Nous
avons eu la chance de rencontrer récemment le vétéran
du rock sudiste, Charlie Daniels,
au Freebird Café (renommé Freebird Live depuis peu de temps)
et il a gentiment accepté de répondre
à quelques-unes de nos questions en attendant son entrée en
scène.
Charlie
est maintenant écrivain. Son livre est une expression de son patriotisme
et de son amour pour l'Amérique et s'intitule "Ain't No Rag,,
Freedom, Family and the Flag". C'est en fait une collection d'essais
qu'il avait publié sur son site web et nous lui avons demandé
comment se passaient les ventes :
"je dois recevoir un chèque de royalties
prochainement, c'est donc que ça se passe pas trop mal".
Charlie, qui a maintenant 67 ans, reste toujours un imposant personnage avec
sa célèbre barbe
et son immense chapeau de cowboy. Bien que son regard soit toujours aussi
perçant, c'est un homme admirablement gentil et quelqu'un de très
facile à aborder et avec qui il est toujours facile de parler.
Notre question suivante concernait l'affaire Michael Jackson.
"Je
pense que s'il est coupable, il devra être traité comme n'importe
qui. Bien sûr, il ne sera jamais facile de recomposer le puzzle. Avec
tous les médias qui s'occupent de l'affaire, il est très difficile
de savoir ce qui est vrai et ce qui est pure fiction. Quant à moi,
je réserve mon jugement jusqu'à ce qu'il soit traduit en justice.
Il y a toujours une possibilité qu'il soit innocent même si les
choses n'ont pas l'air de s'arranger pour lui".
Nous lui avons ensuite demandé ce qu'il pensait du voyage du président en Angleterre et en Europe.
"Je
deviens fou. Je pense qu'ils ont oublié 1941. Si les américains
n'avaient pas été là quand les bombes tombaient sur Londres,
une grande partie de l'Europe serait encore sous influence nazi. Je pense
que les
gens qui protestent dans la rue sont une minorité de gauchistes, tout
particulièrement en Angleterre et en France. Il n'y avait pas autant
de personnes d'ailleurs qu'ils pensaient pouvoir rassembler et ils dérangent
beaucoup de gens avec leurs actions".
Et d'ajouter : "je pense que c'est une bande
d'idiots, ils disent que c'est un problème américain, mais nous
ne sommes pas les seuls concernés, ils font aussi exploser des endroits
musulmans en Arabie Saoudite et en Turquie. Ils se foutent complètement
de savoir qui ils bombardent. Si tu ne penses pas comme eux, tu peux être
bombardé. La guerre en Irak est devenue une erreur. On a vaincu leur
armée et maintenant on doit se battre contre des terroristes."
Que penses-tu de l'affaire "Dixie Chicks" ?
"Je
pense que c'est inapproprié. Quand tu as atteint un certain degré
de notoriété, tu te dois d'écouter les conseils que les
gens qui t'entourent te donnent. D'un autre côté, les gens se
taisent de peur de se faire virer. Je pense qu'elles étaient entourés
par ce genre de trouillards.
Personne ne les a prévenu de ce qu'il arrivait avant qu'il ne soit
trop tard".
"Je pense qu'elles ont campé sur leurs positions jusqu'à
ce que ça les blesse. C'est dommage d'en arriver là alors que
l'on a atteint les sommets, c'est tellement dur d'y arriver. Je les ai rencontré,
ce sont
des filles très sympas et je n'ai aucun problème avec le fait
de me retrouver sur la même affiche.
Je pense que ça va les desservir à long terme".
Charlie Daniels n'a jamais caché ce qu'il pensait, il suffit de voir son site web pour s'en convaincre et lorsqu'il discute, il est très confiant et avance ses arguments avec assurance.
"Mon père m'a beaucoup appris, il aimait la vie et savait très bien faire la différence entre le bien et le mal. Je pense avoir hériter ça de lui" admet-il avec un sourire.
Charlie
Daniels est né les 28 octobre 1936 à Wilmington (Caroline du
sud).
Il se rappelle de son père, Carlton Daniels, comme un homme honnête
ayant confiance en lui, qui aimait
la musique, chanter, plaisanter et rire, les gens, la bonne bouffe et son
travail. Son père, décédé en 1976, était
un exploitant forestier.
"Il pouvait regarder un arbre
et en quelques secondes, il pouvait te dire combien de planches il débiterait"
"Le
travail n'était pas toujours facile et on a pas mal déménagé
quand j'étais jeune."
Il a alors habité à Wilmington et Elizabethtown mais aussi à
Spartanburg en Caroline du sud.
