RTJ : Pour nos lecteurs, peux tu nous rappeler ta carrière musicale ? Quand tu étais plus jeune, quel genre de musique écoutais-tu ? Quand as-tu commencé à jouer de la guitare ?

Tim Brooks : Ma sœur avait quatre ans de plus que moi et la première chanson que j’ai entendu et apprécié, c’était « Hound Dog », par Elvis ! Ma sœur écoutait ce disque jour et nuit. J’étais trop jeune pour comprendre pourquoi j’aimais çà, mais çà m’allait directement au cœur. J’avais à peu près quatre ans mais je m’en souviens très bien.

RTJ : Qu’écoutais-tu à l’époque ?

Tim Brooks : Et bien, bien sur nous écoutions les radios pop au début des années 60, le début de la Motown, et tout çà. C’est durant cette période que j’ai écouté pour la première fois de la musique classique, par les disques que mes parents avaient. Tout çà m’a marqué. Mais rien ne m’avait préparé pour l’arrivée des Beatles !! J’ai été complètement soufflé !! Je veux dire, j’avais 11 ans et j’aimais leur look, leurs vêtements, et leurs coiffures, mais en plus leur musique paraissait si fraîche et vibrante. Les paroles et les harmonies vocales sont toujours dans mon esprit aujourd’hui quand j’écris des morceaux.

RTJ : Quels étaient tes groupes favoris à cette époque ? Et maintenant ?

Tim Brooks : J’ai aimé tous les groupes anglais des années 60. Puis en 1969, alors que j’avais 16 ans, ma sœur
a organisé une fête à la maison avec ses amis du lycée. J’étais là et il y avait un type avec des cheveux blonds très longs, le genre hippie, qui a mis un disque sur le tourne-disque. J’ai entendu les cinq premières notes de « Don’t want you no more » du premier album des Allman, et je suis tombé à genoux. Et quand Gregg a commencé à chanter « It’s not my Cross to Bear », je veux dire Whoaaa !!! J’étais accro pour la vie !
J’ai aussi aimé Jimi, Eric Clapton, etc… mais le jeu de guitare de Duane et Dickey c’était autre chose, plus original et puissant. De toutes manières, tout çà et d’autres influences m’ont amené à un mélange des styles dans ma tête. Je n’écoute plus vraiment la radio maintenant, mais mon fils de 18 ans me fait écouter de temps en temps des trucs nouveaux que j’aime bien. Ca n’a rien à voir avec le Southern Rock, mais je pense que l’un des groupes les plus intelligents et originaux en ce moment c’est Incubus.

RTJ : Comment as-tu développé ton propre style de slide guitare ? Qui sont tes références en ce moment ?

Tim Brooks : Mon style de guitare slide est directement inspiré de Duane. Je ne savais pas ce qu’était la slide guitare jusqu’à ce qu’un de mes amis me dise qu’il avait vu Johnny Winter jouer avec un tube à essai sur son doigt. Alors, j’ai pris ma guitare, un tube à essai, et j’ai commencé à faire un bruit horrible ! Bien sur, par la suite, c’est chacun son expérience, son entraînement, il faut écouter, regarder, voler des plans, etc. Rapidement on développe son propre style, même si je suis toujours très fier quand des gens me disent qu’ils ont vu que je me suis inspiré de Duane. Et de Duane, j’ai écouté Ry Cooder, Robert Johnson, et surtout Blind Willie Johnson !!! C’est le type le plus tordu que je connaisse !

RTJ : Que penses-tu des nouveaux « slide masters » comme Warren Haynes ?

Tim Brooks : Tout d’abord, Warren Haynes est un des types les plus sympas que je connaisse. Sa notoriété ne lui est pas montée à la tête. Et il est impressionnant comme guitariste ! J’ai eu la chance extraordinaire de voir Gov’t Mule à leur tout premier concert ! Et à la fin de ce concert il y avait Warren, Derek Trucks et moi en train de jouer de la slide sur « Wang Dang Doodle ». Quel pied !

RTJ : Tu te souviens de ta tournée en France en 1994 ?

Tim Brooks : Je me souviens très bien de nos shows en France en 1995. Je me rappelle avoir joué à Copenhague, et après avoir roulé 16 heures pour aller à Bordeaux ! On a passé une nuit blanche la première nuit en France, et on s’est promené en s’arrêtant dans chaque café que nous trouvions pour boire tout le « vin rouge » que nous pouvions. Puis on est allés au club et on a bu des coups avec les types très sympas du groupe qui allait jouer avec nous, General Store.

RTJ : Tu te rappelles de General Store, le groupe qui a fait ta première partie ?

Tim Brooks : Ces types étaient bons ! Ils étaient sympas à fréquenter aussi. De toutes manières
notre groupe et le leur a bu tout le vin rouge que le club avait cette nuit-là !

RTJ : Quelles ont été tes impressions de Bordeaux ? Les fans de Blues Rock ont parlé de ces deux dates pendant longtemps. Ces dates étaient prévues longtemps avant ?

Tim Brooks : Je pense que notre première tournée européenne a été prévue longtemps avant, mais je ne sais pas combien de temps. Et si je comprends bien ta question, la tournée n’a pas été conçue par nous, mais par notre maison de disques via une agence en Norvège et une autre à Amsterdam.

