INTERVIEW ED KING
( Juillet 2002 )
John Molet / Dominique Turgot

RTJ : Tout d'abord, comment va ta santé ?

ED KING :Je vais très bien comme tu peux le constater sur la photo que je t'ai envoyé. Les docteurs m'ont placé sur une liste d'attente "inactive" pour une transplantation cardiaque. J'aurai besoin d'un nouveau coeur un jour, mais pas pour le moment.

RTJ : A quel âge as tu commencé à pratiquer le guitare ? Etait-ce ton premier instrument ?

ED KING : J'ai pris des cours de piano lorsque j'étais très jeune, vers les 8 ans. Je n'aimais pas tellement l'instrument
et j'ai donc arrêté. Je le regrette un peu maintenant. J'ai eu ma première guitare en 1961, une Kay acoustique très très dure
à jouer. A cette époque, j'apprenais tous les tubes de la surf music californienne.

RTJ : Es-tu autodidacte ou as-tu pris des cours ? Etais-tu du genre acharné ?

ED KING : J'ai pris des cours pendant 3 mois. Lorsque j'ai eu le niveau de jouer mon premier récital
("Beautiful Brown Eyes"), j'ai arrêté ces cours. Ensuite, j'ai énormément pratiqué, surtout entre 62 et 67.

RTJ : Comment es-tu venu à ton si caractéristique style "staccato" ? Quelles étaient tes influences à l'époque ?

ED KING : Je n'en sais rien...mes guitar héros étaient James Burton, Lonnie Macket Duane Eddy.

RTJ : Comment es-tu venu à jouer du slide ? Comment as-tu développé ton style ?

ED KING : J'ai commencé à en jouer vers la fin des années 60, mais ce n'était pas très "cool"... jusqu'à ce que Duane Allman
arrive et en fasse un style populaire. J'ai eu la chance de voir Duane sur scène, les 09/10/71 et 13/10/71, il est décédé le 29/10.
J'ai énormément appris en le regardant jouer. Personne n'est capable de jouer aussi bien que lui...attends un peu...Ry Cooder en est capable. Oui, Duane et Ry. Ce sont les deux seuls. Je n'écoute aucun joueur de slide, même pas moi.

Quel genre de musiques écoutes-tu aujourd'hui ?

ED KING : Des choses des années 50 et 60. Le dernier bon album de rock était "Brothers in arms" de Dire Straits.
Depuis, rien ne m'a vraiment remué. J'aime beaucoup écouté ce que j'écoutais pendant mon enfance.

RTJ : Quel est ton matériel préféré (guitares et amplis) ?

ED KING : J'ai toujours aimé les vieilles Gibson Les Paul...même si elles ne sont pas très versatiles. Les Fender Stratocaster et Telecaster sont les guitares que je joue le plus. Il y a beaucoup de très bons amplis. J'ai utilisé un Paul Reed Smith Solid State pendant des années. Ils ne sont malheureusement plus fabriqués, mais ils étaient incroyables.
J'ai joué plus de 400 concerts avec le mien et je n'ai jamais eu besoin d'y toucher.

RTJ : Avec qui aimerais-tu jouer ?

ED KING : J'ai toujours voulu jouer avec James Burton et j'ai eu cette chance lors d'un salon de la guitare à Dallas en 1994.
Il y avait également Greg Martin (Kentucky Headhunters), Brian Setzer, Seymour Duncan, James Burton et moi-même.
Nous avons joué "Hello Mary Lou" et chacun de nous a pris un solo. Je connaissais le solo original de James Burton
à la note près. Quand le tour de James Burton est arrivé, il a fait quelque chose de complètement différent.
Je suppose qu'il a le droit de le faire, non ?

RTJ : Imagine que tu puisses monter le groupe de tes rêves. Qui en ferait partie ?

ED KING : Leon Wilkeson à la basse....Jerry Edmonton à la batterie....Pete Townsend à la guitare rythmique et moi
quelque part.Oh oui...Ronnie Van Zant au chant

RTJ : Si tu n'avais pas eu cette brillante carrière de musicien, quelle aurait pu être ta vie ?

ED KING : La même chose que maintenant..... fainéant et reclus.

RTJ : As-tu eu la chance de rencontrer tous les gens que tu souhaitais ?

