autres tristes. C'est quelque chose dont je ne peux pas me départir…
et je l'accepte. C'est ma destinée de compositeur de morceaux. Chaque fois que j'essaie de faire autre chose, j'y reviens. Je suis comme Al Pacino dans Le Parrain ! Chaque fois, j'essaie…
J'écrirai toujours des chansons d'amour, c'est comme çà !

QUESTION : Hello David, je suis très heureux de te rencontrer parce que tu représentes beaucoup pour moi. Tu es mon chanteur préféré…

David : Oh oui, et tu es mon français préféré ! [rires]

QUESTION : en fait, je n'ai pas de question particulière, je voulais juste te dire que mes paroles ne peuvent pas exprimer ce que je ressens, je suis vraiment content de te rencontrer et j'ai un cadeau pour toi, si tu l'acceptes bien sur, mon nouvel album.

David : Parfait, je suis très content de l'avoir. Merci beaucoup, absolument, merci.

QUESTION : Sur ton site officiel, tu dis que tu as essayé de reprendre " Guilty Of Love " au début de la tournée, mais " … çà ne fonctionnait pas… ". De même, " Mistreated " a été abandonné après les concerts au Japon. Peux tu nous expliquer pourquoi ?

David : Exactement, c'est comme porter des vêtements qui ne te vont plus. C'est la manière la plus simple que j'ai pour décrire cela. Certains titres fonctionnent très bien, et d'autres ne marchent plus. Et le groupe joue… Je sais que çà peut être décevant pour les gens parce que j'avais dit " On va jouer Mistreated ", et en plus les musiciens le faisaient bien. Doug s'éclatait dessus, et j'y arrivais pas mal, mais çà n'allait pas…

QUESTION : C'est décevant pour les fans.

David : Oui,mais je ne vais pas tromper qui que ce soit. Si j'avais déjà menti aux gens quand je chantais, je n'aurais pas eu une carrière de trente ans. Je me dois d'être honnête dans ce que je fais. C'est dur, tu sais, et quand on a fait " Guilty Of Love " çà ne fonctionnait pas bien.
Et les membres du groupe jouaient bien pourtant, et on a tous été déçus.
Tommy a dit " Oh non, çà ne fonctionne vraiment pas… ".

QUESTION : Il valait mieux ne pas le jouer alors.

David : Oui, exactement. Si honnêtement tu viens voir Whitesnake que pour un seul morceau, qu'est ce qu'on fait des quinze autres alors ?

QUESTION : De la même manière, en 1976 et 1977, juste après avoir quitté Deep Purple, tu as fait deux albums superbes 'White Snake' et 'North Winds', avec des morceaux superbes et prenants comme " Blind Man " et " Only My Soul " par exemple. Pourrons nous avoir un jour la chance de réentendre ces morceaux live ?

David : Oh, en concert ? Je ne sais pas. C'est peut-être une possibilité. On a tellement été bien accueilli chez SPV qu'ils nous ont dit " Voulez-vous faire de la promotion dans les magasins ? ".
J'ai répondu " Man, si on le fait, alors on va rendre çà intéressant ". Donc on a retravaillé des morceaux de rock assez durs avec juste une guitare acoustique et j'ai réinventé des paroles pour les morceaux. Alors peut-être dans ce genre de tournée, ces morceaux seront appropriés pour être joués dans cette atmosphère particulière. En ce moment, je me concentre sur la promotion de cet album " Live In The Shadow Of The Blues ". C'est comme la fin d'un chapitre, l'heure est venue de faire un nouveau livre.

