RTJ : Avant de faire partie de Wet Willie, tu étais dans le groupe Fox. Comment s'est passé le changement de groupe ?

RICK HIRSCH :Fox était les prémices de Wet Willie. Tous les membres originaux de Wet Willie venaient tous de Fox.

RTJ :Quelles furent tes premières impressions quand tu t'es retrouvé dans Wet Willie ?

RICK HIRSCH :Nous étions tous très jeunes à l'époque (1969) et captivés par l'émergence de la musique blues-rock à laquelle on a immédiatement adhérer. Lorsque l'on a joué le premier accord d'un blues en do (qui devint par la suite
"Macon Georgia Greezy Hambone Blues" ) c'était magique. On savait alors qu'on était tous sur la même longueur d'ondes.

RTJ:Comment avez-vous signé avec Capricorn Records ?

RICK HIRSCH :Nous avons signé grâce à un ami de lycée, Frank Friedman. Il avait été, fut un temps, en pourparlers avec eux, pour son groupe. Son groupe s'est dissous, il m'a appelé et m'a alors dit que s'il pouvait participer à notre groupe, il nous obtiendrait un contrat. Frank avait déjà écrit quelques bons titres qui nous correspondaient, il était également guitariste, et c'est ainsi qu'il nous a rejoint pour le premier album. On a ensuite quitté Mobile (Alabama) pour Macon (Géorgie) pour une audition avec Capricorn Records. Frank Fenter, vice-président de Capricorn Records, est venu nous écouter et nous a signé immédiatement. Frank est malheureusement décédé mais je voulais rappeler ici l'importance qu'il a lu dans les relations avec Capricorn Records. C'était un type extraordinaire qui nous a toujours encouragé à faire ce qu'il fallait pour avoir du succès.

RTJ :D'où est venue l'idée du nom Wet Willie ?

RICK HIRSCH :C'est Frank Fenter qui a eu cette idée. Dès votre premier album, vous avez rencontré le succès en mélangeant Soul, R&B et country ?

RTJ :Qui était à l'origine de ce savant cocktail ?

RICK HIRSCH :C'est une description assez fidèle de ce que l'on faisait à l'époque. Ce n'était pas réellement l'idée d'une seule et même personne, mais le fruit d'un travail collectif, tout le monde inspirait tout le monde.

RTJ :Quel genre de musique écoutiez-vous à l'époque ?

RICK HIRSCH :Personnellement, j'écoutais principalement du blues, avec quelques incursions vers le jazz et le R&B.
Mes influences venaient la plupart du temps de la musique noire, comme par exemple Robert Johnson, Elmore James,
BB King, Ray Charles, Curtis Mayfield, Marvin Gaye, Donny Hathaway, Miles Davis.

RTJ :Qui a dessiné la pochette de votre premier album ?

RICK HIRSCH :On m'a souvent posé cette question. Je ne me rappelle pas exactement le nom de l'artiste qui l'a fait, mais je me souviens qu'il était de Caroline du Nord et travaillait pour deux sociétés d'Athens, Géorgie (Athens Art Co-op et Wonder Graphics).

RTJ :Sur votre deuxième album, vous avez fait une reprise de Shout Banalama d'Otis Redding.
L'écoutiez-vous et l'appréciez-vous ?

RICK HIRSCH :Bien sûr que nous l'aimions. Lui et sa famille habitaient également Macon, Géorgie et il était partenaire
de Phil Walden, président de Capricorn Records. Je me rappelle encore de l'effet que nous a fait son premier hit,
"These arms of mine".

RTJ :Vous avez enregistré votre album live le 31 décembre 1972 à la Nouvelle Orléans. Quels souvenirs en gardes-tu ?
Raconte-nous les détails.

RICK HIRSCH :Oh bien sûr, mais tout n'est pas racontable. Nous étions probablement inconscients à l'idée de ce concert et de se retrouver sur cette scène (le Warehouse, dans Tchoupatoulis Street). On était à cette époque très sûrs de nous-mêmes. On était très heureux d'être là : la meilleure ville du monde, la meilleure nuit de l'année, on partageait l'affiche avec le meilleur groupe qui soit, les Allman Brothers Band. Rien ne pouvait mieux se dérouler. Je crois que l'énergie que nous avions s'est traduite dans notre musique ce soir là, on m'en a tellement parlé… Jaimoe, des Allman Brothers Band, est venu jouer des percussions sur "Red Hot Chicken". Aviez-vous le même esprit "jam band" ? Je ne pensais pas qu'il allait faire ce qu'il a fait. Il adorait le style de jeu de Lewis Ross et ils se sont vraiment éclatés.Je ne pense pas que l'on puisse nous comparer aux Allman Brothers Band.
A part un ou deux titres, on ne "partait pas" pour delongues improvisations. Ceci dit, tu as ou tu n'as pas cet esprit. Je pense que ce soir là, avec Jaimoe, l'esprit y était.

RTJ :A ma connaissance, votre seule apparition TV remonte à 1973, pour l'émission " Don Kischner Rock Show"?
Sais tu s'il y en a d'autres ?

RICK HIRSCH :En fait, on a fait pas mal d'émissions TV dans les années soixante-dix, Don Kirschner, Midnight Special,
et American Bandstand, pour n'en citer que quelques-uns. La seule qui subsiste encore de nos jours est "Saturday night", produite par Steve Binder à Macon. Je dois avoir des bandes quelque part.

