CALIBRE 12
Southern Impact (interview par Bruno Bages)

Le rock sudiste " à la française " existe bel et bien. Bien sur, ses dignes représentants ne trustent pas les couvertures des magazines musicaux branchés. Mais ils écument régulièrement les routes et les salles de concerts, voir les festival bikers. Après tout le rock'n roll est fait pour la scène, et pas pour les plateaux télé ou les salons parisiens. Avec Calibre 12, l'amateur sait clairement où il met les pieds.

John Molet, grande gueule et fine gâchette, nous éclaire sur sa conception du Southern Rock made in Touraine.

RTJ : Peux-tu, à l'intention des ignorants, retracer l'histoire de Calibre 12 ?

J M : OK gringo ! Tout a commencé, il y a déjà longtemps. Je vais donc devoir résumer, sinon nous sommes encore là demain. Jean Marie, l'autre guitariste, joue avec moi depuis prés de trente ans. Durant les années 70, nous écumions les bars de Touraine sous le nom d'Avalanche. A l'époque, nous jouions des reprises de Ted Nugent, Deep Purple, Status Quo, Aerosmith, bref les grosses stars hard du moment. Et puis un beau jour de 74, nous sommes tombé sur un disque de Lynyrd Skynyrd . Ce fut un électrochoc. Et nous n'avons plus décroché depuis. Cette année, Calibre fête ses seize ans d'existence au service du rock sudiste. Outre Jean Marie et moi, le groupe se compose de Laurent Montero ( basse et Jack Daniels ) et de " Crazy " Fred Moreau
à la batterie .

RTJ : Pourquoi sortir une compilation ( A l Ouest Rien De Nouveau ..Enfin Presque ! )
après seulement deux albums ?

J M : Ces deux albums auto produits sont épuisés, et nous voulions avoir quelque chose de consistant à proposer aux kids, à la sortie des concerts. Compiler les deux disques étaient donc la solution la plus directe. J'ai moi-même décidé du choix des titres. J'avais commencé à bosser sur un troisième opus ; mais étant donné que mes compagnons sont du genre couleuvres ( rires ) je ne sais pas quand nous l'enregistrerons.

RTJ : Je crois savoir que tu es un puriste du southern rock.
Quelles sont pour toi les composantes essentielles du style ?

J M : Ronnie Van Zant avait une philosophie très arrêtée ; vivre intensément tous les instants de la vie, tout en restant un homme simple ; et ne pas se laisser marcher sur les pieds. Musicalement, le son du southern rock reste unique, et il est surtout axé sur le travail des guitares. Une superposition rythmique de riffs, parfois différents, mais toujours complémentaires. Des chorus incluant deux ou trois guitares en harmonie.
Sans oublier des atmosphères rock-country-hard, saupoudrées de swamp blues.
Les textes se référent au quotidien, tout en gardant une symbolique très roots.

RTJ : N'est -ce pas un peu anachronique de chanter du southern rock en français ?

J M : Et comment ! Je pensais que c'est une bonne chose au début, car nos textes évoquent des expériences vécues. Mais après avoir exporté Calibre 12 en Allemagne, en Angleterre et aux USA, j'ai revu ma position.
A part quelques rares exceptions, la langue française ne sonne vraiment pas rock'n roll !

RTJ : Le rock sudiste traîne un peu une mauvaise réputation, surtout en France. Ton Avis ?

J M : Des gens ont écrit ou raconté une flopée de conneries à propos des musiciens de southern rock. Certains gratte-papier ont fait un rapide raccourci en considérant que sudiste égal raciste. C'est lamentable. Ces mecs auraient mieux fait de faire leur VRAI travail de journaliste au lieu de diffuser ce genre d'accusations gratuites. Lynyrd a enregistré " Sweet Home Alabama " avec des choristes noires. La chanson " Ballad Of Curtis Loew "
est un hommage à un vieux bluesman, noir également. Les exemples ne manquent pas. Calibre 12 joue avec un drapeau confédéré sur scène. C'est une façon de rendre hommage à un style et à une culture musicale, voilà tout . Si certains ne veulent pas comprendre ça, tant pis pour eux .

J M : Calibre 12 joue régulièrement dans des concentres de bikers .
Quel est le fil conducteur entre Lynyrd Skynyrd , Budweisser , et Harley Davidson ?

J M : Hou là, ça, c'est une question tordue ! L'univers biker est assez proche de l'esprit des seventies,
et donc il est normal que la musique de cette époque lui soit adapté. L'amour des grands espaces,
des grosses bécanes et des grosses guitares ; voilà le secret !

RTJ : L'Europe ( France, Allemagne, Scandinavie ) possède actuellement de très bons groupes dans ce style. Sans oublier les Japonais de Savoy Truffle. Que penses-tu de cette " mondialisation " ?

J M : Je n'en pense que du bien.Tous les pays regorgent de musiciens qui ont adhéré à ce style en raison
de son coté authentique, intègre, et qui permet de jouer sur un très large éventail de sensations.

RTJ : Si les légendes sont toujours là, à l'image de Lynyrd Skynyrd, de Molly Hatchet ou des Allman ;
la vraie relève a du mal à s'imposer, non ?

J M : Sur ce point, je ne suis pas très optimiste. Rivaliser avec les trois monstres que tu as cité me paraît difficile pour des jeunes groupes, surtout s'ils n'ont pas l'appui d'un label important. Cela fait déjà longtemps
que les majors se foutent éperdument du southern rock. Il existe sans aucun doute des jeunes gangs très prometteurs aux States ou ailleurs. Le seul problème pour eux est de se faire connaître.

RTJ : Quel sont les projets de Calibre 12 ?

J M : J'aimerais bien mettre en boite un troisième album. D'ici là, les ambitions sont très simples ;
continuer de tailler la route pour donner des concerts à droite ou à gauche, et pour rencontrer des fans
du style autour d'une mousse.

RTJ : Pour conclure, quels sont pour toi les cinq albums emblématiques du genre ?

J M : J'ai déjà lu ce genre de question quelque part ( rires ). Je pourrais évidemment t'en citer une cinquantaine ; mais s'il faut choisir …disons Second Season ( Point Blank ) ; Last Rebel ( Lynyrd ) ; Flirtin' With Disaster
( Molly Hatchet ) ; Wild Eyed Southern Boys ( 38 Special ) et Rides Again ( Doc Holliday ) .
Ok John, merci, je te fais cadeau du Marauder de Blackfoot et du Live At Fillmore East des Allman ……