QUESTION : Tu tournes la page…

Doug : Oui exactement. Je veux faire une tournée maintenant. On a eu des ventes plutôt sympas, mais maintenant on veux s'impliquer un peu plus, peut-être faire des morceaux acoustiques et faire des jams avec des morceaux que les gens veulent entendre, mais peut-être les arranger de manière différente…

David : C'est comme sortir d'une certaine zone de confort. Tu sais quand on fait quelque chose depuis très longtemps on peut dire " Ooh, c'est nouveau, je connais pas trop, on devrait pas faire çà… " Mais ce n'est pas çà que nous voulons faire, on fait quelque chose de tout à fait nouveau, comme faire des séances de questions-réponses et ce genre de trucs. C'est un peu une expérience personnelle. Il me faut du fun ! Je n'ai jamais fait çà auparavant. Mais faire çà nous permettra d'essayer de faire des concerts sans tout le gros… tu vois ce que je veux dire, c'est sympa et çà change un peu. Ce sera un peu David et la putain de Zone de Confort.

QUESTION : Whitesnake a toujours eu de grands guitaristes. Si Doug quittait le groupe…

David : Oh non !

QUESTION : …qui conseillerais-tu à David pour te remplacer dans Whitesnake ? [rires]

Doug : J'aime tous les anciens guitaristes, et en quelques mots…

David : Il ne quitte pas le groupe, c'est aussi simple que çà !

Doug : Je dirais çà : j'aimerais que celui qui me remplace prenne autant conscience que moi de la chance qu'il aurait de travailler avec David. Tu sais, c'est très dur, c'est beaucoup de pression, parce qu'il y a tous les anciens guitaristes, ceux qui aiment Marsden et Moody, ceux qui aiment Steve Vai, bien sur John Sykes, les fans de Blackmore qui sont les plus durs, les fans de Page. C'est très dur pour moi. Je pense que je fais du bon boulot en faisant tout çà, bien sur avec Reb Beach. Nos styles sont différents et comme çà on a la possibilité de faire tous ces styles. J'espère que celui qui me remplacerait serait aussi intègre que moi avec Whitesnake.

David : C'est une question vraiment bizarre, étrange. C'est pareil que pour les morceaux qu'on ne fait plus parce qu'ils ne marchent plus. En ce moment, on travaille avec Doug, çà marche si bien, socialement, comme amis et comme musiciens. Je serais vraiment déçu si quelque chose de négatif arrivait et menait à un tel scénario, parce que… çà fonctionne, çà fonctionne très bien,
à tous les niveaux.

QUESTION : En fait, c'était une question déguisée pour demander à Doug quel
est son guitariste favori.

David : Je ne peux pas te dire quel est le meilleur guitariste avec lequel j'ai travaillé, avec tous les gens avec qui j'ai travaillé, Ritchie Blackmore, Jimmy Page, Adrian Vandenberg et Doug Aldrich.
Ce n'est pas la question, et ce n'est pas parce qu'il est ici. C'est pas le cas, c'est nouveau pour moi de travailler avec quelqu'un d'aussi impliqué et passionné…que je crois, avec Whitesnake, faire ce qui est nécessaire pour le groupe. De toutes manières.

QUESTION : Doug, qui est ton guitariste préféré ?

David : De toutes les époques ? David Coverdale ! [rires] On composait des trucs, chacun avec une guitare acoustique, et il joue très bien ! Mais je dirais que si je devais en choisir un, çà change aussi, mais je suis de la vieille école. J'aime les Beatles, et quelques autres comme Hendrix, Beck, Clapton et Page, Ritchie Blackmore, Toni Iommi, mais là dernièrement on a vu Jeff Beck,
il y a environ deux mois. Et ce type, une fois encore, m'a éclaté.

David : Tu sais à l'origine, je voulais être chanteur et guitariste. Quand j'avais quinze ans, j'ai vu Jimi Hendrix à Newcastle… J'y suis allé, fuck… En rentrant j'ai dit, je serai chanteur ! J'utilise juste une guitare pour composer, mais je ne suis pas un bon guitariste, je n'ai pas tout ce qu'il faut pour en être un.

Doug : Il n'y a pas grand monde qui a travaillé avec autant de bons guitaristes comme David,
et je pense à tous ces types… C'est incroyable, tu crois pas ?