RTJ :Comment était Jimmy Hall sur scène ? statique ?

RICK HIRSCH :Statique ? Pas du tout, c'est un des mecs les plus dynamiques sur scène que je n'ai jamais vu.
Il attire toujours l'attention du public, une véritable pile électrique.

RTJ :"Keep on smilin'" a été produit par Tom Dowd, qui avait travaillé avec Eric Clapton et Allman Brothers Band.
Comment l'avez-vous rencontré ?

RICK HIRSCH :Ca s'est fait par l'intermédiaire de Frank Fenter, après que Tom ait eu fini les sessions avec les Allman
et Derek and the Dominoes.

RTJ :Comment avez-vous décidé de travailler avec lui ?

On a eu l'honneur qu'il accepte de travailler avec nous. Comme je dis souvent, je n'ai rencontré que deux génies dans ma vie,
Tom était un des deux.

Comment s'est déroulé le travail avec Tom Dowd ?

RICK HIRSCH :Très organisé. Il est certainement un des producteurs les plus intéressants avec qui il m'ait été donné de travailler ces trente dernières années. Il savait très rapidement comment régler un problème.

RTJ:Vous avez eu un tube avec un titre reggae. Ecoutiez-vous ce genre de musique à l'époque ?

A part les Wailers, on en écoutait très peu. Ce titre, "Keep on smilin'" a en fait été plus influencé par Van Morrison et Donny Hathaway. Je sais, cette réponse peut paraître bizarre, mais c'est réellement le cas.

RTJ :Parle-nous du titre "Everything that cha do". Qui a fait les arrangements ?

RICK HIRSCH :C'était un de mes morceaux. Il était pratiquement fini lorsqu'on l'a enregistré. La version qui est sur "Wetter the better" est la première prise. Seules les cordes ont été enregistrées par la suite, si mes souvenirs sont bons.
On l'a joué une fois et a été enregistrée telle quelle.

RTJ :Quel genre de matériel utilises-tu (guitares, amplis…) ?

RICK HIRSCH : Je suis assez traditionnaliste dans mon choix d'équipements, Les Paul, Stratocaster, Telecaster, amplis à tube et quelques effets. Mes deux guitares principales sont une Les Paul Sunburst 59 et une Fender Stratocaster 63.
Je dois avoir une bonne vingtaine de guitares (acoustiques et électriques) ainsi que quelques très belles mandolines.
Côté amplis, j'ai quelques modèles Fender et Ampeg (utilisé sur "Drippin' wet"). Sur scène, j'utilise un Mesa Boogie 73 que j'ai acheté à Randy Smith il y a une trentaine d'années. Il a subi quelques transformations puisque tous les composants ont été transférés dans un nouveau châssis, il y a quelques années.

RTJ :Parle-nous de ta carrière musicale depuis ton départ en 77 ?

RICK HIRSCH :J'ai quitté Wet Willie à la fin 76. J'avais eu l'opportunité de faire partie d'un groupe que Greg Allman avait monté alors qu'il était avec Cher. J'ai alors déménagé à Los Angeles, où j'habite toujours d'ailleurs. Par la suite, j'ai enregistré et tourné avec Joan Armatrading, Bonnie Raitt, Bonnie Bramlett, et Billy Vera and the Beaters. J'ai toujours continué à écrire des morceaux dont certains ont été notamment repris par Alabama ou Bonnie Raitt. Mais mon activité principale a été d'écrire des jingles et des films d'animation (NBC Sports, ABC Sports, ESPN, par exemple), au travers de mon studio (In Sync Music) que j'ai construit en 1987. J'ai eu la chance de toujours pouvoir vivre grâce à la musique.
C'est un peu sommaire comme résumé de carrière mais je ne trouve pas très intéressant de lister tout ce que j'ai fait en détail.

Y a t'il eu des tentatives de re-formation dans les années 90 ? avec ou sans Jimmy Hall ?

RICK HIRSCH :Wet Willie a été intronisé par le Alabama Music Hall of Fame en mars 2001. On s'est reformé pour l'occasion et on a passé un très bon moment. Etaient présents tous les membres originaux, ainsi que tous les gens qui sont passé dans le groupe. J'adore ce genre d'événement et j'espère pouvoir le refaire dans le futur. Il me semble que le groupe actuel soit en cours de préparation d'un nouvel album.

RTJ :Y a t'il une chance de revoir Wet Willie sur scène ?

RICK HIRSCH :Le groupe actuel tourne toujours principalement dans dans le sud-est des Etats-Unis. Jimmie Hall
est de temps en temps présent.

RTJ :Quels sont tes projets actuels, et futurs ?

RICK HIRSCH :Je suis en train d'écrire la bande originale d'un film et je devrai partir en tournée avec David Gates
de Bread.

RTJ :Dernière question. Si tu devais partir sur une île déserte, quel album emporterai-tu avec toi ?

RICK HIRSCH :Question difficile…certainement " In A Silent Way" de Miles Davis, je ne m'en lasse pas.

Interview : Archi
Traduction : Dominique TURGOT

RICK HIRSCH de WETT WILLIE
Interview : Archi / Traduction : Dominique TURGOT