INTERVIEW MICHAEL CARTELLONE
questions Philippe ARCHAMBEAU

RTJ : Bonjour Michael, merci de bien vouloir répondre à nos questions pour les
lecteurs de ROAD TO JACKSONVILLE, webzine rock sudiste. Tu as créé un petit
événement avec ton site web qui est désormais en ligne,
http://www.michaelcartellone.com/ et où l'on découvre que tu n'es pas uniquement un grand batteur de Rock mais aussi un passionné de peinture, afin d'éclairer un peu le public Français nous souhaitons te poser ces quelques questions !
Tout d'abord, j'ai lu que tu avais commencé la batterie à 9 ans, tu étais déjà dans un environnement artistique ? Pourquoi as tu privilégié la batterie et peux tu nous résumer globalement ta carrière de batteur ?

Michael Cartellone : Quand j'ai grandi, j'étais entouré par la musique. Mes parents aimaient la musique des
Big bands, mes sœurs aînées les Beatles et mon frère aîné le rock progressif britannique. Par conséquent, cette liste résume assez bien la plupart de mes styles musicaux favoris à ce jour. Personne de ma famille proche ne jouait un instrument, mais j'avais un cousin plus vieux que moi, prénommé Bert, qui jouait de la batterie. Chaque fois que nous allions voir Bert chez lui, je le suppliais de me laisser jouer de la batterie.
Mes parents ont pu voir que j'étais si déterminé pour jouer qu'il m'ont fait donner des leçons de batterie dès neuf ans par le professeur de Bert. Ainsi dans ma carrière, j'ai eu le bonheur de jouer avec de nombreux musiciens réputés : Damn Yankees, Accept, John Fogerty, John Wetton, Adrian Belew, Cher, Peter Frampton et Freddie Mercury. Bien sur, Lynyrd Skynyrd est au sommet de cette liste


RTJ : Apres avoir oeuvré avec des grands de la music Rock ou Hard Rock aujourd'hui tu es le batteur de
Lynyrd Skynyrd, comment cela s'est il passé et que représentait pour toi ce groupe quand tu étais plus jeune ?

Michael Cartellone : En 1998, Skynyrd enregistrait Edge of Forever à Nashville Tennessee. Ron Nevison
(qui avait produit les deux albums de Damn Yankees) en était le producteur. Comme je vivais alors à Nashville, je m'étais arrêté au studio pour lui dire bonjour. Une chose menant à une autre, je me suis retrouvé à jouer de la percussion sur le disque. Il m'ont alors demandé de continuer avec eux en tournée, et maintenant cela fait six ans que cela dure. C'est vraiment une belle expérience. Ce sont tous des gens merveilleux qui évoluent dans
un environnement centré autour de leurs familles. J'étais un fan de Skynyrd quand j'étais plus jeune, et vraiment tu peux te rendre compte quelle chance j'ai de travailler avec eux.


RTJ : Jouer avec Ted et Damn Yankees a dû représenter un grand moment pour toi,
peux tu nous en parler un peu ??

Michael Cartellone : Damn Yankees a été une période formidable de ma vie. Tommy Shaw, Jack Blades,
Ted Nugent et moi sommes restés en contact malgré les années et nous sommes toujours des amis très proches. En fait Tommy et Jack sont venu chez moi à New York récemment et nous avons dîné ensemble.
En fait auparavant je jouais dans des bars dans des petites villes et j'avais fait une tournée comme membre du groupe solo de Tommy Shaw, j'étais quasiment inconnu quand Damn Yankees s'est formé. Je n'aurais pas pu imaginer qu'autant de choses allaient arriver, que nous allions vendre 3 millions d'albums et que nous allions bosser ensemble pendant 5 ans sans discontinuer.


RTJ : La carrière de Damn Yankees nous a paru assez courte, aurais tu aimé la prolonger ?
Qu'est ce qui n'a pas été ??

Michael Cartellone : A la fin de ces cinq années, nous avons pensé qu'il serait bon que nous fassions un break d'un an avec Damn Yankees (avec l'intention de revenir ensemble après cela). Durant ce temps, Ted a enregistré un album solo, et Tommy et Jack un album en duo. J'ai fini par participer à l'enregistrement de l'album de Tommy et Jack et je suis parti en tournée avec le groupe solo de Ted. Nous nous sommes retrouvés en fait un an après et nous avons commencé à enregistrer des démos de nouveaux morceaux. A ce moment-là, notre maison de disques, Warner Bros, a subi de profonds changements tant au niveau de la direction que des groupes signés. Nous nous sommes donc retrouvés à chercher une autre compagnie de disques.
Ca a duré un moment et pendant cette période nous avons tous commencé à travailler séparément, Tommy avec Styx, Jack avec Night Ranger, moi d'abord avec Ted puis avec Accept. En résumé : Damn Yankees n'a jamais officiellement splitté, nous sommes toujours prêts à redémarrer depuis dix ans! C'est juste difficile de dire si nous le voulons vraiment et quand nous relancerons Damn Yankees. Je sais que nous avons tous le désir de retravailler ensemble un jour, mais nous sommes tous très heureux de ce que nous sommes en train de faire en ce moment.

RTJ : Ressens tu une grande différence d'état d'esprit entre la musique dite Southern Rock
et celle du Hard Rock ?

Michael Cartellone : Il y a des différences à jouer du Southern Rock et du hard Rock. C'est fondamentalement dans le feeling dans la manière de jouer. Je joue plutôt du Southern Rock avec une approche bluesy, douce
et je suis le rythme. Quand je fais du hard Rock, c'est de manière beaucoup plus agressive et précise.
Il est important de noter que j'utilise souvent ces manières de jouer l'une après l'autre, sans tenir compte de la musique. C'est là que je me rends compte que je penche plutôt dans une direction et que je joue alors dans
ce style.