QUESTION : Je pense à l'album Whitesnake 1987…

David : Yeah, çà va être le vingtième anniversaire l'année prochaine, c'est incroyable non ?

QUESTION : … j'ai remarqué que dans toutes les photos live et en studio, le fait d'avoir une belle gueule et d'être bien sapé devenait plus important que la musique. Avant 1987, le look était plus Rock n' Roll, mais maintenant on dirait que c'est plus calculé, plus précis et…

David : Non, non, aucun calcul, il n'y a rien de prémédité. C'est comme çà que çà s'est fait. On ne peux pas voir les choses comme çà… en fait, c'est intéressant… depuis que j'ai créé Whitesnake,
le tout premier, je continue à promouvoir Whitesnake dans lequel la musique a la place la plus importante, et le fait que ces types aient un look sympa, merci de me le faire remarquer, n'a pas été prémédité. " Ooh, vite prenons des types qui ont des belles gueules ! ", tu sais, ce n'est pas comme çà que çà marche et çà n'a jamais fonctionné comme çà. Ce sont avant tout des musiciens de Whitesnake, l'important ce sont les qualités musicales, le reste c'est juste…

QUESTION : Une question pour Doug : tu fais partie d'une incroyable liste des guitaristes de Whitesnake. Quelle est ton ambition quand tu joues de tels bons morceaux écrits par les autres
et est-ce que tu y ajoutes ta propre marque ?

David : Pour moi, c'est comme un challenge, c'est quelque chose qu'il faut que je… tu sais, les choses sont très importantes pour un guitariste solo quand il crée un morceau, alors il faut que j'essaie de garder l'intégrité de cela. Je sais que les gens qui viennent à un concert veulent entendre les solos comme ils ont été composés, c'est ce que je veux faire. Maintenant, on a des nouveaux morceaux sur cet album, et ils sont sympas à jouer Live, çà va vraiment apporter du fun, mais pour moi la chose la plus importante est que je dois garder le niveau du groupe à un haut niveau et continuer à apprendre en même temps. J'ai des retours des gens pour ce qu'ils attendent des morceaux de Whitesnake, j'apprends toujours. Je veux être meilleur, continuer.

David : C'est amusant maintenant avec Internet, avec les sites officiels des groupes, dans lesquels tu as un dialogue direct avec les gens qui te soutiennent, et toute l'année 2006 a été consacrée à faire ce que les gens nous demandaient, et … parce que je ne voulais pas vraiment revenir dans ce métier. Et ils ont tout de suite demandé un DVD live en concert, ce qu'on a fait cette année. Aussi un Live Greatest Hits. Des nouveaux morceaux. Une manière de s'ouvrir l'appétit pour l'année prochaine. En fait c'est çà, on travaille en tandem avec les fans qui supportent vraiment le groupe. C'est remarquable, cette opportunité pour cette expérience partagée… et aussi l'importance du look. On a en fait le public qui a le meilleur look dans le monde entier.

QUESTION : C'est sympa d'être revenu à Paris, çà faisait longtemps.

David : Ecoute, cette ville me rend tout excité ! Je te jure, on arrive de l'aéroport aujourd'hui et je me sentais tout excité. C'est fucking Paris ! J'aime ! Il faut qu'on fasse tout pour que Whitesnake ait du succès en France, je le jure. Tout ce qu'on pourra faire. Les agents peuvent dire ce qu'ils veulent, mais il faut que Whitesnake parte en tournée. Mais si on n'a pas une réponse enthousiaste des promoteurs dans tel ou tel pays, on ne pourra pas aller y jouer.
C'est comme çà que çà marche.

QUESTION : Tu as mentionné déjà à quel point Doug était fantastique…

David : Oui, absolument, il a l'ambition de m'éclater.

QUESTION : Mais parlons de l'autre guitariste du groupe Reb Beach. Considères-tu Reb comme un membre à part entière du groupe ou juste un invité ?