RTJ : Tu es revenu en Europe depuis cette époque ?

Tim Brooks : Nous sommes déjà revenus. Notre bon pote Mathias Schneider en Allemagne s’est occupé des réservations de notre dernière tournée en mars et avril 2001. Nous n’avons joué qu’en Allemagne, Hollande, et Suisse. Nous avons passé un super moment, et nous aurions aimé jouer aussi en France, mais çà ne s’est pas fait.

RTJ : As-tu prévu de faire une nouvelle tournée en Europe et en France ? Connais-tu le club « House of Live » à Paris ? C’est un club où de nombreux groupes viennent jouer quand ils sont en tournée en Europe.

Tim Brooks : Je ne connais pas le « House of Live », mais j’aimerais vraiment y jouer. Tu sais, on était tellement pressés d’aller à Bordeaux en 1995 qu’on a vu Paris que de loin, juste en passant sur la route.

RTJ : Que penses-tu de la scène musicale française et européenne ?

Tim Brooks : Quand je parle de l’Europe et de la France à propos de musique, deux choses me viennent immédiatement à l’esprit :
1. les gens apprécient beaucoup plus les groupes comme le notre que la plupart des gens dans notre pays,
et vous les fans vous remplissez les clubs et les salles au maximum quand on y joue.
2. Les radios en Europe sont aussi mauvaises qu’aux USA !!! (les stations nationales je parle). C’est terrible d’écouter la radio en roulant. De toutes manières, on nous avait averti avant la tournée, beaucoup de personnes qui travaillent dans l’hôtellerie chez vous (serveurs, employés d’hôtels) sont très durs et très impatients avec nous. Malgré tout, les gens normaux (dans les clubs, dans la rue…) ont été extrêmement gentils et hospitaliers. Mais je pense qu’on peut dire cela de chaque pays. Et de toutes manières, que les politiciens aillent se faire voir !!! Let’s Rock n’ Roll !!!

RTJ : Aimes-tu les groupes comme Molly Hatchet, Lynyrd Skynyrd ou Point Blank, qui jouent de la musique un peu moins bluesy et jazzy que les Allman Brothers ou toi ?

Tim Brooks : J’aime Molly Hatchet, spécialement « Flirtin’ with Disaster », et j’aime beaucoup Point Blank. J’aimais beaucoup Lynyrd Skynyrd à cause du jeu de guitare de Ed King et de Steve Gaines.
De toutes manières, leur musique me semble implacablement dure avec peu de place pour des choses plus légères comme « Dreams », mon morceau favori du ABB.

RTJ : Sur ton dernier album, tu y a ajouté quelques atmosphères country sur des morceaux comme « Back in the Game » ou « Southern Maiden ». Est-ce que ce type de musique fait partie de tes influences musicales ? Que penses-tu du « new country » et des gens comme Travis Tritt, Montgomery and Gentry, Tim Mc Graw ?

Tim Brooks : Je ne prête pas attention au « new country ». Pour moi, donne moi George Jones et Merle Haggard et une bière pour pleurer !

RTJ : Existe-t-il une vidéo de Brothers Brooks ou de Tim Brooks ?

Tim Brooks : Il existe beaucoup de vidéos de nous, mais la plupart sont vraiment très mauvaises en terme d’images et de qualité audio.

RTJ : Préfères-tu jouer dans des petits clubs ou dans des grandes salles ?

Tim Brooks : Je préfère vraiment jouer dans des petits clubs à cause du facteur intimité. Nous avons joué dans des grands stades ou j'étais, tu sais, à peut-être 100 mètres de Kenny, mon bassiste, et j’en garde vraiment un mauvais souvenir. Dans un club tout le monde peut vibrer dans le même espace et il y a un feeling qui se perd dans une grande salle.

RTJ : Pour de nombreuses personnes dans le monde, le 11 septembre restera toujours dans leurs esprits. Comment as-tu réagi à ces terribles attaques ? As-tu joué dans des concerts au bénéfice des victimes ?

Tim Brooks : Okay. Le 11 septembre, mon sang s’est glacé quand j’ai vu cela à la télévision ce matin-là.
Je n’arrive pas à croire que ce sont des êtres humains (en fait des animaux) qui ont pu faire cela. Malheureusement ces types sont des couards et ils ne vont pas faire cela en plein jour à visage découvert.
Ils ont fait cela en douce, et çà révolte mon tempérament du sud. Pendant longtemps après cela, on a joué tous les soirs un ou deux morceaux en mémoire des victimes, comme « America the Beautiful ».
Maintenant il faut se débarasser de ces types-là et les avoir avant qu’ils tuent encore des gens innocents.

RTJ : Si tu devais passer ta vie sur une île déserte, quel album emmènerais-tu avec toi ?

Tim Brooks : Aucun doute, si je partais sur une île déserte, j’emmènerais « Rubber Soul » des Beatles.
C’est peut-être une réponse qui ne va pas plaire aux fans les plus accros de Southern Rock, mais ce serait mon choix… mais putain, c’est une question difficile !!!

Interview TIM BROOKS
Questions préparées par Dominique TURGOT