RTJ : Ted Nugent nous semble assez proche de la musique Sudiste en général, quand est il pour toi ,
est ce un style, une mentalité qui te concerne directement ?

Michael Cartellone : Honnêtement, je ne considère pas Ted Nugent comme un musicien de Southern Rock.
Ted ne joue pas de la manière bluesy dont j'ai parlé. En ce moment, il aime le son Motown et Rythm n' Blues,
ce qu'il montre je pense dans sa musique.


RTJ : Apprécies tu d'autres Horizons musicaux ?

Michael Cartellone : Comme je l'ai mentionné dans la première question, j'aime tout ce que j'ai entendu en grandissant. De plus, j'écoute beaucoup de musique classique. J'aime vraiment écouter du classique parce que c'est quelque chose de tout à fait nouveau pour moi, je n'avait aucune racine avec cette musique. Mon esprit ne commence pas à analyser systématiquement la musique classique comme elle le fait avec tous les autres styles, donc je n'ai qu'à l'écouter et l'apprécier. J'aimerais dire que je suis aussi plus influencé par les Beatles et David Bowie. En tant que batteur, j'aime le rock progressif britannique : Yes, King Crimson, UK,
Pink Floyd. Pendant des années, j'ai joué dans des groupes qui repoussaient les limites de l'écriture musicale et des syncopes. J'aime toujours jouer ce style aujourd'hui.

RTJ : Comment as tu démarré avec Skynyrd, tu as repiqué les parties batteries des batteurs précédents
ou tu as tout de suite créé ton approche personnelle ?

Michael Cartellone : Au début, quand j'ai rejoint Skynyrd, j'ai écouté les enregistrements de studio originaux et les versions en concert (de One More from the Road et Lyve in Steel Town) des morceaux qu'on m'avait demandé d'apprendre. C'était intéressant d'entendre comme la manière de jouer de la batterie avait évolué entre le studio et le Live, et ce que chaque batteur avait gardé ou écarté. Basiquement, je garde le rythme et les battements originaux. Comme pour les solos de batterie, certains faisaient partie intégrante des morceaux, et certains dans lesquels je pouvais injecter une dose de mon style personnel. J'ai fait cela morceau après morceau, en fonction de chacun d'entre eux. La chose importante à mentionner est que beaucoup de ces morceaux originaux sont imprimés dans la mémoire du public. Donc il faut les garder le plus authentiques possibles, ou çà ne sonne pas bien.

RTJ : Je pense que ça n'est pas toujours très facile de bosser avec Gary, Billy, Johnny, etc..
Qu'en est il pour toi ?

Michael Cartellone : Jouer dans Skynyrd est une chose très naturelle et une position facile pour moi.
Tous les membres du groupes sont très doués et nous respectons entre nous les capacités des autres musiciens. Et nous nous entendons très bien.

RTJ : Parmi les grands batteurs de Rock, y en a t'il qui t'ont influencé ??

Michael Cartellone : Les batteurs qui m'ont influencé le plus sont Bill Bruford, Stewart Copeland et Terry Bozzio.

RTJ : J'ai vu sur ton site que tu avais une réelle passion pour la peinture,
peux tu nous expliquer globalement cet intérêt ?

Michael Cartellone : J'ai essayé de poursuivre une carrière artistique, tout en continuant à être musicien pendant des années. Les "Road Series Paintings" ont fait de ce but une réalité. Je pense vraiment que ces peintures pourront plaire aux collectionneurs, même si ce ne sont pas des fans de Lynyrd Skynyrd.
J'ai d'autres peintures parmi celles que je vais négocier sur mon website (
www.michaelcartellone.com),
et une galerie va présenter les tableaux originaux des Road Series à New York cet hiver.

RTJ : On peut désormais se procurer sur ton site une partie de ton travail appelé The Road Series Paintings qui ont été réalisées durant les tournées de Lynyrd Skynyrd, qu'en espères tu ?

Michael Cartellone : Mon amour pour la peinture a commencé à l'âge de 4 ans, quand j'allais à l'école de peinture pendant les mois d'été. J'ai quasiment peint toute ma vie depuis cette époque, et j'ai développé mon goût pour la peinture en même temps que mes capacités musicales. Je pense que j'ai voulu faire une carrière artistique jusqu'à ce que je commence à jouer dans des groupes à l'âge de 11 ans. A ce moment-là, mon énergie s'est concentrée sur la musique, bien que je n'ai jamais vraiment arrêté de peindre. Mes peintres favoris sont : René Magritte, Georges Seurat, Norman Rockwell et MC Escher. De là on peut voir que mes styles préférés de peinture sont le post-impressionnisme, le surréalisme et le réalisme.



RTJ : Pour terminer comme à chaque fois où RTJ fait une interview nous posons la question suivante,
si tu devais terminer ta vie sur une île déserte en y emmenant 5 albums ( et 1 ou 2 tableaux si tu veux ? ) lesquels prendrait tu ??

Michael Cartellone : Les disques que j'emmènerais sur une île déserte sont : Ziggy Stardust (Bowie),
Abbey Road, Rubber Soul, Revolver (Beatles), et un cd qui s'appelle Les Classiques du Piano
(divers morceaux joués par plusieurs musiciens). Les peintures que j'emporterais sur une île déserte sont : Circus Sideshow (Seurat) et Triple Self-Portrait (Rockwell).


RTJ : Voilà je te remercie très sincèrement de ta collaboration, et j'espère vivement te revoir au plus tôt
avec Skynyrd en France,

Michael Cartellone : Merci encore. J'espère vous voir bientôt en France.