David : Oh non, non, s'il te plait ne te trompe pas, pas du tout. Quand j'étais avec les premiers musiciens que j'ai contactés pour la reformation, Tommy est revenu, c'était génial. Il ne faut pas revenir en arrière, j'ai appris çà, il faut avancer. Mais quand je travaillais avec le bassiste originel Marco Mendoza, il a bossé aussi avec Tommy et il m'a dit " Au fait… " et il savait que je cherchais un batteur comme Tommy et c'est lui aussi qui m'a parlé de Reb. Reb est le dernier arrivé, je lui ai dit " Tu sais il y aura un gros focus sur Doug parce que j'ai vraiment confiance en son travail et en ses qualités de musicien ". Donc je vais l'aider à se forger une identité. Tu sais des guitaristes, il y en a des millions partout. Quand tu entends un guitariste en studio, tu sais qui c'est, tu sais quand c'est Eddie Van Halen, tu sais si c'est Steve Vai, tu sais si c'est Jeff Beck, tu reconnais Page. Je voulais qu'il acquière çà avec ce que je connais sur les guitares. Alors j'ai expliqué tout çà à Reb, et ils se sont bien entendus. Doug est le musicien leader du groupe, et il laisse à Reb certains des plus grands solos. Et il y a un mois, j'ai envoyé un e-mail aux musiciens pour leur dire qu'on allait mettre au point les titres et qu'ils me renvoient leurs idées pour le prochain album. Envoyez vos démos les gars. Et je n'ai encore rien reçu ! Mais Reb m'a promis qu'il allait écrire le nouveau " Still Of The Night ", alors croisons les doigts !

QUESTION : Tu parles d'un nouvel album, c'est bien pour nous parce que, il y a longtemps, tu as dit que tu n'allais pas en refaire avant des années…

David : C'est vrai, et j'étais honnête quand je l'ai dit.

QUESTION : Qu'est ce qui t'a fait changer d'avis ?

David : Oui, le gros dilemme c'est qu'on fait des interviews et on dit des choses, et après ces choses restent toujours derrière toi. Ce que j'ai dit il y a quelques années était vrai. Je ne voulais vraiment pas resigner un contrat avec une maison de disques. Whitesnake continue de vendre pas mal de disques dans le monde entier, j'en suis très content, alors je ne voyais pas la raison de recommencer et d'aller me casser les couilles avec çà. C'est ce que je pensais, mais tu sais comme c'est, le public maintenant, c'est des gosses de quatorze, quinze, seize, dix-sept ans, des types sympas, et çà me motive, çà motive tout le groupe. On a une nouvelle maison de disques qui nous supporte vraiment beaucoup en ce moment et tous ces éléments réunis ont fait qu'il était impossible pour moi de refuser. Donc me revoilà dans le grand cirque, je vais faire du mieux que je peux.

QUESTION : Je voulais savoir, à Londres tu as reçu deux récompenses, pour le meilleur groupe et pour le meilleur DVD. Peux-tu nous parler de ta réaction à cela ?

David : Ca c'était amusant ! Je veux dire, numéro un… Je n'ai jamais eu de bonnes relations avec la presse anglaise pendant de nombreuses années. C'est très caractéristique d'un petit pays, ils te soutiennent et quand tu deviens célèbre ils te descendent. C'est nul. J'ai alors décidé que rien ne me retenait plus en Angleterre et j'ai déménagé pour Los Angeles pour travailler avec Geffen et pour rendre Whitesnake populaire en Amérique. Et çà a marché, alors Whitesnake est devenu populaire jusqu'en Chine, tu sais… Le fait d'être invité et d'être nominé, c'est être nominé qui est cool, parce que on a été nominé par les gens. Pas par une bande de journalistes qui parlent et… Et on est arrivés, il y avait les Stones, Red Hot Chili Peppers, Metallica, tu sais tous ces grands, grands garçons. Donc c'était sympa. Je pensais qu'on pouvait peut-être gagner l'une des deux récompenses pour lesquelles on était nominés, et on a gagné les deux. C'était sympa, yeah, beaucoup de fun. Et cette grande récompense, dans l'avion du retour…yeah, beaucoup de fun. Cette année a été plutôt magique pour nous. C'était comme un cadeau de Noël en avance.