Il a été diplomé au lycée de Goldston (Caroline
du nord) en 1955 alors qu'il développait déjà depuis
quelques années, avec son père, un amour pour la musique et
la chasse.
"On
écoutait le Grand Ole opry tous les samedis soir sur WSM" se
rappelle t-il.
" C'est ce que tout le monde faisait à l'époque, j'ai participé
à mon premier groupe au lycée.
On avait formé un groupe qui s'appelait les Misty Mountain Boys, on
faisait principalement du bluegrass. Cette aventure s'est terminé en
54 ou 55 lorsque l'on est partis pour Wilmington. J'ai alors commencé
à jouer avec une femme, Little Jill.
Elle me payait 50$ la semaine, ce qui était plutôt pas mal à
l'époque. C'est la première fois que je me
suis considéré un musicien professionnel. Vers 1958, je travaillais
avec mon père pour la Taylor Colquitt Creosoting Company et la situation
n'était pas toujours reluisante. Il a fallu licencier du personnel.
Il y avait notamment ce type, Louis Frost, un noir et c'est lui qu'ils ont
décidé de virer. Il avait sa famille
à nourrir et comme de mon côté, j'avais la musique, j'ai
proposé d'être viré si Louis restait.
Tout le monde a été d'accord et Louis a continué à
travaillé jusqu'à sa retraite.
C'est ce qui m'a fait franchir le pas et je suis devenu musicien professionnel".
Es-tu
resté en contact avec ce fameux Louis Frost ?
"Il est certainement décédé
depuis. La dernière fois que je l'ai vu, c'était à l'enterrement
de mon père en 1976."
En
1959, Charlie a monté un groupe répondant au nom "The Jaguars".
"On a enregistré quelques titres et on a fait quelques dates dans
la région. Je vois de temps en temps certains des membres de ce groupe.
Aucun d'eux n'est resté musicien professionnel".
Charlie a pris sa grande claque quand Elvis Presley a enregistré "It
Hurts".
"Laisse-moi te dire que ce morceau me donnait des
frissons, c'était la face B du single "Kissin' cousins".
Fatigué
d'être en permanence sur la route, Charlie devient musicien de studio
en 1967 à Nashville.
"Bob Johnston, de CBS, m'a invité. Je n'ai
commencé à bien me sentir que lorsque Bob Dylan est venu".
Charlie est crédité comme musicien de
studio sur quatre des albums de Bob Dylan, dont "Nashville skyline.
Il a également joué avec Ringo Starr et Marty Robbins.
Il a formé le Charlie Daniels Band en 1970 et a fait partie de l'explosion
du rock sudiste.
Son premier tube a été"Uneasy rider", tiré
de son deuxième album "Honey in the rock".
Son troisième album, "Way down yonder ", sorti en 1974 contenait
deux hits, "The south's gonna do it again" et "Long haired
country boy".
"Ce
fut une bonne année pour nous, c'est également la première
fois que l'on a fait le Volunteer Jam
avec les Marsahll Tucker, les Allman Brothers et autres".
Quand est sorti ton mega hit "The devil went down to Georgia"?
"C'était
en 1979, c'est la première fois que l'on était en tête
des charts. On a également reçu un grammy avec ce titre pour
la meilleure performance vocale. Ensuite, on a eu une apparition dans le film
"Urban cowboy" avec John Travolta. On s'est bien amusés à
le faire à Gilley, au Texas.
Un peu plus tard dans l'année on a eu un autre hit, "In America"
".
Le
temps passe trop vite et nous devons bientôt laisser Charlie monter
sur scène.
Quels conseils donnerais-tu à un débutant ?
"Quelques
petits trucs. Tout d'abord il faut le sentir et s'y donner à fond.
Sois le premier à arriver et le dernier à partir. Discute avec
tous ceux qui peuvent t'apporter quelque chose et apprend le plus
de choses possible. Ensuite, évalue ton talent et sois honnête
avec toi-même. On a pas besoin d'un nouveau Garth Brooks. On en a déjà
un. On a pas besoin d'un nouveau Alan Jackson, on l'a dèjà.
Apporte quelque chose de nouveau ou tu finiras à jouer le weekend dans
les Holiday Inn, bien qu'il n'y ait rien de mal à ça. Sois honnête
avec toi, et saches ce que tu n'es pas capable de faire. Enfin, déménage
là où est la musique, Nashville, LA, New York, Chicago. Il faut
être là où est la musique si tu veux en faire".
Finalement, nous avons demandé à Charlie s'il allait se présenter au poste de gouverneur du Tennessee. "Jamais" nous a t'il déclaré en riant très fort. "Je ne quitterai jamais ce que je fais, j'aime trop ça !!!".