ED KING: Je n'ai jamais ressenti le besoin de devoir les rencontrer....ceci dit, je pense avoir rencontrer tous mes héros,
à l'exception de Lonnie Mack.

RTJ : Quelle était ta vie entre 75 et 87 ? Faisais-tu toujours de la musique ? Sur quels projets as-tu travaillé ?

ED KING : J'ai fait quelques investissements dans l'immobilier et j'ai également fait un peu de programmation...
mais rien bien sûr ne peut remplacer le fait de vivre de la guitare.

RTJ : Que penses-tu du Southern Rock aujourd'hui ?

ED KING :Tu veux parler des nouveaux groupes ? Mis à part Drive by Truckers, je ne les écoute pas vraiment.
Les Truckers sont vraiment très bien !

RTJ : Existe t-il des styles de musique que tu détestes par dessus tout ?

ED KING : Je n'ai jamais vraiment aimé ce qui venait de Détroit....par contre, j'aimais ce qui se faisait du côté de Philadelphie, Memphis et Chicago. Je ne sais pas pourquoi je n'ai jamais accroché à Détroit. Au fait....tu peux ajouter
le rap aux styles de musique que je n'aime pas.

RTJ : Si tu en avais la possibilité, aurais-tu envie de reprendre la route ?

ED KING : J'adore être sur la route, c'est elle qui ne m'aime pas.

RTJ : Que penses-tu de l'assimilation Southern Rock-racisme dans certains pays ?

ED KING : Je suis de Los Angeles...je ne ressens pas les choses de cette façon. Tout le truc autour de drapeau confédéré.....
et alors ?

RTJ : Comment as-tu réagi aux évènements du 11 Septembre ?

ED KING :"The End Is Near".

RTJ : On a été déçus lorsque l'on a appris l'arrêt de ton projet "Bonnie Blue Band".
Y a-t-il une chance qu'un autre projet voit le jour ?

ED KING: Je souhaitais vraiment m'investir dans ce projet, mais Jimmy Hall ne semblait pas hyper motivé et je me suis dit que l'on devait certainement être trop vieux pour ça.

RTJ : On a eu l'occasion de discuter avec beaucoup de fans et beaucoup ont été tristes d'apprendre ton départ en 95 de
Lynyrd Skynyrd et pensent que leur musique a énormément changé (les compositions et les arrangements ne sont plus aussi riches). Que penses-tu de leur musique aujourd'hui ?

ED KING : Je n'ai pas vraiment écouté leur musique depuis mon départ. Je dirai, sans l'avoir écouté, que leur musique
doit radicalement être différente sans moi dans le groupe...et plus encore, depuis le décés de Leon Wilkeson.
S'il doit arriver quelque chose à Billy Powell, c'est la fin.

RTJ : Es-tu resté en relation avec certains membres du groupe ?

ED KING: Non.

RTJ : La disparition de Léon n'aurait-elle pas dû inciter le groupe à mettre fin à la carrière Lynyrd Skynyrd ?

ED KING : Non...Gary Rossington a certainement gagné le droit de faire ce qu'il veut avec le nom de Lynyrd Skynyrd.
J'espère qu'ils tourneront jusqu'à la fin...c'est son droit.

RTJ : Que deviens tu ? Ecris-tu toujours des morceaux ? A t'on une chance que tu sortes un album ?

ED KING : Tu as vu la photo que je t'ai envoyé. Tout va pour le mieux. J'ai enregistré quelques titres dans mon home studio ces dernières années. Quand, et si, le groupe arrive à rentrer au Hall of Fame, alors je sortirai quelque chose.

RTJ : Si tu devais finir ta vie sur une île déserte, quels albums, emmènerais-tu avec toi ?

ED KING :Who's Next. C'est le seul. Peut être un best of des Beach Boys.

RTJ : Si tu pouvais refaire ta vie, changerais-tu quelque chose ?

ED KING : La seule chose que je changerai serait d'être un peu plus "agressif" dans le business de la musique et prendre
un peu plus au sérieux mon talent. J'aurai du aller à San Francisco et rejoindre un groupe dans les années 60.
Mais finalement, vu comment les choses ont tourné, je n'ai pas trop à me plaindre.

Questions : John Molet et Dominique Turgot
Traduction : Dominique Turgot

Ed King et Johnny VanZant à Paris, 92
( Photo John Molet
)