QUESTION : Si on mettait toutes tes paroles dans un livre, quel genre de livre ce serait ?

David : Un livre sur ma vie ? Il s'intitulerait " How White Was My Snake "
[" Comme mon serpent était blanc ! "] [rires]
Mais comme je suis très respectueux envers les gens que j'ai croisés dans ma vie, je ne crois pas que ce serait… Ce n'est pas quelque chose… En fait, j'écris dans les chansons, je n'y met pas de noms. Alors en fait j'écris ce livre à chaque fois que j'écris et j'enregistre des morceaux.

QUESTION : Que penses-tu de la victoire de Lordi à l'Eurovision ?

David : Qui ? Oh oui, OK, c'était cette année je crois.. En fait j'étais au Japon à ce moment-là. J'étais dans un gymnase dans un hôtel et j'ai vu çà sur un écran de télé, sur CNN 'Lordi wins the Eurovision'. J'ai cru que c'était Jon Lord ! [rires] J'ai essayé de lui envoyer un télégramme de félicitations, je croyais qu'il était retraité, c'était super ! En fait je n'ai toujours pas entendu ce morceau. Ce n'est pas très bien, je devrais les supporter… Je n'ai pas encore eu le temps de l'écouter, c'est bien ? Ils ont l'air de…Enfin, peu importe, je leur souhaite bonne chance !
Je croyais que c'était Jon Lord.

QUESTION : Il y deux mois, Ritchie Blackmore avec son groupe Blackmore's Night a joué à l'Olympia à Paris, et ils ont chanté " Soldier Of Fortune ". Candice Night a chanté
" Soldier Of Fortune ". Que penses-tu d'une voix féminine sur un tel morceau .

David : Oh j'aime bien, je l'aime bien. Et je me suis intéressé à un très bel album d'une jeune femme qui s'appelait Alanis Morissette il y a environ dix ans… beaucoup de succès. Et la maison de disque a sauté dessus, çà faisait cinq ans qu'on n'avait rien eu avec une chanteuse. Tu sais j'aime beaucoup les voix féminines. Je trouve çà bien, et Ritchie est très très heureux dans ce qu'il fait, et je suis content pour lui. C'est une sorte de copain de classe, parce que j'ai signé pour SPV qui est la compagnie de Ritchie, alors sur Internet c'est un peu la compagnie de disques BlackmoreCoverdale… Non, de toutes manières, je ne pourrais pas porter le costume !

QUESTION : Une question rapide : maintenant on peut dire que Whitesnake est à nouveau un groupe, mais cela va-t-il t'empêcher de faire d'autres choses comme tu faisais avant,
par exemple avec Jeff Beck ?

David : Yeah, mais je n'ai pas le temps ! Il y a des choses que j'aime faire, mais çà c'est très précieux, j'aime le faire. La leçon la plus important que j'ai appris depuis longtemps est que ma vie a besoin d'équilibre. C'est très simple, mais c'est la chose la plus simple qui te permet de survivre. J'ai tellement de pression pour conserver une vie de famille équilibrée, que je ne vais pas la risquer pour l'industrie du disque ou je sais pas quoi. Ce serait un équilibre avec, la difficulté serait…
Doug et moi on a réalisé récemment qu'on avait travaillé ensemble tous les jours de cette année. Et la chose important c'est qu'on a des conjointes très compréhensives. Et c'est OK pour les autres parce qu'ils peuvent rentrer chez eux. Reb part en tournée avec Winger, ce qui est bien parce qu'il n'y a pas de problème avec Whitesnake comme Whitesnake ne travaille pas. Je ne tiens pas à ce que les autres musiciens s'asseyent et attendent… Allez bosser, faites quelque chose ! On a travaillé tous les jours de l'année, et il nous faut du temps pour nos familles. Mais on a pris un engagement maintenant pour faire un nouvel album. Donc maintenant on a des studios dans nos maisons, on peux y travailler, tu vois ?

QUESTION : Glenn Hughes a dit, il y a quelques années, qu'il ne serait pas contre une tournée
de reformation, ou juste pour un concert. Qu'en penses-tu ?

David : Un seul concert, pour une cause humanitaire ? Oui ! Mais la chose importante est qu'il faut que Ritchie soit concerné ! Je ne ferais rien si Ritchie n'y participe pas. Blackmore était mon mentor quand j'ai rejoins Deep Purple. Je trouve que Deep Purple a changé depuis qu'il n'y est plus. Mais j'ai parlé avec Jon Lord. Cette rumeur est partie de lui, d'une interview avec Jon, où il avait un peu trop abusé de cocktails… Et le journaliste lui a demandé " Quelle est votre ambition ? " et il a répondu " J'aimerais que tous les musiciens de Deep Purple jouent ensemble de nouveau ! ". C'est dingue, personne n'en avait jamais parlé. Mais c'est une bonne idée, peut-être qu'on pourrait le faire à l'occasion d'une cause humanitaire. Si tout le monde s'y investit, peut-être un truc caritatif ou quelque chose comme çà tu vois, mais Glenn et moi on en a parlé. Il m'a appelé et il m'a dit " Tu as entendu parler de cette réunion ? " J'ai dit " Non, je n'ai parlé à personne depuis… " Je n'ai aucun respect pour le management de actuel de Deep Purple, parce qu'ils sortent tout le temps des disques les uns après les autres. On ne peut rien y faire. Et donc je ne veux rien avoir à faire avec eux. Donc Glenn et moi on a parlé, en fait c'est lui qui m'a remis les récompenses à Londres il y a deus semaines. C'était sympa de le revoir, il a l'air en forme. Il est en tournée en ce moment. Je n'ai pas le temps, Ritchie n'a pas le temps, Jon Lord est retraité, Ian Paice est toujours dans Deep Purple, alors je ne comprends pas d'où cette rumeur est partie, tu comprends ?

QUESTION : Je t'ai vu en septembre au festival de Wacken. Cela a pu prouver au monde et aux quelques personnes qui ne le savaient pas, que tu peux toujours attirer un public de 30 000 à 50 000 personnes pour l'un de tes concerts. Et je me demandais, avant que tu ne reviennes dans le business si à un certain moment tu n'avais pas eu un doute pour savoir si les gens allaient bien t'accueillir. N'as-tu pas eu un peu peur de cela ?

David : Et bien, je n'ai pas peur, je n'ai pas peur. Et je te recommande aussi de faire pareil. Je pense honnêtement que je n'y ai pas pensé. C'était un contrat limité, çà devait être pour deux mois, deux ou trois mois. C'était si… positif. On a été amené à en faire de plus en plus, ce qui a fait que les deux mois se sont transformés en neuf mois. Tu sais qu'on a fait des breaks aussi. En 2003, on a eu la tentation de revenir. Mais régulièrement je me demande " Qu'est ce qui fait que Whitesnake est différent ? " On va tourner maintenant, probablement pas pendant une année, juste trois ou quatre mois. Ce sera comme çà. J'ai cinquante-cinq ans maintenant, et l'énergie nécessaire pour ces tournées m'oblige à faire des pauses, pour pouvoir toujours avoir la pêche…tu comprends ? Parce que je n'ai pas la liberté comme Mister Jagger d'avoir des morceaux différents. Il peut changer plus bas, je ne sais pas si tu comprends ce que je veux dire,la musique peut être jouée un ton en dessous et tu as toujours " I Can't Get No Satisfaction " avec du punch. " Still Of The Night " ne fonctionne pas comme çà… tu comprends… Ca ne marche par si on le chante à la Frank Sinatra. Donc il faut que je fasse très attention mais je peux encore jouer avec ces…sacrés gaillards !

Merci !

David : Merci beaucoup.

David André